Né à Luingne, dans les Ardennes belges, le 22 octobre 1922, d'un père médecin qui refuse de le reconnaître et d'une mère ouvrière qui ne s'occupe pas de lui, Jacques Desoubrie connaît une jeunesse vagabonde et difficile. Il travaille avant la guerre comme électricien dans la région de Tourcoing, près de la frontière franco-belge, et se montre très tôt attiré par l'idéologie nazie. Il est l'un des premiers, et des plus jeunes (il n'a que 19 ans), VM recrutés en France au début de l'Occupation par la Geheime Feldpolizei pour infiltrer les organisations résis- tantes naissantes. S'il est relativement inexpérimenté, le jeune homme présente de nombreux atouts pour les Allemands, notamment des compétences linguistiques (il parle français, allemand et anglais) et une adhésion totale au nazisme, dont il souhaite servir la cause. Desoubrie portera des coups très durs à la Résistance, jusqu'à la fin de la guerre. Le groupe de La Vérité française constitue sa première victime.
Au-delà de leurs propres instruments, les Allemands peuvent aussi compter sur l'aide croissante du régime de Vichy pour réprimer les résistants. En maintenant en France un gouvernement avec les apparences d'une certaine souveraineté et auquel revenait les tâches tra- ditionnelles du maintien de l'ordre, Hitler savait qu'il économiserait des effectifs considérables. Obsédé par l'affirmation de sa souveraineté et de son autorité, Vichy fait ouvertement le choix d'une collaboration policière qui permet aux forces de l'ordre françaises de garder la main sur les opérations traditionnelles de police et de maintien de l'ordre, même si cela sert en premier lieu les intérêts de l'occupant.