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EAN : 9782354089863
320 pages
Editions Mnémos (26/08/2022)
3.78/5   118 notes
Résumé :
Le monde des hommes est en train de s’effondrer. Et toutes les prières, tous les sacrifices, semblent incapables d’y remédier. L’humanité assiste, impuissante, à son crépuscule. Une dernière chose doit cependant être tentée. Une folie, à la hauteur de cette situation désespérée.

Chaque nation, chaque territoire a ainsi désigné son champion. Certains sont des sages, des savants, ou des dévots. D’autres sont des mercenaires, des aventuriers ou des cheva... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (55) Voir plus Ajouter une critique
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Les Dieux rugissent de colère, et le monde des hommes se disloque. Les terres se crevassent et s'effondrent ; les océans se déchainent ; les volcans crachent leur feu…
Tous les peuples des Hommes, du plus riche au plus pauvre, du plus grand à l'insignifiant, ennemis jurés ou alliés de toujours, envoient leur champion pour implorer le pardon de ces Dieux courroucés.
Guerriers ou guerrières armés jusqu'aux dents, sages vêtus de hardes, hauts dignitaires religieux, princes héritiers, rois, reines, mercenaires ou anciens esclaves, cette troupe hétéroclite partent à leur rencontre et s'enfoncent dans la montagne sacrée.
C'est là, dans ses tréfonds, qu'habitent les Dieux depuis la nuit des temps. Mais avant de pouvoir pénétrer dans leur autel pour se prosterner devant eux, ils devront affronter des dangers légendaires en s'enfonçant toujours plus loin dans le ventre de la montagne.
Beaucoup d'autres, des armées entières, s'y sont essayés : la montagne a toujours recraché leurs cadavres. Au tour des meilleurs, des champions, des parangons, de s'y risquer.
Les dangers qu'ils rencontrent dans ses boyaux sombres, ses galeries glaciales, sont terrifiants. Faut-il que ces Dieux soient cruels et impitoyables pour accepter de telles horreurs !
Quelle variété de caractères et de tempéraments parmi ces parangons : l'ambition, l'arrogance, la rage, l'orgueil, l'amour du prochain, la piété, le mépris, l'amertume, la jalousie… Dans cette marche interminable et cauchemardesque, vous aurez l'occasion de haïr certains personnages, et d'en aimer d'autres… Autant vous l'avouer, vos préférés ne seront pas toujours ceux qui survivront à ces cercles de l'enfer.
J'ai bien aimé ce roman de Fantasy. Il est bien plus qu'un récit solide et bien construit ! On sent le souffle de l'épopée, celui des âges obscurs. Quant à ces parangons, ils sont du bois dont on fait les légendes…
Un grand merci aux éditions MNÉNOS pour m'avoir offert ce livre.
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La Terre tremble, se déchire. Tout s'effondre. La fin du monde semble proche. Il ne reste qu'une chance aux peuples de cette planète : s'unir malgré leurs différences et envoyer chacun un représentant, un parangon. Où ? Dans les entrailles de la montagne sacrée, gigantesque bloc de pierre qui recrache régulièrement les corps des imprudents qui ont osé le pénétrer. Mission de la dernière chance, mission suicide. Ils sont quarante et un à tenter leur chance.

Le début du roman est une présentation des parangons, ces champions désignés par leur pays, leur groupe pour les représenter lors de cette descente aux enfers. Rassurez-vous, on n'a pas le droit à une liste, ni à plusieurs portraits qui se suivent de façon artificielle. Non, Pierre Grimbert est plus fin que cela. Il parvient à nous faire découvrir ses principaux protagonistes de façon dynamique tout en mettant en place le décor et l'action. Ce début est très vivant et très prenant tant les tensions entre les différents personnages sont vives, tant les enjeux sont importants. On comprend rapidement que tous ne partagent pas le but officiel : descendre dans les entrailles de cette montagne sacrée afin d'y rencontrer les dieux et plaider la cause des humains. Et sauver les habitants de la planète. Certains, malgré les cataclysmes qui se multiplient et un air de fin du monde, ne cherchent dans cette mission que l'occasion d'obtenir la gloire et donc le pouvoir. D'autres visent la connaissance scientifique. D'autres, poussés par leur foi, espèrent voir de leurs yeux ceux qu'ils révèrent depuis des années. Mais, malgré les visées dissemblables, toutes et tous se présentent devant les portes en temps et en heure. Nous, lecteurs, n'en connaissons encore que quelques-uns. Heureusement, l'auteur ne nous les a pas présentés les quarante-et-un. Mais ce sont les plus représentatifs. Et les autres se feront connaître au cours de la progression.

