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Citations sur Ma fille voulait mettre son doigt dans le nez des aut.. (15)

Au moment où nous passons devant un Zara,deux clientes en sortent ,dont l'une présente des signes indiscutables de nanisme.Pas une femme plutôt petite ,non une vraie naine,au sens médical du terme.Cette dernière descend les quelques marches du perron et te croise.
Habituellement, quand tu nous prépares un coup de Trafalgar ,tu marques un round d'observation ,tu lances une sommation ,des signaux avant-coureurs enfin tu préviens.
Mais là, rien.
L'attaque sera foudroyante.D'une précision chirurgicale.Le prédateur qui ne laissera aucune chance à sa malheureuse proie.
La naine passe à ta portée. Tu es certainement étonnée de croiser une adulte qui fasse ta taille,alors sans prévenir, tes doigts ,semblables aux crochets d'un cobra se plantent dans les narines de ta victime.
Schlac !
La pauvre effectue un saut de cabri en criant.Sa copine beugle également . C'est du flamand,je ne comprends rien.Je me précipite, te prends par la main.Je ne cherche même pas à m'excuser,je cours en te traînant. Je n'ose pas me retourner.Honte.colère. Tristesse.
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LES ROIS DU MONDE

Ce qui nous fait le plus mal,les moments où notre coeur se serre à nous étouffer, c'est quand tu nous demandes quand tu ne seras plus autiste.Combien de temps ça va encore durer.
Il faut faire preuve de calme,de pédagogie de douceur.T'expliquer,encore et encore,que ton autisme n'est pas une maladie.Que c'est un handicap dont tu ne te débarrasseras jamais,mais que nous ferons tout pour que tu apprennes à vivre avec.
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Je n'ai pas tout compris ce que les gens disaient dans l'article,mais j'ai reconnu des mots.Et j'ai regardé dans mon dictionnaire le sens des autres.J'ai appris ce que 《suicide》 voulait dire,parce que dans l'article il y avait un monsieur qui disait qu'il avait Asperger comme moi et qu'il était tellement honteux et fatigué qu'il allait se suicider.J'ai trouvé ça très drôle. Comme ça ,on n'éprouve plus ce nouveau sentiment que je n'aime pas ,la honte......
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Retour dans la voiture. Je m'attends au pire, ferme les yeux et souffle :
- Gabrielle, qu'est ce qui s'est passé, qu'est ce que tu as fait de mal ?
- Ben rien, c'était trop drôle.
- Qu'est ce qui était drôle ?
- Le prof nous a mis deux par deux, et on a dû s'allonger.
- Les combats au sol, oui, je connais. Et alors ?
- C'était super marrant, on s'est senti le cul !
- Quoi ?
- Ben oui, on se sent le cul à chaque fois !
- Mais non, vous ne vous sentez pas le... Gabrielle, ce sont des exercices au sol, comme quand on fait la bagarre sur le lit pour de faux.
- Ah non, là, on se sent le cul !
- Mais... et tu l'as dit au prof ?
- Oui. Dès qu'on s'allongeait, j'éclatait de rire et je criais : " on va se sentir le cul !", et ça faisait rigoler tour le monde.
J'ai dû mourir de honte, et n'ai même pas osé retourner voir le prof pour m'excuser. Mais il y a quelques jours, alors que nous étions avec ton frère et ta sœur dans la voiture, je t'ai rappelé cette histoire que tu avais oubliée. Nous en avons tous les quatre pleuré de rire.
Finalement, il était bête ton prof. Se mettre des planchettes japonaises, des balayettes et des tartes sur le museau à longueur de séance pour s'intégrer, c'est dépassé. Mais se sentir le cul, pour mieux faire connaissance, c'est ce qu'on devrait tous faire, c'est toi qui a raison.
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Ma fille, comme beaucoup d’autistes, tu détestes le contact physique. Tu ne veux pas qu’on te touche. « C’est MON corps ! » aimes-tu à répéter quand tu te soustrais à nos caresses. Du coup, pour les câlins, les embrassades, les bagarres, c’est niet. Nada. Peau d’balle.

Je ne me plains pas, tu sais. Je me suis fait une raison. Et puis ta sœur et ton frère, eux, ne sont pas avares de tous ces moments de complicité, au contraire. On se met sous la couette devant la télé, on joue au karaté-pour-rigoler, au gorille-qui-pète, ils me grimpent sur le dos, s’agrippent à mes bras, on se marre bien.
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Sinon, il y a la piscine. Tu as toujours adoré l’eau. Une fascination presque hypnotique. Du reste, je te rappelle que tu me dois toujours un téléphone pour la fois où j’ai dû plonger tout habillé pendant les vacances. Tu avais décidé de sauter dans l’eau sans tes brassards. Tu avais huit ans.

L’eau te calme, t’apaise, te transforme. Quand nous sommes à la piscine, étrangement, tu te rapproches, tu viens dans mes bras, tu me regardes les pupilles ou les narines, tu me sors une ou deux bêtises, mais on est bien.

On devrait y aller plus souvent. Mais tu sais, cette fichue maladie de peau qui fait que je n’ose plus me montrer dévêtu, cette maladie qui, bizarrement, est apparue quand on a diagnostiqué ton autisme, elle m’en empêche. Encore le regard des autres. Je n’arrive pas à en faire abstraction. J’en suis désolé, Gaby…
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J’ai compris à cet instant que ma vie serait ainsi : une succession de gênes et de tracas contrebalancés par des moments de complicité et de superbe incongruité.
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Ces pauvres petites fleurs de misère, tantôt j'ai le coeur qui saigne à les regarder en cachette, tantôt j'ai envie de les baffer quand ils viennent baver ou étaler leur morve sur mon pantalon, mais ce sont mes potes.
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C'est ça aussi l'autisme, ce handicap social que nous oublions trop souvent. L'incapacité à soutenir un regard, cette prison dans laquelle vous êtes enfermés, ces parois de verre que vous ne pouvez franchir dans le cadre d'une communication dite normale. Vous êtes là, à côté de nous, mais pas forcément avec nous.
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Au cœur du problème, pour justifier ses troubles, je répétais jusqu’ici que Gabrielle était Asperger. C’est sympa comme mot, Asperger, ça évoque quelque chose aux gens, on en voit à la télé, on en parle à la radio… C’est tendance, alors je surfais sur la vague, c’était plus simple. Mais en réalité, le « spectre autistique » est un tel fourre-tout que j’ignore dans quel profil elle se situe. Tout ce que je sais avec certitude, c’est que sa souffrance est croissante, et qu’avec son mal-être se manifestant avec toujours plus de violence, ce sont des années de souvenirs enfouis qui me submergent, de peurs refoulées, de frustrations tues pendant trop longtemps, de témoignages d’amour que nous n’avons pu échanger, de choses qui n’ont jamais été et ne seront jamais
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