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Peu de communication à la sortie, peu de publicité après coup : ce roman graphique m'est tombé dans les mains au hasard de l'allée d'une librairie qui le mettait en valeur.

Si nous connaissons beaucoup de choses de la vie de Victor Hugo, « Aux frontières de l'exil » nous invite à nous pencher sur cette figure française en proie aux doutes de l'exil, à la fin de sa vie. Au scénario, Esther Gil mise sur une intrigue mi-fantastique mi-enquête politique qui permet de plonger dans la culture française du XIXe siècle ; tandis qu'au dessin, Laurent Paturaud opte pour un sobre réalisme aux décors nuageux qu'il avait déjà rôdé sur des albums comme Succubes.
Comme nous débutons cette histoire avec un Victor Hugo déjà âgé et en exil à Jersey/Guernesey, en 1852, le climat politique est tendu et profondément sujet à intrigues croisées. Entre les personnages, les décors et ce contexte politique et social, les auteurs font preuve d'une relativement grande justesse historique. Les débuts m'ont fait peur, je l'avoue, à trop voguer sur la mer trouble des délires fantastiques de Victor Hugo après la mort de sa fille, Léopoldine. Toutefois, l'enquête mise en route, nous retrouvons un ton sympathique et très référencé. C'en est même jouissif pour les auteurs de placer ça et là des allusions le moins voilé possible aux oeuvres les plus connues de Victor Hugo, monument de la littérature française. On en verrait presque des allusions aux Contemplations, voire des citations complètes, à chaque case de chaque planche !
Pour revenir à ce qui m'a tiré l'oeil en premier en voyant ce roman graphique, l'objet est de qualité. Les dessins sont vraiment magnifiques et font authentiques, vrais tout simplement, sans fard ou effet de style voilant. de plus, nous en avons pour une centaine de pages en tout : si seulement toutes les BD franco-belges pouvaient être de ce calibre en quantité comme en qualité ! Les choix des auteurs, s'ils ne sont pas tous heureux, sont parfaitement justifiés dans le dossier historique explicatif à la fin du volume.

Une histoire divertissante sur un monument français sous la forme d'un objet de qualité. Tout n'est pas parfait, mais nous retrouvons avec plaisir les mots et l'esprit de Victor Hugo.

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Après l' « Olympe de Gouges » de Catel et Bocquet, voici « Victor Hugo, aux frontières de l'exil » de Gil et Paturaud.
Un récit qui reprend l'histoire lorsque Victor Hugo est exilé (pas fiscal mais politique) sur l'ile de Jersey. Inconsolable depuis la mort par noyade de sa fille Léopoldine, Hugo décide de rejoindre la France pour percer le mystère de sa disparition.
On découvre un Hugo, prêt à prendre tous les risques pour soulager un temps soit peu sa conscience. Cet état obsessionnel occasionne malentendus et rancoeurs au sein même de son entourage, l'incompréhension et la colère légitime de son autre fille Adèle en étant le symbole. On y croise aussi de nombreux personnages : Napoléon III, le baron Haussmann, le célèbre Vidocq ou l'insouciant Gavroche.
L'ensemble tout en gardant le cap de l'enquête rend parfaitement l'ambiance de cette époque ou intrigues et complots sont légions.
La vraie bonne idée du roman, c'est de mêler vérité historique et ajout fictionnel. Un récit dense vraiment captivant magnifiquement mise en valeur par les dessins très réalistes de Laurent Paturaud. Des couleurs chaleureuses qui donnent une belle densité à l'ensemble.
Vous l'aurez compris, encore une bonne pioche BD.
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« Demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne… »

Victor Hugo a écrit ce poème trois ans après le décès de sa fille chérie, Léopoldine. C'est le texte que je préfère de cet écrivain dont je salue le travail… En revanche, je ne peux pas en dire autant de l'homme, du père, de l'époux… Et ce superbe album n'a fait que me conforter dans mes convictions. Certes, Hugo éprouvait un amour inconditionnel pour sa fille mais en avait-il autant pour Adèle mère et fille ? Peut-on expliquer ces trois ans sans être allé sur la tombe de la moitié de sa vie ?

