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Critique de Lenocherdeslivres


La Terre tremble, se déchire. Tout s'effondre. La fin du monde semble proche. Il ne reste qu'une chance aux peuples de cette planète : s'unir malgré leurs différences et envoyer chacun un représentant, un parangon. Où ? Dans les entrailles de la montagne sacrée, gigantesque bloc de pierre qui recrache régulièrement les corps des imprudents qui ont osé le pénétrer. Mission de la dernière chance, mission suicide. Ils sont quarante et un à tenter leur chance.

Le début du roman est une présentation des parangons, ces champions désignés par leur pays, leur groupe pour les représenter lors de cette descente aux enfers. Rassurez-vous, on n'a pas le droit à une liste, ni à plusieurs portraits qui se suivent de façon artificielle. Non, Pierre Grimbert est plus fin que cela. Il parvient à nous faire découvrir ses principaux protagonistes de façon dynamique tout en mettant en place le décor et l'action. Ce début est très vivant et très prenant tant les tensions entre les différents personnages sont vives, tant les enjeux sont importants. On comprend rapidement que tous ne partagent pas le but officiel : descendre dans les entrailles de cette montagne sacrée afin d'y rencontrer les dieux et plaider la cause des humains. Et sauver les habitants de la planète. Certains, malgré les cataclysmes qui se multiplient et un air de fin du monde, ne cherchent dans cette mission que l'occasion d'obtenir la gloire et donc le pouvoir. D'autres visent la connaissance scientifique. D'autres, poussés par leur foi, espèrent voir de leurs yeux ceux qu'ils révèrent depuis des années. Mais, malgré les visées dissemblables, toutes et tous se présentent devant les portes en temps et en heure. Nous, lecteurs, n'en connaissons encore que quelques-uns. Heureusement, l'auteur ne nous les a pas présentés les quarante-et-un. Mais ce sont les plus représentatifs. Et les autres se feront connaître au cours de la progression.

Car, avec chaque changement de chapitre, on a un changement de personnage suivi. C'est ainsi que nous découvrons la plupart des protagonistes. Pour certains, cela sera bref, car les cadavres ne tardent pas à fleurir. le labyrinthe qui compose l'intérieur de la montagne est sans pitié et empli de désagréables surprises. Cela se transforme rapidement en jeu de massacre. Comme dans ces récits où une troupe se retrouve diminuée, amputée de ses membres au fur et à mesure. Ici, pas de répit : les choses sérieuses commencent dès le début et les pauses seront rares. Nous sommes avec les aventuriers, perdus devant l'étendue des couloirs et leur complexité, perdus devant le mystère qui entoure ce lieu et les phénomènes étranges qui l'habitent. Nous tentons de trouver avec eux le bon chemin, ou, du moins, le plus sûr. Nous tentons de déchiffrer les indices semés sur les murs ou dans l'anatomie des monstres qui s'abattent sur les parangons afin de nous faire une vision d'ensemble. Mais, dans l'obscurité, avec des règles qui défient les lois naturelles, comment faire ? Comme dans la novella d'Adrian Tchaikovsky, Sur la route d'Aldébaran, l'essentiel du récit a lieu dans des boyaux obscurs où plane le danger. Mais dans ce court texte, c'est le narrateur qui apporte le plus souvent la mort. Alors qu'ici, ce sont les nouveaux arrivés qui la subissent. Et on comprend vite pourquoi il fallait qu'ils soient quarante-et-un pour avoir une chance de voir au moins l'une ou l'un d'entre eux parvenir au bout. Mais ce bout, où est-il ? Et que peut-on espérer y trouver ?

Car, et je serai bref pour ne pas divulgâcher, cette montagne est tout sauf ordinaire. Ce n'est pas pour rien que l'on pense qu'elle est le siège des dieux de cette planète. Plus la troupe avance, plus elle remarque les distorsions d'avec la réalité. La gravité n'est pas la même partout. Les murs ont une consistance étrange et, dans certaines parties, paraissent émettre une lumière encourageante. Tout semble fait pour éliminer les intrus, comme si quelqu'un avait construit un piège géant. Mais dans quel but ? Et qui serait capable d'un tel prodige ? Les dieux ? Et si oui, pourquoi se cacher ainsi ? Soyez rassurés, la fin du roman apporte des réponses à toutes ces questions. Elles ne sont pas forcément classiques, mais expliquent parfaitement tout le dispositif et apportent une certaine profondeur à l'ensemble.

Car le sang des parangons pourrait n'être qu'un livre de massacre, jouant sur les peurs et les pulsions sadiques des lecteurs. Il n'en est rien. Si l'aventure est bien là, tout comme le suspens quant à la survie des protagonistes, il plane un mystère plus ambitieux sur tout cela. Et les interrogations des personnages ne manquent pas de profondeur, chacun finissant par s'interroger sur ses motivations et, même, sur la réalité du monde et de ses croyances. Des remises en question salutaires et proposant de belles réflexions (vous savez que j'aime bien ne pas me contenter de l'histoire, mais chercher toujours un peu derrière de quoi me nourrir).

Ainsi donc, le sang des parangons est un roman que j'ai apprécié : lecture moins dense que d'autres, mais pas superficielle pour autant. Lecture plaisir, plaisir de frissonner. Plongée dans les entrailles de la terre, dans le fond de nos esprits. Une lecture tout à fait recommandable.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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