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Critique de Slava


Les romances en général ne sont de ce que je préfère, trop convenus, trop fades, tout sucré à l'eau de rose navrant. Mais parfois il y a quelques-uns qui parviennent à sortir du lot et de m'entraîner dans leur lecture et ce fut le cas avec ce roman de Daisy Goodwin, à coloration historique.
Cora Cash est l'héritière de la plus riche famille américaine que connait les Etats-Unis à la fin du XIXeme siècle. Tout le monde l'envie pour sa richesse bien sûr mais aussi pour sa beauté, sa délicatesse, ses bonnes manières mais aussi par sa langue parfois piquante qui vient souvent contraster avec son apparente candeur. Cependant, sa mère écervelée et dévorée d'ambition vise plus haut pour sa fille : un titre de noblesse tout simplement, chose impossible à se procurer dans la terre de l'Oncle Sam. Sauf dans la contrée au delà-de l'océan, celle de la bonne reine Victoria... et c'est ainsi que la jeune fille est envoyée en bateau avec sa fidèle servante Bertha et intègre malgré elle la haute société anglaise d'où très vite elle détonne, apparaissant comme sauvage et excentrique pour les lords et lady british. Toutefois elle parvient à trouver chaussure à son pied, en la personne du mystérieux Ivo dont elle compte bien épouser et devenir ainsi duchesse. Mais les obstacles seront nombreux entre une belle-mère acariâtre au possible, une rivale rouée, un prétendant bien déterminé à la récupérer et les conventions bien strictes des moeurs victoriennes...
Malgré sa couverture toute distinguée, il ne faut pas s'y fier aux apparences, le roman est loin d'être une simple romance à la Harlequin mais davantage un récit historique où s'il y a bien une histoire d'amour principale, les éléments autour tel que la société britannique et ses us et coutumes tout comme celle américaine importent beaucoup. L'autrice s'inspire surtout d'un fait historique avéré, celle des jeunes héritières de famille américaine qu'on balançait en Angleterre pour qu'elles chassent les jeunes nobles anglais et acquérir ainsi un titre juteux de noblesse. Mais elle va plus loin que ça. Car le parcours bien turbulent Cora Cash illustre la confrontation bien acide entre deux mondes, qui bien que versé dans la même moule luxueuse, est drastiquement différente, entre les moeurs américains plus libres et moins policé et les moeurs anglais régit par la bienséance et une étiquette plus rigide. Dans les deux cas cependant, elle ont chacune une forte hypocrisie que l'auteure égratine bien : ainsi le personnage de Bertha, servante à la peau colorée se trouve bien mieux respectée et estimée en son rang parmi les dandy que parmi les yankee racistes de la 'démocratie' du Nouveau Monde, s'y fondant mieux dans la vie pourtant bien corsetée et sévère des gentilhommes et mesdames anglaises. Et bien entendu toujours la mauvaise foi des victoriens qui cachent leurs vices derrière une élégante façade et ne se privent pas aux basses exactions. Manigances et manipulations sont courant, donnant un ton grinçant qu'heureusement l'amitié parfois tumultueuse entre Bertha et Cora où l'inclination tendre entre Ivo et Cora adoucit sans toutefois atténuer l'acidité. Les amateurs de Dowton Abbey pourront apprécier l'ouvrage qui contient de bonnes descriptions des sociétés huppés des pays anglo-saxon avec grand force de détail bien fouillis tout comme l'amusement des dialogues innocents en première allure mais qui sont souvent bien venimeux.
Quant aux personnages, ils se révèlent bien plus riches que j'y pensais. Cora Cash qui au départ agace par son coté pourri gâtée se révèle plus attachante, ayant un coeur d'or qu'elle dissimule pour éviter de paraître faible et tentant de ne pas être étouffée sous le poids des conventions. Bertha qui est pour moi la plus intrigante marquée par sa couleur de peau n'est pas une simple domestique fidèle mais une femme qui voit l'Ancien monde comme paradoxalement plus respectueux envers les gens de sa condition que chez elle mais qui perçoit bien les pièges et autres vipère, plus perspicace que sa pauvre maîtresse qui fait souvent preuve de naïveté. Ivo n'est pas qu'un brun ténébreux sans âme mais un être fort marqué par les travers de ses parents et voulant y échapper et sa mère une chipie insupportable mais qui a une certaine sagesse aux manières victoriennes qu'elle tente d'inculquer, à la dure, à son éventuelle belle-fille.
Même la partie romance échappe aux clichés et ce malgré quelques scènes convenues comme une balade romantique prés de la prairie où une visite galante dans un château gothique, entre Ivo et Cora il y a une vraie alchimie et des tensions, mais aussi des doutes et des défauts qu'aucun des deux n'arrive à contenir .
En revanche, si l'écriture de Goodwin est d'une fraîcheur inestimable avec sa délicatesse, elle n'est pas exceptionnelle et par moment est d'une langueur... sans compter que certaines réactions des personnages peut énerver, dont celle de Cora qui parait souvent stupide dans ses provocations.
En conclusion une surprenant romance historique à lire par intérêt et surtout apprécier les coutumes des sociétés nobles du Vieux et Ancien Monde dans leur vivacité.
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