Esther Gil fait jouer ici son imagination, à travers des éléments réels qu'elle réunira à la fin de l'album, pour évoquer la fin mystérieuse de Léopoldine et l'enquête menée par son père. Elle fait un clin-d'oeil à l'attirance d'Hugo pour le spiritisme, point de départ de toute l'histoire. On notera également les références aux Misérables. On voyage entre Jersey et le Paris du XIXe siècle tout en restant dans son fauteuil. Les dessins sont superbes et évoquent bien le romantisme d'un côté, le Paris bruyant et grouillant de l'autre.

J'ai vraiment adoré cet album qui peut tout à fait se lire comme un polar.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Léopoldine est morte, il y a dix ans, noyée dans la Seine avec son mari Charles Vacquerie.
Victor Hugo, en exil à Jersey, est toujours inconsolable.

Et si l'exilé politique osait braver l'interdit de remettre le pied en France et faire le voyage jusqu'à Villequier pour mieux comprendre ce qu'il s'est passé ce jour-là ?

C'est ce pèlerinage que l'auteur de cette BD imagine et nous raconte.
S'appuyant sur de véritables faits et personnages historiques, il nous emmène sur les pas de Victor Hugo.
Au-delà d'un scénario mené comme une enquête, c'est surtout les nombreuses facettes du grand homme qui nous sont dévoilées : père meurtri par la mort de sa fille chérie, poète romantique, père égoïste selon les dires de son autre fille Adèle, exilé politique, époux et amant infidèle, papa de Gavroche, mais aussi, toujours, cette âme incroyablement généreuse et ardent défendeur des "misérables".

Si cet album rend évidemment un brillant hommage à l'auteur de "Demain dès l'aube" il nous plonge également au coeur d'un dix-neuvième siècle houleux, riche en événements politiques et en personnages emblématiques, tel Vidocq, qui inspira à notre cher écrivain les personnages de Jean Valjean et de Javert.


Graphiquement, cette BD aux couleurs sépia est de toute beauté. Et que dire des esquisses laissées en cadeau au lecteur ? Tout simplement qu'elles sont magnifiques !

Voilà une Bd qui donne une furieuse envie de relire Hugo et encore Hugo !
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« Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. » Qui ne connaît pas aujourd'hui ces vers écrits de la main du célèbre Victor Hugo ? On le savait poète, romancier, ardent défenseur de la liberté et de la justice, farouche opposant de Napoléon III, on le découvre ici père éploré suite au décès en 1843 de l'une de ses filles, Léopoldine, morte noyée dans la Seine alors qu'elle n'avait que dix-neuf ans. de toutes les facettes de l'écrivain évoquées dans cet ouvrage, c'est bien sur la dernière qu'entend insister Esther Gil qui fait ici le choix de privilégier la thèse du crime en ce qui concerne le drame de Villequier. Et si la mort de Léopoldine n'était pas accidentelle ? Et si Victor Hugo était sorti de son exil à Jersey pour mener l'enquête à Paris ? Et surtout, comment l'auteur, ardent défenseur de la peine de mort, aurait-il réagit face à la révélation de l'assassinat de sa fille ? L'idée est intéressante et le résultat remarquablement réussi.

Car bien au-delà d'une simple enquête ou d'un documentaire sur la vie de Victor Hugo, l'ouvrage nous offre une très belle reconstitution de l'Europe du milieu du XIXe siècle : le règne de Napoléon III depuis son coup d'état de 1852 et le régime de censure et de répression mis en place sous le Second Empire ; l'essor du spiritisme, venu tout droit d'Amérique ; l'affaire Tapner et la lutte de Victor Hugo à l'encontre de la peine de mort ; la vaste entreprise de rénovation urbaine de Paris lancée par l'empereur et le baron Haussmann... Avec minutie et talent, Esther Gil et Laurent Paturaud nous dressent un portrait complet et captivant de cette époque fascinante et du rôle qu'y a tenu Victor Hugo. En toile de fond, c'est également l'écriture de l'un des plus grands classiques de l'auteur qui se devine, celle du fameux roman « Les Misérables », portrait sans fard de la vie dans le Paris du début du XIXe siècle et vive dénonciation de la pauvreté. On reconnaît ainsi sans mal dans l'ouvrage les quelques éléments qui auront sans doute inspiré l'auteur : le petit Gavroche, les tentatives de révolutions lancées par quelques jeunes idéalistes républicains, les personnages de Javert et Jean Valjean, que l'on devine derrière les traits de Vidoq...

