Ce n’était pas des reproches que j’entendais, même si cela y ressemblait. Je comprenais son calvaire, l’impression d’avoir été seule dans ce combat déloyal, et ma souffrance faisait écho à la sienne, tellement forte que je portai une main à ma poitrine pour m’assurer que mon cœur était encore à sa place. Je compris aussi qu’il nous faudrait énormément de temps pour refermer ce livre et nous reconstruire. Rien ne serait simple, mais unis, n’étions-nous pas les plus forts ?
Cara venait de passer la porte de sa maison, lorsqu’elle entendit un cri derrière elle. Elle pivota et aperçut Kenna, qui courait dans sa direction, les cheveux défaits, les yeux rougis par les larmes.
- Que se passe-t-il ? demanda-t-elle, inquiète.
Kenna reprit son souffle, les mains sur les hanches, et désamorça sa bombe :
- Ils ont kidnappé Kaleb ! C’est toi qu’ils veulent et maintenant que Bridget leur a appris pour le bébé, ils ne vont plus te lâcher !
L’engin lui explosa en pleine face. Elle savait que Bridget était prête à tout pour Kaleb, mais de là à le livrer au plus grand psychopathe que la Terre ait pu concevoir, il lui manquait vraiment une case.
Cara s’adossa au pilier du perron, abattue. Les choses allaient beaucoup trop vite, même pour elle. Elle était effrayée par les pensées qui tournaient en boucle dans son esprit. Que lui ferait le Milliardaire ? Comment l’en sortir ?
Je me réveillai doucement, ignorant totalement où j’étais. L’esprit embrumé comme si j’avais ingurgité des litres d’alcool, je me redressai et grimaçai. J’étais dans une chambre, dans un lit… et nu comme un ver. La surprise passée, je laissai dériver mon regard tout autour de moi, jusqu’à la forme indistincte qui se trouvait à mes côtés. Mal à l’aise quant à la découverte que je ferais en optant le drap, je le saisis tout de même, et Bridget m’apparut dans son habit de naissance.
Horrifié, je la secouai rudement jusqu’à la réveiller complètement :
— Qu’est-ce que tu fiches ici ? questionnai-je, furieux.