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Critique de Kirzy


Grégory parcourt les zones de conflit comme infirmier sous l'égide du CICR, le Comité international de la Croix-Rouge. Il soigne des blessés quel que soit leur camp, vaccine les enfants, réconforte comme il peut, aide à la réfection des centres de santé. En Tchétchénie, il rencontre Zina et son fils Anton, tombe amoureux et les ramène en France.

C'est mon premier roman de Karine Giebel. Je m'attendais à un polar ou un thriller. On est plutôt dans un roman noir psychologique qui voit se déchaîner de puissantes émotions emportant tout sur leur passage, lecteur compris. L'autrice compose une fresque complète de la barbarie humaine. de la Bosnie-Herzégovine jusqu'à l'Aghanistan, en passant par le Rwanda, la République démocratique du Congo ou la bande de Gaza, elle restitue avec une énergie propulsive le travail de la Croix-Rouge internationale. L'hommage est magnifique pour ces hommes et femmes qui travaillent dans l'abnégation, le dévouement et le courage. J'applaudis le passage en RDC mettant en scène le prix Nobel de la Paix Denis Mukweke, chirurgien-gynécologue qui répare les femmes victimes de mutilations génitales, quel homme !

En fait, tout repose sur trois personnages que Karine Giebel accompagne jusque dans leurs ultimes retranchements. On les suit de 1992 à 2010, ce qui permet à l'autrice de les faire évoluer sur le temps long. Tous les curseurs sont poussés à l'intensité maximale et avec eux, on traverse toutes les émotions, de la rage au désespoir, de l'espoir d'une résilience à la colère de sentir peser sur eux une fatalité qui semble implacable.

« Inutile de dire à ce psychiatre qu'il plonge en enfer toutes les nuits depuis des années. Qu'Ilunga l'interpelle du fond de sa tombe dès qu'il ferme les yeux. Inutile de lui confier qu'une cohorte de cadavres le suit à la trace. Qu'il les croise sur le bord des chemins et des toutes, dans son jardin et même dans le miroir de sa salle de bains. »

Il y a Grégory. Denis Mukwege lui dit qu'il a le don de transformer sa souffrance en force « comme un alchimiste transformerait le plomb en or ». Et il souffre sacrément. Chaque mission lui est nécessaire pour survivre, pour trouver un sens à une vie personnelle marquée par un terrible drame, comme une drogue. Chaque mission apporte son lot de violences, laisse une cicatrice indélébile qui se rajouter à celles laissées par les précédents, alors même que la plaie initiale qui ronge Grégory refuse de cicatriser.

D'autant qu'avec lui, vivent en France Zina et Anton qu'il a adopté. Zina est un superbe personnage de femme forte et dure, énigmatique aussi. Anton est lui un personnage marquant, enfant lourdement traumatisé par la guerre en Tchétchénie que l'on voir grandir.

Le tome 1 de cette duologie se nomme Blast, mot qui désigne l'effet de souffle d'une explosion sur l'organisme. Karine Giebel ne pouvait trouver mieux. Même si on n'est pas dans un pur thriller, la tension est là, impeccablement construite. On la sent monter au fur et à mesure de l'avancée du récit. Il enveloppe la narration, oppresse tant tout peut basculer d'un côté comme de l'autre. Les mots de l'autrice laissent tout voir et ressentir mais laissent planer un suspense qui garde ses mystères.

Qui peut être sauvé ? Grégory ? Zina ? Anton ? Aucun ? Tous semblent être de possibles bombes à retardement au bord de l'implosion pour peu que quelqu'un appuie sur le détonateur. Les lésions induites par l'onde de choc que l'autrice a imaginée peuvent-elles guérir ou s'aggraver ? Et bien, j'ai hâte de connaître la suite de l'histoire, sortie prévue du tome 2 en automne 2024, c'est frustrant ...

PS : par contre, faut arrêter de mettre des têtes de loup partout sur les couvertures ... même si l'homme est un loup pour l'homme, hein.





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