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Critique de Foxfire


Cela fait longtemps que je veux lire du Gorki. Sa personnalité m'intéresse et je pressentais vu les convictions de cet auteur que ses oeuvres m'interpelleraient. J'avais eu l'occasion de découvrir indirectement le genre d'histoire qu'il propose à travers « Les bas-fonds », le film de Jean Renoir avec Jean Gabin, mais je n'avais pas encore lu un de ses romans. La masse critique m'a permis de combler cette envie et j'en remercie Babélio et les éditions Des Syrtes car je n'ai pas été déçue par cette découverte.

« le bourg d'Okourov » est un roman bref mais intense. Il s'agit avant tout d'un récit social mais qui s'intéresse aussi aux tourments de l'âme humaine. La ville d'Okourov est séparée en deux par une rivière, d'un côté les notables, de l'autre le petit peuple. L'imminence d'une révolte populaire, nous sommes en 1905 à la veille de la grève générale, occupe les esprits et va affecter différemment les villageois selon leur statut social. L'auteur, on le sait, avait des convictions socialistes et révolutionnaires très affirmées, pour autant Gorki fait preuve d'une grande subtilité mais aussi d'un certain pessimisme. L'homme semble un peu désabusé. Il faut dire que Gorki a écrit ce roman en 1909 alors qu'il vivait en exil en Italie pour échapper à la répression féroce qui a suivi le soulèvement populaire, et tout particulièrement le triste « Dimanche Rouge » où des centaines de manifestants pacifiques ont été abattus par l'armée impériale. Dans « le bourg d'Okourov », Gorki se montre très acerbe dans sa peinture d'une bourgeoisie méprisante, oisive et dépravée. Il évoque très bien la dure vie des petites gens de la campagne mais, là aussi, il évite tout simplisme et se révèle finalement assez dur envers eux. Si la volonté de changement est là, l'agitation est palpable, les pauvres manquent d'une vision politique et leur colère s'exprime de façon désordonnée et finalement vaine. Ceci dit, le roman n'est pas déprimant malgré sa noirceur. Quelques personnages semblent peu à peu s'éveiller à une forme de conscience politique. C'est l'oeuvre d'un homme déçu mais pas résigné.

Le roman est court, à peine 190 pages, mais se révèle d'une densité et d'une profondeur remarquables. Il y a de nombreux personnages que l'auteur parvient tous à caractériser de façon fouillée et convaincante. de plus, j'ai beaucoup aimé l'écriture de Gorki. Bien évidemment, après une si jolie lecture, je compte bien lire d'autres oeuvres de cet auteur.
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