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Critique de CDemassieux


« L'homme n'est la matière première que de sa propre vie. Je refuse d'obéir »… Cri d'un homme qui a rencontré l'enfer terrestre : Jean Giono

Giono, auquel on reprochera le pacifisme jusqu'au-boutiste lors de la Seconde Guerre mondiale au point le lâchement l'accuser de collaboration avec l'ennemi, livre d'abord un plaidoyer contre la guerre qu'il a faite.

Mais la guerre, pour Giono, n'est qu'un moyen de servir un ogre qu'il n'hésite pas à désigner : « L'état capitaliste a besoin de la guerre. C'est un de ses outils. On ne peut tuer la guerre sans tuer l'état capitaliste. »

De là le goût passionné de Giono pour la Nature et ses rythmes. Car la Nature, il l'oppose à l'industrieux capitalisme, qui produisit les canons massacrant ses camarades d'infortune.

Suivent des chapitres inédits du Grand troupeau – récit de guerre effroyablement visuel. Dans l'un de ces chapitres, on lit cette phrase traduisant tout l'épuisement de ces hommes perdus : « Ils sont là plus de vingt qui, d'instinct, marchent du même pas parce que cette cadence aide, parce qu'ainsi on n'est plus seul, on est tous les vingt à porter son poids et sa peine et, à vingt, c'est plus léger. »

Plus loin :
« ––Qu'est-ce que c'est ça ? demande Olivier.
––Ça quoi ?
––Cette ville ?
––Verdun, fait Doche.
––L'abattoir, dit Marroi. »

Un autre extrait : « On entend les vers qui mangent dans la poitrine du coureur mort. » Et l'on songe aux copains disparus de Giono : « Vos visages sont dans les brumes, vos voix sont dans toutes les saisons, vos gémissements dans toutes les nuits, vos corps gonflent la terre comme le corps des monstres gonfle la mer »…

Ces chapitres inédits du Grand troupeau suintent la peur ; la peur naturelle, humaine, de mourir. Sauf pour un général qui passe, dans son auto, avec l'indifférence de celui qui ne se bat qu'avec des cartes d'état-major : « Il ne regarde pas les soldats », ces soldats qui subissent jour et nuit « le hurlement de toute cette terre en transe ».

« de la cervelle d'homme sur une jante de roue » ; celle d'un autre mort ressemble « à un champignon blanc dans les cheveux ». Giono ne raconte pas une histoire, il décrit le réel d'une guerre qu'il a faite. Enfin, le cri déchirant : « C'est pas pour ça qu'on a été créés »…
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