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Critique de Ogrimoire


Ce livre, je le disais précédemment, est un pavé de près de 500 pages. Mais lorsque l'on arrive à la fin, on a l'impression d'en avoir lu plus de 1000, tellement il est riche, dense, complexe. Et quand on essaye de faire un bilan des thèmes abordés, force est de constater que ce livre aborde pratiquement tous les thèmes de la vie. Ce livre est, transposée dans un univers de fantasy, une allégorie de la vie, de ses difficultés, de ses pièges, de ses joies.

De quoi parlons-nous ? Dans la société qui nous est présentée, les différents groupes sociaux sont organisées selon un ordonnancement strict, que personne ne remet en question. Une aristocratie de mages accapare le pouvoir, qui se transmet de génération en génération. Des nécromants, qui traînent une sinistre réputation, semblent avoir trouvé un modus vivendi avec les mages. Et puis le peuple, qui aspire uniquement a être heureux – mais peut-il l'être dans cette situation ? -.

Prune, c'est le révélateur. Elle-même est mise en mouvement par l'amour, en tout cas c'est ce qu'elle pense. Mais quelles sont ses véritables motivations ? Si l'on voulait faire les malins, on pourrait se demander de quoi Prune est le nom…

En réalité, et on avait déjà vu cela dans la saga le sang des 7 rois, aucun personnage n'est totalement bon. Ils sont tous humains, c'est à dire faillibles, cassés – à un titre ou un autre -, et leurs motivations n'ont pas cette pureté que les romans de cape et d'épée portent au pinacle. Barnabéüs suit Prune parce qu'il rêve secrètement – même s'il n'oserait même pas se l'avouer – qu'elle s'intéresse à lui, la jolie jeune fille qui accorderait ses faveurs au vieillard. Prune pense qu'elle ne peut pas vivre sans Arlanis, son promis, et que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue sans lui… mais finit par transiger avec ses convictions. Telle autre à le goût du pouvoir ; tel marchand n'hésite pas à être égrillard…

Et puis, dans le fond de l'histoire, se pose une question majeure, énorme, lourde, écrasante. Jusqu'où serions-nous prêts, chacun, à aller, pour du pouvoir, de l'argent, l'immortalité ?

Il est évidemment facile, du fond de son fauteuil, alors que nous n'avons ni le pouvoir, ni l'argent, ni l'immortalité, d'affirmer de façon péremptoire que, nous, jamais ! Jamais nous n'accepterions de sacrifier d'autres vies pour la nôtre. Sauf que… emportés par le poids d'un système, écrasés par des coutumes et des habitudes… qui sait ? Qui peut dire ?

Ce livre est une ode à la vie, imparfaite, précaire, injuste. D'ailleurs, quand il décrit les relations entre Prune et Barnabéüs, pendant leur voyage, qui les amène à une promiscuité qui n'est simple à gérer ni pour l'un ni pour l'autre, ses remarques sont très justes (p. 186).

« Prune doutait finalement que Barnabéüs ait profité du spectacle de son corps se contorsionnant dans les grottes, mais d'y penser l'avait mise de mauvaise humeur. Selon les moments, elle ne savait si elle devait le considérer tel un homme ordinaire, un vieillard lubrique ou un grand-père protecteur. Sans doute était-il un peu tout cela à la fois, juste un humain empêtré dans ses contradictions, lesquelles renvoyaient Prune à ses propres failles ».

Ce livre est aussi un appel à la curiosité. Ne vous laissez pas dicter ce que vous devez penser, croire. Allez voir. Vérifiez. Soyez libres. Et, sachant que Monsieur Goddyn est enseignant, je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est ce qu'il essaye de transmettre à ses élèves, en plus de l'écrire dans ses livres… Là aussi, une citation (p. 209) :

« – Êtes-vous certain que la porte est verrouillée ?

Barnabéüs la regarda, surpris, puis il actionna le mécanisme. le pêne glissa et elle s'ouvrit. »

Ce n'est pas parce que vous pensez que votre adversaire a fermé la porte que c'est le cas. Ne vous laissez pas aller à penser compliqué là où les choses peuvent être simples… Bref, une saine lecture, non ?
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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