- Comment tu fais ça ?
- Ça quoi ?
- Bloquer tous les démons du passé. Décider simplement de ce que tu ressens.
- Je ne veux pas les laisser gagner. J'aime trop vivre, lâche-t-il dans un sourire qui me fait fondre.
- J'aime trop vivre, répété-je comme si c'était la plus belle phrase que j'ai entendue depuis longtemps.
-Je t’aime à en crever,June.
-Je t’aime à en vivre,Harry.
Petite, j'étais ce genre de gamine féministe sans le savoir, pas romantique pour deux sous, qui jurait qu'elle ne se marierait jamais, qu'elle n'appartiendrait à personne et que, de toute façon, elle courait bien trop vite pour se laisser attraper, enlacer ou même embrasser. Ado, c'était pire encore : je m'étais fais la promesse qu'aucun homme, jamais ne me toucherait [...].
Mais il faut croire que les promesses et les pactes sont faits pour être brisés... Et laisser la place à d'autres. Plus solides et éternels encore.
- J'ignore un tas de choses, petite, confirme la grand-mère. Mais j'en sais une seule avec certitude : quand on aime si fort à 18 ans, on aime pour la vie.
- Salut petite fleur ! souffle sa voix suave.
- Ne m'appelle pas comme ça, répliqué-je sèchement.
- Tu peux venir me dire bonjour au lieu de me jeter des bouteilles à la tête.
- Tu n'es pas le centre du monde, Harry.
- Tu aurais pu blesser quelqu'un.
- La bouteille est tombée toute seul, me justifié-je en commençant à bouillonner.
- Après les cheveux roses, tu mets de la dentelles maintenant ?
- En quoi ça t'intéresse ?!
- Cette couleur te va bien.
- La ferme.
- Tu es belle, en colère, continue-t-il à me provoquer en souriant.
Son calme olympien m'agace autant que ses compliments. Et sa façon de me bouffer du regard me donne encore plus chaud, encore moins d'air, encore moins d'idée de ce que je fous ici, avec lui.
- Je suis désolée pour toi, Zelda.
- Ouais, la vie est un saloperie, parfois.
- Souvent, confirmé-je.
- De toute façon, l'amour, c'est pour les fous.
- Les masos ! dis-je pour surenchérir.
- Les crétins !
- Les gamins ! ajouté-je.
- Autant renoncer tout de suite ! conclut-elle.
Je ne résiste pas. Je ne joue plus. Je décide que ce bonheur, j'y ai droit.
Avant qu'il ne disparaisse, lui aussi...
- Jusqu' là, je n'aimais rien de plus que l'océan... murmure-t-il.
Il y a toujours une petite chose à faire pour changer les choses en grand. Toujours un but à atteindre, une mission à remplir, une façon d'aller de l'avant. A toi de trouver le chemin.
Harry n'a pas besoin d'air puisqu'il respire le mien. Je n'ai pas besoin de lumière, puisque j'ai retrouvé mon phare. De quoi aurait-on besoin d'autre, puisqu'on a notre double ?