La science de Stephen King

Dans la vie réelle, nous sommes confrontés au fait de savoir que des fous pourraient tuer des millions de gens avec des armes nucléaires, chimiques ou biologiques. Nous ne nous intéressons pas vraiment au fonctionnement de ces armes, mais restons sinistrement fascinés parce qu'elles peuvent nous tuer tous.

Si vous rencontrez Ça une fois, vous en aurez toujours peur. Cette première rencontre terrifiante demeure dans votre esprit, enregistrée dans les amygdales. Lorsque Ça réapparaît, les amygdales ont le souvenir de cette rencontre terrifiante et libèrent dans le sang deux hormones : l'adrénaline, aussi appelée épinéphrine, et la norpinéphrine. Ces hormones accélèrent le rythme cardiaque et fournissent du sang aux muscles afin que vous puissiez fuir Ça rapidement.

Les humains ont combattu les pestes au cours de l'histoire. Au XIIe siècle, il y eut la Peste Noire. Au début du XXe siècle, la Grippe Espagnole était une forme mortelle de grippe aviaire. Et en 1978 est apparue la Super-grippe de Stephen King.

[...] malgré les monstres horribles de Dreamcatcher et des Tommyknockers, l'analyse finale de ses livres montre que les pires créatures sont le plus souvent les humains.

Dans la série [de la Tour Sombre], une race ancienne appelée les Anciens, qui vivait autrefois sur le Tout-Monde, a depuis lors disparu. Personne ne sait vraiment ce qui s'est passé, mais une explication possible serait une combinaison de guerre bactériologique et nucléaire. De nombreux habitants de Tout-Monde pensent que le Roi Cramoisi se cache derrière cette disparition. En conséquence, le monde est progressivement tombé en décrépitude. des cités entières ont disparu de la terre, des guerres ont éclaté sans raison et parfois le soleil se lève au Nord et se couche à l'Est. Parfois, il semble ne pas se coucher du tout, mais juste disparaître dans la brume. Le temps s'écoule à différentes vitesses sur Tout-Monde et rien de ce qui se passe n'est permanent. Ce monde est mourant. Selon les mots de King, il tombe en morceaux.

"La Tour Sombre" [la saga] est ainsi centrale dans l'oeuvre de King et peut être considérée comme unifiant tous ses écrits en un gigantesque univers mythique. Chacune des histoires individuelles devient élément d'une gigantesque tapisserie d'une épopée se déroulant en différents lieux et en différents temps. Au centre de la tapisserie, dans un champ entouré de roses rouges, trône la tour sombre.

Il est clair à la lecture d' "Insomnie" que les étages de la Tour Sombre sont les différents niveaux de la réalité. Les deux premiers étages sont ceux de l'espace tridimensionnel alors que le troisième et aussi peut-être le quatrième sont ceux de l'espace quadridimensionnel. Les humains vivent dans les deux premiers étages alors que les deux étages suivant sont le domaine des Moires et les créatures semblables apparaissant dans la série de la Tour Sombre.

Dans "Les Langoliers", les prémisses de la science-fiction moderne sont développés à leur maximum. Le temps n'est pas une rivière dans ce roman, mais une vague qui déferle sans jamais revenir. Un instant passé est perdu à tout jamais. Le voyage classique dans le temps est impossible parce que le futur n'existe pas encore et que le passé a été détruit. Le seul moment dans l'histoire est le présent parce que c'est le seul qui existe.
"Les Langoliers" est une des plus originales histoires de voyage dans le temps jamais écrites.

King et Alfred Hitchcock partagent cette habileté de nous faire peur par la psychologie au lieu de mettre en scène des monstres ou de montrer du sang. Tout comme King, Hitchcock s'est servi d'hommes et de femmes ordinaires pour faire croître la peur en nous. Ils confrontent des personnes innocentes à des circonstances bien au-delà de leur contrôle et de leur compréhension.

Pour tout écrivain, "Misery" est un chef-d'oeuvre de l'horreur dans lequel une infirmière folle et meurtrière est si obsédée par un auteur qu'elle l'enferme et le torture pour l'obliger à écrire ce qu'elle veut. L'infirmière est peut-être l'incarnation de la muse de l'écrivain qui l'oblige à continuer d'écrire sur un sujet dont il s'est lassé depuis longtemps.