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Critique de adtraviata


J'ai d'abord bien aimé cette rencontre entre l'auteur et le peintre, un jour de canicule où Guy Goffette est entré dans un musée, entre deux trains, et a été inondé de fraîcheur par le tableau (en couverture de l'édition Folio) L'eau de Cologne ou Nu à contre-jour. C'est le modèle féminin qui a emporté l'adhésion de l'écrivain et lui fait adopter cet angle de vue pour raconter la vie et l'oeuvre de Pierre Bonnard : celle qui se faisait appeler Marthe et qui ne le quittera plus, une fois qu'ils se seront rencontrés sur un boulevard parisien. Personnage énigmatique, de santé fragile (mais elle aura finalement vécu assez longtemps), elle avait certainement une grande emprise sur lui et n'est peut-être pas aussi accommodante que le décrit Guy Goffette (si j'en crois ma collègue prof d'Histoire de l'art, elle phagocytait carrément Bonnard).

Bonnard a connu les impressionnistes, Toulouse-Lautrec, les Nabis, et bien d'autres encore, mais il a continué à peindre dans l'esprit impressionniste jusqu'à sa mort. La couleur, la lumière avant tout étaient les deux valeurs qui guidaient son credo pictural. Et Marthe, bien sûr, représentée, peinte, dessinée des dizaines et des dizaines de fois. Ce qui est étonnant quand on le compare avec d'autres, c'est qu'il a vécu assez vite de sa peinture, et pas mal (quoique la notoriété dont il jouissait soit bien moins large que ce qu'il méritait sans doute, étant donné que ce n'était pas un artiste « à la mode »). Il n'a jamais cessé d'observer, de croquer sur le vif et de peindre dans son atelier à partir de ses croquis. Etonnant aussi, intéressant que ce soit grâce à lui (ou à cause de lui) que les lois sur la propriété intellectuelle des artistes aient été mises en place : Bonnard s'étant marié tardivement avec Marthe sans contrat de mariage, les héritiers de cette dernière ont cru pouvoir manger le bien du peintre, ce qui donna lieu à une longue bataille juridique.

Dès que Guy Goffette raconte ces épisodes, il adopte une écriture plus neutre, alors qu'il a raconté d'une plume poétique l'évolution artistique de Bonnard et son lien indéfectible à sa muse. Ce que je retiendrai de cette lecture, c'est, comme son titre l'indique, l'impression de bonheur, le regard chaleureux que Pierre Bonnard a posé sur la vie et les êtres qui l'entouraient. Les mots de l'écrivain ont accompagné les silences du peintre et un peu de leur lumière est venue me caresser la joue pendant que je lisais.
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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