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Critique de thedoc


thedoc
18 décembre 2023
Coup de coeur.

Charlotte Davis, 17 ans, est internée depuis six jours dans la clinique Crewley, Minnesota. Couverte de blessures, mutique, elle ne se souvient pas comment elle est arrivée là.
A Crewley, on soigne les jeunes filles qui, comme elle, se font du mal pour se soulager. Scarifications, brûlures,… les blessures physiques des patientes sont impressionnantes mais souvent bien moins que leurs blessures mentales. A 17 ans ans, la jeune vie de Charlie est déjà une succession de nombreux drames. Des drames qui sont tout autant de cicatrices que la jeune fille s'inflige pour tenter d'apaiser sa souffrance.
A sa sortie, Charlie prend un nouveau départ. Loin du Minnesota, loin de ses démons. C'est à Tucson, Arizona, qu'elle débarque avec sa petite valise et son sac à dos. Là-bas, elle compte bien mettre enfin un terme à cet enfer.

Kathleen Glasgow nous livre une part d'elle-même dans ce roman à la fois très sombre et lumineux, phénomène littéraire sur Tiktok.
L'histoire de Charlie aborde un sujet encore tabou dans notre société ou du moins difficile à comprendre pour la plupart des gens : l'automutilation et notamment la scarification. Les scarifications font peur ; poussées à l'extrême elles peuvent devenir mortelles. Pourtant, elles sont un mode survie pour les personnes qui souffrent de dépression ou d'une maladie mentale : on s'inflige une souffrance avant que quelqu'un ou quelque chose ne nous l'inflige, on trouve un moyen d'évacuer les idées noires qui pourraient mener à un geste bien plus fatal.
Charlie et ses camarades de la clinique sont tous ces jeunes en mal d'être, pour qui la vie n'est qu'une succession de douleur. Alors ils se coupent, ils se brûlent, ils font de leur corps un dévidoir pour leurs souffrances. Tous ont un lourd passé et celui de Charlie rassemble à lui seul les pires affres : la vie de la rue et sa violence, la drogue, l'alcool, la prostitution. On pourrait se dire que le tableau est un peu chargé par l'auteure… Et bien non car lorsque l'on suit le chemin de Charlie, on peut se dire qu'un jeune, orphelin d'un parent, battu et abandonné par l'autre, peut très vite se retrouver dans une telle situation. Surtout à cet âge si fragile.
Alors oui, ce livre est très sombre mais pas désespérant. Charlie n'est pas infaillible, les rencontres qu'elle fera à la sortie de la clinique seront autant de mains tendues que de pièges. Mais Charlie résiste. Charlie tombe et se relève. Et Charlie a une passion, le dessin, un moyen de garder espoir. L'art comme une douce pommade que l'on passe sur les cicatrices.
Les personnages qui entourent la jeune fille sont également très touchants. Cabossés par la vie, ils illustrent la diversité des drames qui jalonnent une vie.
Le cadre enfin, l'Arizona, nous fait passer du malaise de la chaleur à une lumière douce parfois. Tout comme l'est la vie de Charlie.

« Girl in pieces » est un des plus beaux romans que j'ai lu sur la maladie mentale et la souffrance des jeunes car écrit par une personne qui a vécu cela. C'est un récit bouleversant, d'une immense sincérité, plein de résilience.
On dit souvent qu'il faut savoir tomber pour mieux se relever. Ici, c'est une chute vertigineuse dans ce que l'humanité a parfois de plus sombre… avant une remontrée progressive, assurée, vers la lumière.
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