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Critique de myrtigal


Dans cet ouvrage, La traque des résistants, l'auteur et historien Fabrice Grenard se propose de nous raconter un pan assez peu présenté dans les livres à savoir par qui et comment ont été trahis les résistants et les réseaux de résistance français sous l'occupation. Aimant beaucoup le thème des guerres mondiales, et particulièrement celui de la Résistance ce livre m'a directement attiré.

Il se divise en 17 chapitres, regroupés en trois grandes parties : « 1940-1942 infiltration et démantèlement des premiers réseaux », « 1943 la résistance décapitée » et « 1944 une lutte sans merci à l'approche de la libération ».
Une avancée chronologique choisie qui permet de mieux rendre compte de l'évolution de la résistance dans le temps aussi bien au niveau de l'organisation interne que du côté de la répression. Car les deux vont de pair ; à leurs débuts les résistants étaient peu rodés aux précautions élémentaires de la clandestinité donc il était assez facile pour la police allemande de les débusquer, mais le temps avançant ils deviendront de plus en plus aguerris et par conséquent les allemands développeront eux aussi des méthodes plus élaborées et rendront la répression plus féroce encore.
Chaque chapitre correspond donc à un réseau de résistance précis dont l'auteur va nous présenter, en une vingtaine de pages, la création, l'action puis la chute. Certains de ces réseaux sont très connus ; le réseau du Musée de l'Homme, Combat-nord ou Alliance, d'autres moins. Pareillement certains résistants sont très connus ; tels Jean Moulin, Pierre Brossolette, Honoré d'Estienne d'Orves et d'autres hauts placés dans la hiérarchie, proche de Londres et du Général de Gaulle, mais aussi beaucoup d'autres peu ou pas connus qui retrouvent ici grâce à l'auteur toute la lumière qu'ils méritent.

Comme nous venons de le dire l'ouvrage prend l'angle inédit de la trahison, donc l'auteur va nous expliquer exactement comment les services allemands et français s'y sont pris pour démanteler chacun de ces réseaux. Et le moins que l'on puisse dire c'est l'occupant a allègrement bénéficié de l'aide de l'occupé. Car pour la quasi totalité des réseaux évoqués la trahison est venu de l'intérieur. Par un français infiltré. Disons-le tout de go : des collabos. Parfois même et c'est particulièrement affligeant : des résistants « retournés » (après torture et menace).
Mais ce que les Allemands utiliseront principalement c'est ce qu'ils nomment des Vertrauensmänner ou « VM » (hommes de confiance) ; des hommes recrutés dans tous le pays, et acceptant pour des raisons diverses (appât du gain ou adhésion idéologique) d'être formés et rémunérés afin d'infiltrer les réseaux de résistance.
Au travers de ces 17 cas, on en retire le malheureux constat que la répression Allemande fut basée sur une véritable infiltration bureaucratisée, froide et efficace, et dont l'aide des français collabos mais aussi de la police de Vichy fut centrale et considérable.
Précision importante : dans cette critique j'utilise le terme « allemand » par commodité, mais l'auteur dans son ouvrage est très précis et utilise les termes idoines (Gestapo, SS, Abwehr,…) et il faut dire — et je l'ai découvert en lisant —, que l'administration militaire allemande compte un nombre incalculable de ramifications, qui laisse assez pantois en tant que lecteur. Et sachant que la résistance française s'agrandissant avec le temps, gagne elle aussi en branches : c'est donc un livre au nombre de sigles tout à fait faramineux et qui peut par moments alourdir la lecture. Mais on comprend que cela soit nécessaire car c'est un sujet pour lequel la précision est primordiale. Fort heureusement l'auteur a ajouté un fin d'ouvrage un glossaire très utile.

Bien que ce soit un ouvrage très centré sur les faits, assez dense en détails et en ramifications comme je l'ai dit, le fait qu'il soit découpé 17 chapitres indépendants aide beaucoup à ne pas se sentir noyé sous les infos, et la plume de Fabrice Grenard est précise et accessible.
Personnellement j'avais lu pas mal de livres de résistants ou sur la résistance, mais celui-ci m'a fait un effet différent, glaçant. Car en même temps que d'être admirative du courage extrême des résistants, de leur abnégation, en même temps que d'être angoissé de lire le danger et le péril permanent dans lesquels ils se trouvaient, on ressent en parallèle une répulsion et une colère indescriptible à la lecture de l'immense lâcheté et l'incroyable bassesse de ces traitres dont les mains sont souillés du sang des héros.
C'est un livre non seulement très interessant mais aussi important et nécéssaire.
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