Car, avec chaque changement de chapitre, on a un changement de personnage suivi. C'est ainsi que nous découvrons la plupart des protagonistes. Pour certains, cela sera bref, car les cadavres ne tardent pas à fleurir. le labyrinthe qui compose l'intérieur de la montagne est sans pitié et empli de désagréables surprises. Cela se transforme rapidement en jeu de massacre. Comme dans ces récits où une troupe se retrouve diminuée, amputée de ses membres au fur et à mesure. Ici, pas de répit : les choses sérieuses commencent dès le début et les pauses seront rares. Nous sommes avec les aventuriers, perdus devant l'étendue des couloirs et leur complexité, perdus devant le mystère qui entoure ce lieu et les phénomènes étranges qui l'habitent. Nous tentons de trouver avec eux le bon chemin, ou, du moins, le plus sûr. Nous tentons de déchiffrer les indices semés sur les murs ou dans l'anatomie des monstres qui s'abattent sur les parangons afin de nous faire une vision d'ensemble. Mais, dans l'obscurité, avec des règles qui défient les lois naturelles, comment faire ? Comme dans la novella d'Adrian Tchaikovsky, Sur la route d'Aldébaran, l'essentiel du récit a lieu dans des boyaux obscurs où plane le danger. Mais dans ce court texte, c'est le narrateur qui apporte le plus souvent la mort. Alors qu'ici, ce sont les nouveaux arrivés qui la subissent. Et on comprend vite pourquoi il fallait qu'ils soient quarante-et-un pour avoir une chance de voir au moins l'une ou l'un d'entre eux parvenir au bout. Mais ce bout, où est-il ? Et que peut-on espérer y trouver ?

Car, et je serai bref pour ne pas divulgâcher, cette montagne est tout sauf ordinaire. Ce n'est pas pour rien que l'on pense qu'elle est le siège des dieux de cette planète. Plus la troupe avance, plus elle remarque les distorsions d'avec la réalité. La gravité n'est pas la même partout. Les murs ont une consistance étrange et, dans certaines parties, paraissent émettre une lumière encourageante. Tout semble fait pour éliminer les intrus, comme si quelqu'un avait construit un piège géant. Mais dans quel but ? Et qui serait capable d'un tel prodige ? Les dieux ? Et si oui, pourquoi se cacher ainsi ? Soyez rassurés, la fin du roman apporte des réponses à toutes ces questions. Elles ne sont pas forcément classiques, mais expliquent parfaitement tout le dispositif et apportent une certaine profondeur à l'ensemble.

Car le sang des parangons pourrait n'être qu'un livre de massacre, jouant sur les peurs et les pulsions sadiques des lecteurs. Il n'en est rien. Si l'aventure est bien là, tout comme le suspens quant à la survie des protagonistes, il plane un mystère plus ambitieux sur tout cela. Et les interrogations des personnages ne manquent pas de profondeur, chacun finissant par s'interroger sur ses motivations et, même, sur la réalité du monde et de ses croyances. Des remises en question salutaires et proposant de belles réflexions (vous savez que j'aime bien ne pas me contenter de l'histoire, mais chercher toujours un peu derrière de quoi me nourrir).

