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Critique de GaranceDeJorna


Je me suis presque précipitée sur ce livre avec énormément d'attentes. Au final, j'ai mis presque deux mois pour le terminer, avec un arrière-goût en bouche. Je précise, comme toujours, que mon avis est purement subjectif et ne regarde que moi. Je reconnais qu'en voyant l'unanimité que faisait ce roman, je ne m'attendais pas à être aussi déçue. Attention : les gros spoils seront mis entre crochets, mais quelques petits risquent d'être glissés çà et là.

L'histoire conte la vie de Finn, adolescent détruit qui noie sa peine dans les combats clandestins, la drogue et l'alcool, et s'enferme pour ne pas subir les violences du monde. Tout était là pour me plaire : un personnage torturé avec un passé travaillé, une idée d'intrigue, une romance en second plan, bref, la base était là.

Puis, dès les premières pages, tout est parti en vrilles, dans le too much, le trop, le pathos pour le plaisir d'en mettre, jusqu'à rendre les personnages incohérents. À commencer par Finn, qui est le cliché type du bad boy tiré sans vrai retravaille d'après moi : brun, accro à la drogue, tatoué, impulsif, mystérieux, et bagarreur. À tel point que faire une chute de 5 mètres après s'être fait passer à tabac ne l'empêche pas de se relever pour fracasser son adversaire. Il est dépendant de la drogue au point d'en prendre tous les jours, mais son addiction varie selon les chapitres, la façon dont les auteures veulent en parler, comme si ce n'était rien. Sur les 350 premières pages, c'est pour tout dire un sale type qui n'a aucun principe, avant de se comporter comme un collégien amoureux les 100 dernières pages. La transition psychologique est bâclée, il vit des choses terribles et parfois, elles sont mentionnées toutes les cent pages, comme si les auteures elles-mêmes oubliaient que c'était là.



Pour les autres personnages, j'avoue avoir été un peu freinée par la façon dont la seule vraie représentation féminine est mise en avant, comme une quasi-obsédée sexuelle à la limite de l'harceleuse, qui pense que suivre et s'acharner sur les gens « qu'elle aime », c'est normal. Je ne m'y suis pas attachée, voire j'ai grimacé de gêne à chacune de ses allusions sexuelles, parce qu'elles étaient redondantes et systématiques. Nate, lui, se veut plus travaillé, mais reste un petit condensé de clichés (qui ne sont pas mauvais bien sûr, à partir du moment où ils sont bien exploités, selon moi), qui réussit à « sautiller de manière complètement déjantée, sans la moindre gêne. », mais qui ne supporte pas dans de voir une photo de lui. Je n'ai pas compris quels messages voulaient faire passer les auteures à travers ce personnage, à parler de manque de confiance en soi à travers un adolescent que j'ai trouvé trop… plat, peut-être. Mais je n'ai juste pas réussi à le comprendre. Jaeger et Kurt sont plus attachants, même si Finn adore rabaisser la religion catholique sous prétexte que Jaeger est croyant. Seul Cliff m'a sincèrement plu, parce qu'il est profondément gentil, cohérent ; il est « simple », mais tellement plus attachant !

Passons à l'intrigue, qui pour moi n'a pas fonctionné du tout. 70% du roman ne sont que des flash-backs qui sont là pour nous mettre au point sur le passé de Finn, mais j'ai trouvé ces changements temporels pas toujours pertinents, et qu'au final, le fil de l'intrigue (un road trip entre amis) s'est complètement enchevêtré avec des montagnes d'introspection et de psychologie redondante. Après, c'était mon ressenti, mais je n'ai pas compris l'intérêt du procédé ; faire dans l'ordre chronologique avec quelques ellipses aurait pour moi été plus cohérent et le fil rouge aurait été plus clair : la reconstruction d'un personnage brisé à travers des sous-intrigues et péripéties. C'est plus ou moins le cas, sauf qu'avec les changements chronologiques tous les 3 pages, j'ai décroché de l'intrigue même.

Je n'ai pas compris les triggers, qui étaient mis pour une baston de lycée, mais retirées pour des attouchements (« coups de reins, le contact de son sexe à travers nos vêtements ») une masturbation, etc. Lors d'un début de rapport, une fille demande d'arrêter, ce à quoi Finn répond, après avoir insisté : « Sale petite garce. ». Même si c'est dans son personnage, j'ai trouvé ça de trop.

Concernant la forme, je n'ai pas adhéré à la plume des auteures, qui narrait le personnage de Finn tantôt méga grossier, voire injurieux, alors que juste après, il sort une phrase très bien construite avec un vocabulaire très riche, qui dénaturalise l'impact de la phrase précédente. Les mots ne sont pas hiérarchisés, mal dosés, alors que certaines phrases ont une belle poésie, et ce qui en découlent est bien fait, mais parfois, les auteures en rajoutent, et font d'une phrase percutante un paragraphe parfois lourd. Les chapitres sont découpés aléatoirement, au point que des fois je ne comprenais pas pourquoi il y avait une coupure pour rejoindre la même scène au chapitre d'après.

Enfin, la fin, que je mets entre crochets parce qu'il s'agit d'un énorme spoil :


En bref, une lecture trop agrémentée de dramas pour moi, de sauts temporels, de personnages incohérents ou excessifs, parfois limite immoraux. Je n'ai pas su adhérer à l'intrigue, ni à la plume et encore moins aux idées, que j'ai trouvées noyées et sans qu'elles n'apportent de vraies réflexions, alors qu'elles étaient très bonnes à la base. Après c'est bien évidemment mon ressenti, et il est purement personnel.

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