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Critique de Marti94


« La perspective Nevski » de Nikolai Gogol est une nouvelle écrite en 1835 qui très cinématographique. Pour moi, elle évoque le cinéma pour trois raisons :

D'abord parce que c'est un clin d'oeil de Cédric Klapisch dans le film « Les Poupées russes » de 2005 qui m'a donné envie de lire « La perspective Nevski ».
Klapisch filme la rue au drôle de nom avec un traveling qui permet de suivre de dos le pas cadencé d'une très belle jeune fille. Ce plan est l'illustration du thème inspiré par la rue de Saint-Pétersbourg : l'illusion de la perfection.

Ensuite parce que la rue se nomme littéralement « avenue de la Neva » mais qu'elle a été baptisée « La perspective Nevski » en l'honneur d'Alexandre Nevski, héros national. Ce dernier est une référence pour moi car « Alexandre Nevski » est un film épique soviétique réalisé par Sergueï Eisenstein en 1938 avec une musique composée par Sergueï Prokofiev. C'est l'histoire d'un prince pacifique d'un peuple de pêcheurs qui va prendre le commandement d'une armée pour repousser les hordes barbares qui ont envahi son pays, la Russie du XIIème siècle.

Enfin parce que Nikolai Gogol va raconter ce qui se passe dans La perspective Nevski comme si les scènes étaient filmées.
Tout d'abord, il va décrire le déroulement d'une journée sans changer de position. La perspective Nevski est l'avenue principale de la ville de Saint-Pétersbourg, longue de 4,5 km. Gogol fait donc un plan fixe large. Vont se succéder des groupes de personnages : gros propriétaires de magasins, mendiants, travailleurs, moujiks, fonctionnaires, précepteurs, gouvernantes, tous témoins d'une époque, le 19ème siècle et merveilleusement caricaturés.
Puis il va diriger sa focale sur 2 hommes.
Le peintre Piskariov va suivre une belle femme brune et se rendre compte que c'est une prostituée. N'étant pas un homme de débauche mais un puriste il va vivre son amour en rêve en s'aidant d'opium et d'alcool puis sombrer de désillusion.
Son ami, le lieutenant Pirogov va suivre une femme blonde mariée à un allemand. Vaniteux, il va tenter de séduire l'ingénue et se faire humilier par le mari vengeur.
Les deux hommes sont leurrés et leurs aventures dans la Perspective Nevski permettent à Gogol d'écrire un épilogue sur l'aspect illusoire et trompeur de ce que l'on voit « Oh ! n'ayez jamais nulle confiance en ce que vous y voyez ! ».

C'est un texte qui est vraiment très bien écrit mais il y a un bémol pour qu'il soit parfait. La vision des femmes à l'époque me fait dresser les cheveux sur la tête : les femmes sont pûtes ou sottes et leur rôle est de faire le ménage. Pour preuves ces extraits : « les murs nus et les fenêtres sans rideaux témoignaient de l'absence d'une maîtresse de maison soigneuse. » ou « D'ailleurs, la bêtise ajoute un charme de plus à une jolie femme. Je connaissais, en effet, de nombreux maris qui étaient extrêmement satisfaits de la bêtise de leur épouse : ils y voyaient l'indice d'une sorte d'innocence enfantine. », et je n'ai pas l'impression que ce soit du deuxième degré. Il faut admettre que, pour les hommes, ce n'est pas beaucoup mieux : ils sont stupides fonctionnaires quand ils ne sont pas peintre neurasthénique ou officier prétentieux. Mais c'est vrai aussi que Gogol excelle dans la caricature !

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