Je recommande moi aussi vivement la lecture de ce livre , que je viens d'ailleurs d'offrir à mon fils…qui élève, dans sa famille, deux jeunes enfants.
Oui cette société de solitude nous pousse vers les extrêmes à petit et grand feu.
Oui la perte de l'empathie me stresse tous les jours et m'attriste encore plus fortement pour nos enfants qui grandissent dans un tel monde. Et je m'efforce de lutter contre, aussi, tous les jours « en faisant ma part », comme le colibri, pour tisser des liens avec mes semblables et différents, à mon petit niveau.
Cette société de l'entre-soi, dont je bénéficie en partie, me fait peur, à travers les inégalités explosives qu'elle génère.
Alors le rappel que fait R Glücksmann de ce que veut dire être citoyen avant d'être un « homo economicus », un homme privé, me va bien. Oui, cela ne va pas de soi et c'est parfois difficile (une violence, un sacrifice écrit-il), mais salutaire si l'on ne souhaite pas vivre dans un pays où la barbarie de tous et de chacun s'installe progressivement et sûrement…
Pour un nouveau contrat social, oui aussi, même si difficile également, comme d'enfin prendre en compte ce que l'auteur appelle « une écologie tragique » qui aurait à remplacer « notre rapport au monde trop comique pour en appréhender la fin possible ».
Un livre salutaire, étayé par de nombreux exemples de la vie politique et économique, qui donne à réfléchir, discuter et partager…
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Comme souvent dans ce genre d'essai, le diagnostic apparaît pertinent, alors que les ébauches de solutions à cette “impasse individualiste”, désignées comme un “réveil citoyen” manquent de densité.
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Exemple de diagnostic (page 66) : l'auteur évoque la célèbre note de Terra Nova proposant de “remplacer l'électorat ouvrier par une coalition des minorités discriminées et des nouvelles élites urbaines […] remplacement, dans le logiciel de la gauche française, de la quête d'égalité entre tous par l'affirmation des droits de chacun […] il s'agissait d'une capitulation sociale. Et d'un suicide politique.”
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Parmi les grands thèmes évoqués dans la suite du livre, Glucksman tente de donner aux enjeux écologiques une caractère “tragique” – terme lourd de sous-entendus ! Il dénonce également avec raison la confusion entre le “gouvernement” et la “gouvernance” (page 106), définissant cette dernière comme “le gouvernement sans la politique. Sans la démocratie”. Enfin, il ironise (page 206) sur cette note relative à la fiscalité émanant d'un jeune énarque (2011), dont il approuve le contenu, aux antipodes de la politique fiscale dudit jeune énarque… devenu président de la République.
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