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Critique de Dez54


William Godwin est un philosophe et romancier anglais né en 1756, fer de lance du radicalisme anglais, célèbre aussi bien pour ses travaux sur la politique sociale et la justice que pour ses romans. Il est également le père de Mary Shelley.


En 1794, il publie Les choses comme elles sont ou Les Aventures de Caleb Williams qui doit permettre de vulgariser les idées qu'il a développées dans son essai "Political Justice" l'année précédente. Présenté par la quatrième de couverture comme un précurseur de roman policier, il n'en est rien (j'y reviendrai) et tient plutôt d'un mélange entre conte philosophique et roman d'aventure.


Le roman débute par une centaine de pages qui exposent les personnages de Falkland, squire (noble) vertueux et de son ennemi le brutal Barnabas Tyrell, une rivalité s'exerçant au détriment des petites gens du comté persécuté par Tyrell. Porté à son paroxysme, le conflit s'achève par la mort de Barnabas Tyrell. Un bon tiers du roman est déjà passé quand arrive enfin le personnage principal du livre le fameux Caleb Williams, serviteur de Falkland, qui bien qu'innocent d'un vol dont l'accuse son maitre se retrouvera chassé, persécuté et emprisonné. le dernier tiers du livre se consacre principalement à la fuite et la traque du pauvre Caleb Williams.


Rentrer dans ce roman ne s'est pas fait sans quelque effort : une longue introduction, les portraits très caricaturaux dressés dans les premières dizaines de pages et surtout le style assez pompeux et emphatique de Godwin peuvent rendre le livre un peu rebutant au premier abord. Si l'ouvrage est présenté par l'éditeur comme un proto-roman policier, il n'en a pas les caractéristiques : un crime est bien commis mais aucun doute raisonnable n'est vraiment laissé au lecteur quant à son auteur qui avouera d'ailleurs explicitement son forfait avant la moitié du roman. On remarque en revanche le discours politique de l'auteur, qui parait très progressiste pour l'époque : défense du libre arbitre des femmes, mise en cause du privilège des nobles et surtout attaque en règle de la justice à géométrie variable de l'époque, garante de l'ordre social établi et indifférente à la vérité si elle remet en cause le règne des puissants. Dans le dernier tiers du roman, le rythme s'accélère, on revient pleinement dans le livre d'aventures et on se laisse prendre au jeu du chat et de la souris auquel se livre Caleb Williams et ses poursuivants. Il s'agit sans doute de la partie la plus prenante du roman.


Si quelques aspects et un style un peu boursouflé par rapport aux standards actuels peuvent freiner la découverte de ce roman. Je le recommande néanmoins aux curieux qui y trouveront un contexte historique intéressant et tout simplement un bon moment de lecture.
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