Ainsi donc, le sang des parangons est un roman que j'ai apprécié : lecture moins dense que d'autres, mais pas superficielle pour autant. Lecture plaisir, plaisir de frissonner. Plongée dans les entrailles de la terre, dans le fond de nos esprits. Une lecture tout à fait recommandable.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Je remercie vivement les éditions Mnémos pour l'envoi ce très bel ouvrage, agréable à feuilleter et très joliment illustré par Matteo Bassini.
Etrange nouveau roman que produit là Pierre Grimbert, en tous cas pour le lecteur de fantasy peu aguerri que je suis. Avant de plonger dans cette lecture, peut-être aurais-je dû mieux étudier la couverture noire et sang, qui nous prépare au pire.
Dans les premiers chapitres (chapitres tous courts et incisifs) , les lecteurs du Secret de Ji pourront comme moi se croire à nouveau immergés dans un univers fantasy somme toute assez classique, voire dans la caricature d'un maître de jeu de rôles peu imaginatif : des héros désignés par les peuples de la terre partent explorer une montagne sacrée pour sauver le monde. Chacun est doté d'aptitudes plus ou moins magiques (à grand renfort de drogues et d'arnaques), les amitiés et inimitiés se nouent, et la petite troupe s'ébranle mollement à l'assaut de la montagne mystérieuse...
Mais que nenni, lecteur ! Point de belle chasse au trésor juvénile, pleine de bons sentiments et de hauts faits d'armes à conter devant les cours !
A mesure que les monstres, qui pourraient confiner au grotesque s'ils ne symbolisaient pas nos peurs les plus ancrées, s'abattent sur les héros tombant comme des mouches, le roman se révèle : plus dark, plus science fiction, plus profondément et morbidement dérangeant , écho de ce début de XXIème siècle d'incertitude.
Les héros n'en sont pas : entre bravoure et ridicule, ils ne sont que les sacrifiés fantoches d'une humanité qui se cherche, entre passions superficielles et mesquineries sociales. L'aventure se poursuit pleine de rebondissements... de pierres qui roulent froides et inexorables au fond de l'abîme. Triste répétition, où les héros-sisyphes s'agitent comme des mouches sur leur ruban collant.
Le véritable personnage principal s'impose alors, avide (?) ou buvard inerte du sang des parangons : le gouffre infernal, racine de la montagne est à la fois caverne originelle et psychanalytique , et sinistre vortex du futur.
D'où vient-il, où nous mène-t-il ? Faut-il l'idolâtrer, négocier, le combattre ? A-t-il seulement une volonté propre ? Un seule certitude : l'humanité peut périr. C'est au fond du désespoir le plus complet que les parangons trouveront la réponse à leurs questions, et aux nôtres. Pas celle que l'on attendait bien sûr...
Pierre Grimbert met à nouveau sa plume alerte au service de réflexions personnelles sur le sens -ou non-sens- de notre réel quotidien et rassurant. Exploitant avec brio les astuces d'une fantasy convenue qui habituellement nous évade, il nous ramène avec sévérité et roublardise à la rude responsabilité de nos actes, vis à vis de nous-mêmes, de nos semblables, et de la terre qui nous porte, et en même temps à l'inanité de nos intentions, devant une impermanence où nous pesons poussière.
Un ovni de science fiction et et dark fantasy, déstabilisant, agaçant, dérangeant... le genre de roman que l'on referme avec un goût amer et ferrugineux dans la bouche.... impossible donc de lui attribuer un joyeux emoji... ni même 4 étoiles, tant est grand le ressentiment de l'innocent désillusionné ; mais force est de saluer l'implacable efficacité du (dé ?) mystificateur : ouvrez les yeux, mortels ! ça fait mal , mais on en redemande.
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Avec le sang des parangons, Pierre Grimbert offre une oeuvre de fantasy très sombre, haletante et originale. le décor de fin du monde est posé : les catastrophes naturelles se multiplient, le monde se disloque, entraînant ainsi la disparition de peuples entiers. En désespoir de cause, chaque royaume – quel que soit l'étendue de son pouvoir ou de ses richesses – envoie un parangon à la montagne sacrée. Cette troupe hétéroclite de guerriers, archers, mais aussi de philosophes, grimpeurs, pisteurs, rois et reines, mages et prêtresses, doivent composer ensemble afin d'affronter la montagne. Leur objectif ? Parvenir à trouver les Dieux, et empêcher la fin du monde.

Le synopsis est en lui-même porteur d'un suspens angoissant : un enjeu colossal, nécessitant une collaboration peu intuitive de la part d'individus de tous horizons, à l'assaut d'une montagne mystérieuse devant laquelle s'amoncellent des cadavres des précédentes escouades de parangons. En somme, une mission démentielle avec de faibles chances de réussite.


- Suspens et huis-clos : frissons garantis

Rythmés, les chapitres sont incisifs, poignants, et n'épargnent en rien ces champions des quatre coins du monde.
Une fois les parangons entrés dans la montagne, le récit s'assombrit, imprégnant le lecteur d'une ambiance de danger imminent. L'avancée est difficile, les chapitres apportent leur lot de victimes, de rencontres inattendues, de doutes quant à l'issue de la mission, de débats stratégiques sur les chemins à prendre, ou de réflexions spirituelles. La noirceur du roman se maintient tout du long, laissant filtrer un infime espoir pour nos héros, et en tant que lecteur, nous sommes avides de réponses : vont-ils survivre ? vont-ils rencontrer les Dieux ? Les Dieux existent-ils seulement ? Vont-ils sauver le monde ?

