Vous autres Américains débordez d'énergie.
- C'est que nous sommes une jeune nation, nous n'avons pas encore eu le temps de nous ennuyer .
Berta sursauta en s'entendant appeler ainsi. L'intendante lui avait pourtant dit dés son arrivée que tous les domestiques étaient dotés du nom de leur maître, mais elle ne parvenait pas à s'habituer à cette coutume.
Les domestiques telles que Mabel n'étaient pas supposés être en contact avec la " famille". L'intendante lui avait dit qu'elle devait se tourner face au mur si jamais elle croisait l'un de ses membres dans un couloir.
" Les dames ont toujours froid dans leurs tenues de soirée. C'est pour cette raison qu'il faut réchauffer les perles pour leur rendre leur éclat - un rang de perles froides sur une peau glacée, ça ne vaut pas mieux qu'une trainée de bave sur le bréchet d'une dinde."
Les valets de pied bénéficient de la haute considération des autres domestiques et leurs gages sont calculés en fonction de leur taille ; plus ils sont grands, mieux ils sont payés.
Elle se plaça à côté d'Ivo, sourit à l'enfant et fut récompensée par un grand sourire édenté et des yeux rieurs.
- Regardez Ivo, il nous a souri !
Le visage de son mari était bouleversé par l'émotion et sa bouche avit une expression indéchiffrable.
- Je crois que volà un petit garçon qui va être très heureux, ajouta la jeune femme.
- Le bonheur est un talent, fit remarquer doucement Ivo.
"Les plus brillants et les plus venimeux politiciens de la société anglaise sont en fait les ladies."
Américaines anoblies, 1890
Son visage était dans la pénombre mas elle ne put se méprendre sur le ton de sa voix bouleversée.
- Merci, Cora. Maintenant, j'ai tout ce que j'ai jamais souhaité.
Il s'allongea près de son épouse et Cora put enfin s'enivrer de son odeur.
A New-York, un homme blanc ne pouvait entretenir une relation respectable avec une femme de couleur. Un mariage de ce genre n'y était pas illégal, au contraire de ce qui se passait en Caroline du Sud, mais cela n'arrivait jamais.
- je vais me retirer afin de vous laisser écrire à votre mère, annonçà Maltravers. Mais avant de partir, j'aimerais que vous puissiez satisfaire ma curiosité sur un point. Puisque vous semblez nous trouver si détestables, nous autres Anglais,pourqoui êtes-vous là ? Je pensais que les Américains appréciaient le pittoresque de nos usages et nos façons démodés, pourtant vous n'avez pas l'air de nous apprécier du tout.
Son ton avait beau être dégagé, il était quelque peu pincé. Cora leva les yeux vers lui, ravie de le voir prendre la mouche. Il conservait l'avantage, mais elle n'avait pas moins réussi à le piquer au vif.
- Oh, je croyais que ce serait évident. En tant que riche héritière américaine, je suis venue ici acheter la seule chose que je ne puisse trouver dans mon pays. Un titre. Ma mère souhaiterait un prince de sang mais elle devrait pouvoir se satisfaire d'un duc. Votre curiosité est-elle satisfaite?
- Tout à fait, mademoiselle Cash. J'espère que vous inviterez votre mère à passer quelques jours à Lulworth. Il n'est pas question que vous quittiez les lieux sans que le médecin ait donné son autorisation. Je crois pouvoir dire que votre mère appréciera son séjour ici, malgré l'absence de salle de bains. Voyez-vous, je ne peut être pas prince mais le neuvième duc de Wareham.