Autre atout de cette bande dessinée : des graphismes magnifiques, notamment en ce qui concerne les personnages qui bénéficient d'un traitement particulièrement soigné. Tout juste pourrait-on reprocher au dessinateur la trop forte ressemblance entre toutes les femmes de l'album que l'on en vient parfois à confondre (c'était d'ailleurs déjà le cas dans le premier volume de « Succube » consacré aux premières heures de la Terreur). La présence à la fin de l'album d'un dossier intitulé « De la réalité à la fiction » est également un plus indéniable qui permet à l'auteur de fournir quelques informations supplémentaires concernant le contexte historique et les personnages réels évoqués dans l'ouvrage (le chef de la Sûreté de Paris Vidoq, Tapner, les frères Vacquerie, les amantes de Victor Hugo...), et même de proposer des extraits de lettres ou autres textes écrits par Victor Hugo, certains de ses poèmes (dont évidemment « Demain, dès l'aube ») ou encore des coupures de presse consacrées au drame de Villequier.

« Aux frontières de l'exil » est album remarquablement réalisé qui rend un bien bel hommage à cet auteur de génie que l'on découvre ici sous toutes ses facettes. Que vous soyez de grands connaisseurs de Victor Hugo et de son oeuvre ou que vous souhaitiez au contraire parfaire vos connaissances sur le sujet, dans les deux cas cet album ne manquera pas de vous satisfaire.
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" A ceux qui hantent nos mémoires"; pour Victor Hugo ça sera celle de sa fille morte trop tôt, trop jeune; il n'aura de cesse de la retrouver , y compris lors de séances de spiritisme. Douleur d'un homme, d'un père qui écrira son plus beau poème ( pour moi) en son honneur mais aussi pour garder une part d'elle auprès de lui: "Demain, dès l'aube".
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L'image de couverture fait référence aux peintures romantiques de Caspar David Friedrich, c'est ce qui m'a attiré vers cette bande dessinée, mais j'ai très vite déchanté. Dès les premières pages, le graphisme paraît beaucoup plus raide, figé, la colorisation n'est qu'un simple coloriage poussif et laborieux, l'ensemble manque de vie, de caractère, les personnages semblent amorphes comme dans des vieux romans photos. Et très vite, l'histoire prend une dimension mystique avec cette scéance de spiritisme un peu ridicule et les dialogues en tentant de coller avec l'esprit XIXe siècle sont empesés et appuient encore plus l'aspect raide du graphisme. J'ai été tenté d'abandonner là. Je n'aime pas abandonner un livre dès le début, je me suis forcé. Il y a quelques éléments qui limitent les dégâts, le lien à l'histoire est plutôt bien documenté et apporte un brin d'intérêt au récit. Aux récits je devrais plutôt dire, il y deux histoires dans l'histoire, celle en lien avec sa fille décédée, je pense que le poème, cité dans la bande dessinée, “Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je partirai…” suffit à lui même pour exprimer tant de chose, que le fait de broder là dessus est à la limite du sacrilège, je n'ai pas aimé cette partie de l'histoire, et l'enquête n'est pas très approfondie. D'un autre côté, il y a l'affaire de la condamnation à mort de Tapner, plus intéressante, mais du coup trop vite racontée, elle passe en second plan alors qu'il y aurait bien plus de matière. Bref, je trouve que cette bande dessinée passe à côté de son sujet, ni belle, ni passionnante, passons à autre chose.
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Parmi les étagères de ma librairie favorite, j'ai été immédiatement attirée par ce bel ouvrage, « Victor Hugo, aux frontières de l'exil », l'image si romantique du poète sur son rocher contemplant la mer…