Ces questions sont d'autant plus présentes que l'auteur ne s'attarde pas sur les éléments de contexte, pas plus que sur les relations entre les Royaumes – que l'on devine complexes, faites de jeux d'alliance, et de guerre – sans pour autant en connaître les tenants et les aboutissant. Ce flou renforce l'ambiance de huis-clos angoissant : le monde est certes vaste, mais tout se joue dans la montagne.

L'auteur jongle habilement entre fatalité et espoir, emmenant le lecteur dans une descente aux enfers dont on ne voit pas le bout. Il s'avère sans pitié avec ses personnages. La fréquence et la cruauté des pertes chez les parangons rappellent, tant aux champions survivants qu'aux lecteurs, comme l'Homme est petit face à l'univers, impuissant face au temps qui passe, soumis à la force des éléments naturels.


- Les personnages : à foison, mais tout de même travaillés

Originalité du roman, l'auteur parvient à nous faire rencontrer une ribambelle de personnages très divers.
Certains sont venus en quête de gloire, d'autres dans l'espoir d'une rédemption, certains y attendent la mort, d'autres ont soif de vérité, l'une cherche son frère, l'autre cherche l'occasion d'évincer un rival… Les personnages disposent d'autant d'ambitions différentes que de compétences opposées, allant de la sagesse à la force brute, en passant par l'art de se faufiler dans le labyrinthe des souterrains, celui de grimper ou de soigner…
Ce brassage d'origines, d'aspirations et de compétences différentes ne va pas sans créer des tensions, exacerbées par les conflits politiques opposant certains Royaumes. Comme si les périls de la montagne n'étaient pas suffisants, viennent s'insérer, dès le début du roman, avant même qu'ils ne pénètrent dans la montagne, les dangers de la division, du manque d'unité et de confiance.

Cette diversité de personnages apporte donc un renfort du suspens, et une complexité de l'intrigue. Bien que certains apparaissent de manière très fugace dans le récit, l'auteur parvient à créer à chacun une identité sans tomber dans les stéréotypes. Il y a, certes, un paquet de gros bras, mais l'on trouve également d'autres personnages moins courants. Je citerais à titre d'exemple Jio (le moine qui se balade nu), la prêtresse fantôme (transcendée par les pouvoirs de la montagne, elle parvient à tuer les montres avec le toucher) ou encore le philosophe aux yeux bandés…


- le choix narratif : original et adapté 

La forme du roman est, par ailleurs, très atypique : chaque chapitre est consacré à un personnage différent. Ce choix s'avère judicieux, il donne une hauteur de vue au lecteur, qui bénéficie du point de vue de personnages très divers, et renforce l'enjeu universel de leur quête.

Il permet aussi de faire comprendre au lecteur qu'il est ici inutile de s'attacher plus à un personnage qu'à un autre, et il donne libre place au réel protagoniste du roman, celui contre qui les aventuriers se battent : la montagne sacrée elle-même.

Ce choix implique également qu'aucun champion n'est à l'abri, et garantit un total suspens pour le lecteur, incapable de prédire quels seront les survivants de cette expédition, ni même d'ailleurs s'il y en aura.


- le dénouement :

Après un tel suspens, il va sans dire que le dénouement est crucial et fortement attendu. Je n'ai pas été déçue de la fin, qui boucle la boucle.

Néanmoins, je me suis longuement creusée la tête et j'en suis venue à considérer deux interprétations possibles.




