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Critique de berni_29


Un de Baumugnes est un roman de Jean Giono tout simplement façonné d'amour et de fraternité.
C'est un récit qui m'a pris au ventre, l'ouvrant et posant mon coeur dedans.
Il s'agit du deuxième volet de la trilogie de Pan, je vous avais chroniqué il y a quelques mois le premier volet, Colline, vous vous en souvenez ?
Un de Baumugnes est avant tout pour moi une histoire d'amour dans le monde rural du début du XXème siècle et c'est touchant, c'est beau à pleurer.
Récit bref en si peu de pages, il est écrit dans le style inimitable, parfois abrupt de Giono, surtout dans la période où il écrit ce récit.
Avec Un de Baumugnes, ici il est question d'hommes et de femmes de la terre, du terroir même, qui vivent dans le respect de la nature. Pas de mise à mort d'animaux ici, pas de meurtres… le seul fusil convoqué ne tirera jamais.
Le début du récit est rude.
Le narrateur est Amédée, ouvrier agricole qui loue ses bras de ferme en ferme. C'est donc par sa voix, son oralité et sa rusticité, que l'histoire nous est contée. Ah ! Comme j'ai adoré ce beau personnage qu'est Amédée...
Alors qu'il boit un verre dans une taverne, Amédée fait la connaissance d'Albin, également ouvrier agricole, qui lui fait part de ses remords : alors qu'il travaillait au champ avec un certain Louis, compagnon aux moeurs douteuses, il a rencontré la plus jolie et la plus séduisante des jeunes femmes, Angèle, dont il est tombé amoureux. Albin était trop timide pour l'aborder, au contraire de Louis qui l'a séduite et a fini par l'emmener à Marseille où il l'a prostituée. Après avoir écouté la confession d'Albin, Amédée décide de l'aider à retrouver la femme qu'il aime, aussi, décident-ils qu'Amédée se fera embaucher à la Douloire, la ferme des parents d'Angèle, pendant qu'Albin l'attendra dans une ferme d'un village voisin.
C'est là que tout démarre et c'est là que tout devient beau...
C'est la quête éperdue de quelque chose qui ressemble au départ du voyage à un impossible amour.
Un de Baumugnes, ce sont les yeux plongés dans les étoiles et les doigts pris dans la terre. Comme à chaque fois, dans les romans que j'ai pu lire de Jean Giono, les personnages font corps avec la nature qui les accueille, les berce, les fait travailler aussi, exister, donner sens à leurs vies. Les relations avec ces personnages sont parfois rudes comme le décor qu'ils habitent et qui les habitent aussi, il y a simplement une harmonie qui se lit dans les mots de Giono.
Vont-ils réussir ? Ne pas réussir ? Qu'importe ! L'essentiel est le chemin que nos deux héros vont entreprendre... Et quel chemin !
Dans les mots de Giono, j'ai senti leur envie, leurs doutes, leurs respirations, leurs gestes parfois gauches, toujours chaleureux.
Un air d'harmonica au milieu de la nuit est sans doute un des plus beaux passages du récit, car les mots de Giono nous permettent vraiment d'entendre cette musique, envoyée davantage comme un message qu'une mélodie...
Toujours chez Giono la nature parle, prends corps, le vent de la montagne devient une voix, le vol des perdrix devient le geste d'un semeur qui se prolonge dans le ciel, le bruit d'un pas sur un chemin n'est-il pas une respiration de plus dans le paysage ?
Ici la nature aide Amédée et Albin dans ce voyage, la nature les aide, seuls d'autres hommes jaloux, méchants, pervers, sont prêts à entraver ce chemin du bonheur. Idyllique cette vision, me direz-vous ?
Peut-être, ou peut-être pas au fond...
Ce roman est simplement magique.
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