Nous sommes en 1853, opposant au régime de Napoléon III, Victor Hugo est alors exilé à Jersey, inconsolable depuis que sa fille Léopoldine est morte noyée 10 ans auparavant. Accidentellement ? Rien n'est moins sûr… Au cours d'une séance de spiritisme, Victor Hugo voit apparaître sa fille qui lui fait une bien étrange révélation. Il ne lui en faut pas plus pour vouloir faire toute la lumière sur cette affaire, lui qui a appris le décès de sa fille et de son gendre cinq jours plus tard alors qu'il était en voyage avec sa maîtresse. Seulement pour cela, il doit se rendre sur le continent, sur les lieux même du drame et courir le risque d'une arrestation.

C'est un récit à plusieurs niveaux, à l'enquête menée par le Poète, qui l'entrainera dans les bas-fonds de la capitale, les auteurs, Esther Gil au scénario, et Laurent Paturaud pour les illustrations, nous immergent aussi dans les secrets du cabinet de Napoléon III. L'empereur déploie de nombreux espions, le célèbre Vidocq reprend du service, pour tenter de déjouer les complots anarchistes. Haussmann présente son plan des transformations de Paris, afin d'assainir certains quartiers et éviter les insurrections. La réalité se mêle à la fiction tout au long de cette bande dessinée, à la fin de l'album, un petit dossier graphique, se charge de clarifier tout ça. Les dessins sont superbes, parfois on dirait un qu'un voile de mystère vient se poser, ils sont classiques, élégants, même si j'ai eu du mal à clairement différencier les personnages féminins, qui se ressemblent toutes étrangement. L'éditeur Daniel Maghen est aussi galeriste, les illustrations de Paturaud peuvent être consultées sur le site de l'éditeur ou à la galerie.

Gil et Paturaud s'emparent avec brio d'un épisode tragique de la vie de Victor Hugo, mais le traite de manière originale pour en faire le portrait d'un homme blessé, très engagé politiquement, ennemi de l'Etat, et génial homme de lettres.

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Au niveau du contenu, j'ai été un peu déçue par cet album qui ne raconte finalement que 2 épisodes de la vie de Victor Hugo (la mort de Léopoldine et son intervention en faveur de JC Tanner) et parle peu de son oeuvre littéraire.
Néanmoins, je mets 4 étoiles car les dessins sont superbes, et le carnet final est très riche tant au niveau du graphisme que du rappel du contexte.
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Aux frontières du réel.
La petite cinquantaine atteinte, Victor Hugo se morfond d'autant plus en exil sur l'île anglo-normande de Jersey que depuis dix ans déjà il souffre de la perte de Léopoldine, sa fille chérie morte noyée dans une boucle de la Seine, à Villequier, en Normandie. Incapable de faire le deuil, après une séance de spiritisme pendant laquelle il a cru voir le fantôme de Léopoldine réclamer justice, Hugo décide de rentrer en France malgré les interdits politiques et de mener l'enquête, d'abord à Villequier, puis à Paris.
D'un grand format qui rend justice aux belles planches lumineuses de Laurent Paturaud, l'album redonne vie au grand poète français en centrant son intrigue sur la disparition de Léopoldine qui reste énigmatique. Esther Gil s'est évertuée à rendre plausible une histoire imaginaire en l'arquant sur une intrigue policière. Des références explicites aux Misérables parsèment le périple de Victor Hugo. L'oeuvre du couple Gil et Paturaud est référencée (Friedrich et son Voyageur contemplant une mer de nuages en couverture, Millais et son Ophélie, etc.) et extrêmement documentée. Si la bande dessinée ressemble à une succession de tableaux du XIXe siècle, elle n'en respecte pas moins les codes narratifs du média. Une indéniable aura émane de l'ensemble. Les femmes et amantes du poète rayonnent de sensualité. le cahier graphique et le carnet d'esquisses en fin d'album permettent d'apprécier encore davantage le sérieux de l'entreprise et la beauté du trait du dessinateur.
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