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Critique de clefran45


Janesville est un livre documentaire, qui complète parfaitement la lecture de "Nomadland" de Jessica Bruder.
Ces 2 livres ont en point commun d'étudier les mécanismes de l'effondrement du rêve américain, Nomadland s'attachant à dénoncer une nouvelle forme de précarité qui s'installe petit à petit au USA depuis la crise financière de 2008, à savoir les travailleurs (âgés) pauvres et nomades; Janesville quant à lui, étudie la façon dont une ville industrielle du Nord des USA, tente de résister à l'installation de la pauvreté dans sa communauté lorsque l'usine General Motors ferme ses portes.
Ce qui est passionnant, c'est la façon dont l'auteur, Amy Goldstein, décrypte les conséquences de cette fermeture de l'usine qui pourvoyait à la majeure partie des emplois des habitants de la ville.
L'histoire de Janesville c'est l'histoire de l'industrialisation des USA, et du formidable ressort économique qui en est le résultat, notamment dans la période d'après guerre.
Les ouvriers de GM sont dans cette usine quasi de père en fils, les uns faisant entrer les autres par une forme de parrainage. le boulot n'est pas épanouissant, certes, c'est du travail à la chaîne mais le salaire est très bon, les avantages nombreux, notamment les congés et l'assurance sociale. Une tradition syndicaliste est très forte dans l'usine, et au sein de Janesville, c'est ce qui fait qu'à la fermeture de l'usine, un élan de solidarité voit le jour, il n'est pas question de laisser tant de monde sur la carreaux.
Amy Goldstein déploie les conséquences économiques, politiques, sociaux, sociologiques (l'identité ouvrière) d'un telle désastre, il n'est pas question que de chômage.
J'ai beaucoup aimé ce livre qui permet de comprendre la façon dont les américains sont bercés par ce rêve dont on les a nourris depuis toujours, à savoir l'idée selon laquelle une personne, d'où qu'elle vienne, peut toujours atteindre une vie meilleure, du confort, de la sécurité.
Janesville parle de ce rêve qui devient désillusion.
J'ai été surprise par la façon dont les gens retournent faire des études, parmi eux les moins qualifiés, la façon dont le collectif se construit autour de ce malheur.
Mais on y voit aussi la désaffiliation du collectif, avec le politique qui s'en mêle, les intérêts des uns qui nient l'existence ardue des autres.
C'est un beau documentaire, avec des portraits de gens comme vous et moi qui ont rêvé et qui désormais font tout pour s'en sortir.
A découvrir pour ceux qui, comme moi, s'interrogent sur le fonctionnement de cette Amérique capable du meilleur comme du pire.
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