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Critique de mylena


Ce texte est le premier que je lis en français et qui montre se qui se passe en Russie depuis l'invasion de l'Ukraine. Cela correspond en tous points à ce que je trouve en ligne, sur facebook (curieusement je m'y suis mise pour la première fois le 24 février pour suivre de près et pour communiquer avec des amis russes via Messenger), Meduza et autres… Ce que vivent les Russes qui ne sont pas d'accord est assez difficile à imaginer, surtout dans la durée. Chaque jour ce qu'ils peuvent faire s'est réduit à peau de chagrin. Et de toute façon ça n'en vaut pas la peine, sauf pour se donner bonne conscience : comme Iegor Gran le montre, essayer d'argumenter face à un zombifié, c'est se heurter à un mur. Dans beaucoup de familles il y a deux camps (un peu comme en France pour l'affaire Dreyfus) et sur ce sujet il y a un très bon documentaire d'Andreï Lochak, Разрыв связи ( «la fracture du lien»), qui montre l'ampleur des dégâts psychiques.
Ce qui est sidérant, tant pour nous que pour les russes non zombifiés, c'est qu'on n'a pas affaire à une idéologie, comme le souligne l'auteur, et c'est pourquoi je ne suis pas entièrement d'accord avec la deuxième partie du livre qui reflète probablement plus ce que pensent les plus fidèles de Poutine et eux seuls. Cet été j'ai lu Contestation sociale à bas bruit en Russie de Karine Clément (paru en janvier dernier), il m'y apparaissait que le soutien à Poutine quoique affirmé n'était pas si solide que ça, puisque reposant pour chacun sur quelque chose de différent du voisin (ce qui est facilité par l'absence d'une véritable idéologie et en même temps empêche de faire émerger une idéologie dominante). le zombie russe a effectivement choisi d'être zombie, mais c'est probablement plus pour éviter toute dissonance cognitive que parce qu'il est formaté et convaincu. le réel n'a plus de prise sur eux, mais essentiellement parce qu'il leur fait trop peur. Comme le dit Anastasia, c'est comme s'ils étaient sous l'emprise d'une secte ou d'une drogue dure, l'auteur compare aux complotistes et je crois que c'est vraiment très proche (certains antivax sont allés très loin, n'en déplaise à l'auteur). Je trouve très rassurantes les audiences de you tube, d'instagram et de facebook malgré les blocages et les imprécations contre ces sites. Effectivement nul n'est inquiété pour cela, ce qui n'empêche qu'un Russe a été inculpé sur la base d'un post facebook d'avant 2007 !
Malgré mes divergences je rejoins l'auteur sur la nécessité d'une défaite russe pour dézombifier la population, mais je pense qu'ensuite la tâche sera bien plus facile que celle de dénazifier l'Allemagne en 45. le plus dur sera d'éliminer tout ce qui en a été le terreau, sans compter qu'à mon avis il y a du boulot pour les psychiatres !
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