Citations sur On reconnaît le bonheur au bruit qu'il fait en s'en all.. (61)
Je me dis que peut-être l'insouciance, c'est quelque chose qu'on a jusqu'à un certain âge, et lorsqu'on la perd, on ne la retrouvera plus jamais.
« Il y a quelque chose que j’aimerais dire à tous les bienheureux, tous ceux qui ont la chance d’avoir un père vaillant, un père qui peut prononcer leur nom, se lever, marcher avec eux, j’aimerais leur dire : « Fermez ce livre, ce plaisir solitaire du livre, vous avez toute la vie pour être seuls face à un livre, et sortez, descendez dans la rue, videz les artères des immeubles, répandez-vous sur les chemins en une hémorragie de fils et de filles, suivez le bruit de votre cœur qui bat et courez le retrouver. » Mon père n’était pas parfait. Il l’est devenu le jour où il a arrêté de parler, d’être froid, de toujours donner raison à ma mère, de me contredire. Ce jour où mon père est devenu invalide, je l’ai mis sur un piédestal. Mais ce sont toutes ses imperfections qui me manquent. »
Rien ne passe dans les yeux de mon père. Même la musique n'entre plus. Je sens les larmes monter. Les miennes. Pas les siennes. Dans ses yeux, il n'y a plus rien. Plus de lumière. J'éteins .
Ma mère trace son chemin. Les gens croient que ma mère est faible, mais elle est plus forte que tous ces gens réunis. Ma mère fait l’infaisable. Ma mère supporte l’insupportable. Elle ne se pose pas de question. Elle ne cille pas. Elle est forte de tout l’amour qu’elle porte en elle. Elle poursuit sa route, avec son homme à bout de bras. Elle n’écoute pas ceux qui lui disent d’abandonner. Elle n’écoute que lui. Elle n’entend que sa souffrance. Ma mère ne suscite pas de pitié. Elle provoque l’admiration. Ma mère n’a plus rien mais elle est riche. Riche de tout ce que les autres n’ont pas.
Ma mère est là où elle a toujours été. Très haut. Tout au-dessus.
Le cerveau n’a rien à voir avec l’amour.
On sait que chaque recoin cache un mystère, un animal étrange, une tribu, une pirogue qui suit le sillon d’un fleuve…
Le bonheur du passé nous réchauffe encore et encore. Nous le sortons de nous et nous nous rassemblons autour, tous les trois, serrés les uns contre les autres, voûtés autour de son feu déclinant. Comme trois misérables, collés tout près des braises, avec le froid glacial qui nous entoure. Les braises sont rouges encore et leur chaleur nous aide à rester vivants.
« Dieu nous préserve » pour éloigner le malheur. Quand un avion tombait, qu’un bateau coulait, quand une connaissance avait un cancer, ou qu’on risquait de rencontrer la tante Adrienne, celle qui faisait le mauvais œil, ma mère ouvrait sa main sur nous et nous disait : « Dieu nous préserve. » Elle s’armait de sa petite phrase comme une guerrière face au destin.
Et parfois, le miracle se produit quand il aperçoit quelqu’un qu’il aime. Il peut s’échapper un peu, laisser sortir une phrase, paraître un sourire… Il se faufile à travers la porte entrouverte et laisse entrer la lumière, il y a des souvenirs qui reviennent, diffus, et l’espace d’un instant, il se sent mieux.
Comme tous les enfants, j’ai détesté mon père quelquefois, sa rudesse, sa froideur. Son autisme face à mes sœurs et moi. Il venait me chercher à l’école, et dans la promiscuité de la voiture, incapables d’échanger une conversation, notre malaise était palpable.