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Critique de Eve-Yeshe


J'ai tellement aimé ce pavé de près de 540 pages que j'ai fait durer la lecture, je n'avais pas envie de laisser ces personnages. L'auteure a si bien su introduire ses personnages fictifs dans l'Histoire et les faire entrer dans la vie des grands artistes qu'on a parfois l'impression qu'ils ont vraiment existé.

Ce livre est composé de deux parties, qui se complètent et se répondent (alors qu'il aurait pu fort bien s'agir de deux romans distincts).

La première se déroule de nos jours et nous fait découvrir Josh et son émission de téléréalité (les cinquante premières pages, j'ai un peu rongé mon frein car la téléréalité et moi cela ne fait pas bon ménage du tout) mais cela valait le coup, l'auteure décrivant très bien notre époque où le virtuel est roi et surtout en le prenant au deuxième degré, Yannick Grannec évoque le couple, la filiation (Vickie, la compagne de Josh est enceinte), ce que l'on transmet à l'enfant que ce soit par la génétique ou par l'amour (ou pas) que l'on reçoit.

En fait, Josh est lucide, il dit par exemple : « Narcissisme et fond de teint sont la base du métier. » ou encore, « La solitude ne m'effraie pas, elle est même mon seul luxe. Je concède mon narcissisme et je le rentabilise. » P 85

Le roman réussit à nous ferrer lors de l'entrée en scène de Carl, le père de Josh, peintre ravagé par l'alcool, la guerre de Corée, sa propre filiation : il a été confié par son père à des amis qui ont fui le nazisme pendant qu'il était encore temps et il a toujours su ce qu'il en était jusqu'à ce que tombe une nouvelle : un marchand d'art qui a spolié les tableaux juifs pendant la guerre vient d'être « découvert » provoquant des révélations lourdes de conséquences qui nous emmènent sur les traces de parents biologiques de Carl… inutile de préciser ce qu'il pense du travail de Josh.

C'est le sujet de la seconde partie, sublime qui met nos pas dans ceux de Théodore et Luise, leur rencontre, leur mariage, la naissance de leur fille Magdalena leur vie qui s'inscrit dans ce début du XXe siècle, la « folie créative » des années 20, le Bauhaus de Nessau : sa création, son architecture, ses professeurs, ses élèves : on vit littéralement avec Paul Klee (le parrain de Magdalena alias Gurkie), Kandinski, Otto Dix, Gropius, Hannes Meyer, un déchaînement de couleurs, de créativité, de génie, que les nazis appelleront « l'art dégénéré ».

Beaucoup auront une fin tragique ou seront contraints à l'exil…

Ce roman m'a plu car il mêle des thèmes que j'aime, et au passage l'Histoire, la politique et l'art, qui sont des personnages en eux-mêmes. Il est intense, documenté et éveille la curiosité du lecteur.

A chaque chapitre, Yannick Grannec nous propose une oeuvre : tableau, photographie… en relation avec le thème du chapitre. Inutile de préciser que j'ai été vissée sur Internet pour trouver l'oeuvre en question, et déniché tout ce que j'ai pu sur cette période.

Je ne suis pas experte en peinture : en général, ça se limite à des coups de coeur pour tel ou tel artiste et je suis très éclectique dans mes goûts. Un déclic dans une salle d'attente il y a très longtemps pour une reproduction de Kandinski qui m'avait touchée et donné envie d'en savoir plus, idem pour Klee, alors avec le Bauhaus feu d'artifice !

Le titre du roman est évocateur : c'est le nom d'un tableau de Paul Klee, mais il évoque aussi, dans le livre, un autre bal, organisé par les étudiants du Bauhaus…

Le deuxième roman de Yannick Grannec et bien sûr il m'a donné envie de lire le premier : « La déesse des petites victoires » dont le titre m'avait intriguée alors…

J'ai terminé ce roman, il y a près de quinze jours, et j'en suis restée tellement imprégnée que j'ai eu du mal à rédiger ma critique, et je n'ai en fait qu'une suggestion : à lire absolument !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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