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Critique de Zora-la-Rousse


J'apprenais il y a peu qu'Agustin Gomez Arcos avait été un des écrivains favoris du président François Mitterrand. Quel drôle de destin pour cet homme né près d'Alméria et choisissant l'exil en France après la censure franquiste de ses pièces de théâtre : « Espagnol en France, il était étranger dans son propre pays ». Abandonnant sa langue maternelle pour celle de son pays d'adoption, il avait avec une forme d'évidence abordé le sujet du franquisme, mais aussi celui de la condition des femmes ou de l'homosexualité. Agustin Gomez Arcos était un écrivain politique, sans conteste et sans concession. L'homme à genoux ne fait pas exception…

Dans une Espagne post-franquiste, l'espoir renaît. L'économie se relance grâce au tourisme et nombreux sont ceux qui quittent le nord du pays pour rejoindre le sud. Ainsi, le jeune homme du roman fait le choix de laisser femme et enfant dans leur village minier pour rejoindre une ville côtière et y faire sa place au soleil. le projet est simple : trouver un travail, un logement et faire venir ses proches, un projet motivé par son rejet absolu de la mine qui lui déjà pris trop de proches.
Le désappointement, doublé de malchance, se mue en infortune, l'amenant à se retrouver un jour à genoux, derrière une pancarte indiquant : « Mes frères, je n'ai pas de travail - Mère, femme et enfant sont restés au village - le besoin me met à genoux devant vous - pour demander l'aumône –Merci ». Et là, durant ces longs moments d'immobilité imposée, son esprit part et vagabonde, au gré de ses souvenirs des moments heureux de sa vie d'avant, quand il était jeune fougueux et fier. Debout.

Lire ce roman n'est pas tâche aisée : dur et poignant, l'écriture d'Agustin Gomez Arcos est franche, directe, parfois brute. Mais toujours la poésie est présente pour nous faire oublier toute cette noirceur. Car de l'espoir, il y en a peu, ou du moins, pas pour tout le monde dans cette Espagne qui émerge des ténèbres.
Agustin Gomez Arcos nous parle de liberté et d'aliénation : Franco n'est plus, mais les Espagnols sont-ils libres pour autant ? Pas tous. Pas vraiment les petits, les pauvres et les miséreux. Pas plus les gentils, les tendres et les naïfs. Pas dans cette société de consommation en devenir. C'est la narration d'un asservissement qui succède à un autre, sous une autre forme mais tout aussi violente, voire plus de part son cynisme.

Il est parfois des lectures nécessaires.
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