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Critique de Andromeda06


« Selon la théorie des 6 degrés de séparation, toute personne sur Terre serait reliée à n'importe quelle autre par une chaîne de relations individuelles comprenant au maximum cinq [six ?] maillons. »
Théorie de Frigyes Karinthy

C'est avec cette épigraphe que débute "La chanson blanche" dont on aura tôt fait de comprendre qu'elle en est le fil conducteur. Tout commence par un crash d'avion qui s'est produit en 2015, dont on ne retrouvera pas ni les débris, ni même la boîte noire, ni les passagers. Parmi eux, il y avait Raphaël, jeune homme atteint de troubles du spectre autistique, casanier, ne supportant pas la foule, pris de panique dès qu'il y a un peu trop de monde ou trop de bruit autour de lui. Alors qu'est-ce qui a bien pu le pousser à se rendre aux États-Unis, seul et sans prévenir personne ? Tom, son frère jumeau, avait abandonné tout espoir de le savoir, jusqu'à ce qu'il soit contacté par le B.E.A (Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile) quatre ans après : un sac à dos (imperméable) a été remonté par un filet de pêche avec à l'intérieur le portefeuille de Raphaël et les mystérieuses paroles d'une chanson qui laissent à penser que le crash ne serait pas dû à un accident... Il apprend ce même jour que Raphaël avait également pris un aller-retour pour lui, et si sa place était vide à l'aller, c'est une dénommée Rose Kellerman qui a pris sa place au retour... Tom, qui refuse d'admettre que son frère était un potentiel terroriste, va reprendre l'enquête. Accompagné de sa meilleure amie et voisine Ariane, Tom va d'abord se pencher sur cette mystérieuse Rose qu'il ne connaît pas mais dont le nom de famille ne lui est pourtant pas inconnu. Et pour cause, ce nom était dans tous les médias américains un mois avant le crash... de fil en aiguille, Tom découvrira qu'un lien invisible reliait bon nombre de passagers...

Et bien, par quoi et comment commencer ? Telle est la question que je me pose depuis que j'ai fermé ce livre, que j'ai eu du mal à poser jusqu'à ce que j'en atteigne la toute dernière page. Je me suis retrouvée face à un puzzle dans lequel l'auteur assemble ses pièces, petites et grandes, au compte-gouttes, nous faisant mariner du début à la fin. C'est judicieusement et sacrément bien mené car chaque élément, chaque petit détail, chaque personnage a sa place, son rôle à jouer. Rien n'est négligé, ni laissé au hasard, tout est scrupuleusement interconnecté.

Grégoire Godinaud nous embarque dans une intrigue étoffée et dynamique, dans laquelle révélations sidérantes et rebondissements ne manquent pas à l'appel. Nous suivons cette dernière sur deux périodes : en 2019 auprès de Tom qui mène son enquête grâce aux nouveaux indices qu'il récolte ici et là ; en 2015, quelques heures avant jusqu'au moment du crash, auprès de certains passagers, nous permettant d'apprendre et comprendre certains éléments avant Tom. D'ailleurs, c'est ainsi tout au long de l'histoire : le lecteur en saura toujours un peu plus que Tom (mais jamais suffisamment !).

L'enquête, menée à la fois tambour battant mais bien trop doucement pour satisfaire notre curiosité jamais rassasiée, maintient un niveau de suspense intolérable (ne vous méprenez pas, c'est un compliment), tout en abordant des sujets qui n'ont aucun lien en apparence mais qui finissent par se recouper à un moment ou à un autre. C'est ainsi qu'au milieu d'une enquête qui cherche à découvrir la vérité sur la disparition d'un avion, il y est fait mention tantôt de terrorisme, tantôt du trouble dissociatif de l'identité ou du syndrome d'Asperger, tantôt de kidnapping d'enfant, tantôt d'inceste ou d'enfance difficile et/ou douloureuse, ou encore de violoncelle.

Voilà qui peut bien vous paraître confus avec tous ces éléments, d'autant que le nombre de personnages n'est pas léger. Mais que nenni ! Aucunement, on ne se perd dans cette intrigue foisonnante. Au contraire, d'apparence complexe, l'auteur nous offre en fait une intrigue bien ordonnée, comme si chaque pièce de son puzzle était numérotée et attendait sagement son tour avant d'être placée.

Je n'ai pas encore parlé du contexte et des décors bien implantés, ni même de la psychologie des personnages non négligeable. Grégoire Godinaud met un point d'honneur à toujours bien argumenter, sans jamais tomber dans la lourdeur, la lenteur ou l'exagération. Tout est justement dosé. Les protagonistes à la personnalité complexe et/ou soutenue sont campés dans des décors facilement visibles pour les yeux du lecteur, tout en laissant place à une intrigue frénétique qui ne nous laisse peu souvent l'occasion de souffler.

Ce thriller, véritable page-turner, remplit sa mission avec brio. Chapeau l'artiste !

Reçu et lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée, je remercie bien évidemment Babelio pour la sélection, Grégoire Godinaud pour cet excellent moment de lecture (je découvrirai votre premier et vos prochains romans à coup sûr), mais aussi les éditions du Gros Caillou pour l'envoi, et tout particulièrement Déborah pour le petit mot écrit à mon intention (c'est assez rare pour que je le souligne) et le marque-page (la collectionneuse que je suis est ravie) glissés à l'intérieur du livre.
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