En conclusion, le sang des parangons est un roman de dark fantasy avec un choix narratif aussi inhabituel qu'à-propos. Lecture frisson, je suis convaincue que cela ferait un excellent film d'horreur, non seulement grâce au suspens lié à la fréquence des morts ou à l'angoisse des monstres ;
mais aussi en raison de l'aspect psychologique - certains personnages étant poussés vers la folie, la possession ou le désespoir ;
ou encore en raison de la puissance qui émane de cette montagne, distordant le temps et les lois de la gravité, semblant avoir une conscience malveillante, poussant les aventuriers dans des pièges.
Séduite par le rythme soutenu des chapitres courts et percutants, je suis encore davantage conquise par la fin du roman qui confère une profondeur au récit. Elle offre des réponses, tout en laissant aux lecteurs le choix d'interpréter une part d'ombre, celle propre aux légendes traversant le temps.
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Cela faisait bien longtemps que le nom de Pierre Grimbert ne s'était pas retrouvé en gondole des librairies. Vingt ans après le succès de sa série « Le secret de Ji », le voilà qui signe son grand retour chez Mnémos avec un one-shot qui lorgne à nouveau plutôt vers la fantasy épique. le roman met en scène un monde crépusculaire dont les habitants s'inquiètent de la probable disparition à court terme. Les catastrophes naturelles s'enchaînent, et il est à craindre qu'une secousse plus puissante que les autres ne vienne définitivement à bout de toute trace d'humanité. La gravité de la situation est telle que tous les dirigeants du monde sont parvenus à se mettre d'accord pour tenter le tout pour le tout, en misant sur une action collective. Chaque nation a ainsi désigné un ou une représentant.e, des « parangons », qui ont accepté de participer à une expédition périlleuse visant à demander la protection des dieux dont on prétend qu'ils résident au coeur d'une montagne sacrée où tous se sont rassemblés. Ils sont quarante-et-un à avoir été ainsi désignés et exercent des positions aussi variées que souverains, religieux, guerriers, érudits et même voleurs et mendiants. Tous ont bien conscience de l'importance de leur mission, mais aussi de sa dangerosité, puisque les précédentes expéditions, composées exclusivement de guerriers, se sont soldées par des échecs, comme le témoigne la montagne de cadavres qui s'entasse au pied de la montagne. L'auteur pose succinctement les bases de son univers dès les premières pages, avant de nous plonger presque immédiatement au coeur de l'action. Consacrée à la pénible progression des parangons sous la montagne, l'intrigue pourrait, à première vue, paraître quelque peu monotone compte tenu de la simplicité du décor et de l'enchaînement prévisiblement répétitif des péripéties (une nouvelle salle / des monstres / des morts). Or le roman est bien plus riche que ce que laisse présager cette trompeuse première impression. D'abord parce que le récit est mené tambour battant : on ne s'ennuie pas une seconde, les rebondissements s'enchaînant à une vitesse folle qui encourage à pousser toujours plus loin la lecture, et ce d'autant plus que les chapitres sont la plupart du temps assez courts.

Ensuite, parce que le roman repose sur un procédé narratif original qui consiste à changer de narrateur à chaque chapitre (ce qui est courant) pour ensuite ne plus jamais adopter à nouveau son point de vue (ce qui l'est moins). Par ce procédé audacieux, Pierre Grimbert nous permet de nous familiariser avec un nombre considérable de personnages pour un roman aussi court, en donnant à chacun l'occasion d'occuper le devant de la scène à un moment ou un autre. Pas de figurants donc, ou très peu, mais une multitude de protagonistes que l'on découvre une première fois avant de ne les retrouver que par le regard d'un autre membre de l'expédition. Bien que déroutante dans un premier temps, la plupart des personnages présentés dans les premiers chapitres s'étant révélés prometteurs, la technique permet de mieux rendre compte des dynamiques collectives ainsi que de mieux cerner la diversité des profils et des objectifs de chacun.e. Car si l'expédition elle-même semble à priori reposer sur des motifs philanthropiques, certains ont bien l'intention de profiter du voyage dans lequel ils ne se sont pas engagés sans arrière-pensées. Les profils des personnages sont variés, et c'est aussi ce qui fait le charme du roman. Certes, la plupart peuvent paraître parfaitement stéréotypés : le voleur indigne de confiance, le chevalier rigide, la guerrière bad-ass, sans oublier l'archer, le souverain avide de pouvoir, le traître, le dévot fanatique, la pisteuse… Tous bénéficient néanmoins d'une personnalité fouillée, ce qui permet à l'auteur de jouer avec le cliché tout en le contournant habilement. le choix de ne pas mettre en avant que des guerriers/guerrières, mais aussi des profils plus atypiques comme l'érudite, le voûtier, la chanteuse ou encore la négociante, est également à saluer car il permet au lecteur de prendre un peu de recul sur l'action. Celle-ci reste néanmoins omniprésente, notamment par le biais de scènes de combat contre des créatures toutes plus écoeurantes les unes que les autres. La succession de mauvaises rencontres qui rogne peu à peu sur les effectifs de l'expédition participe évidemment à accentuer l'ambiance oppressante du récit. On se trouve en effet pendant la quasi totalité du texte sous terre, entouré d'insectes grouillants et menaçants, dans un environnement qui semble vivant et dont on ne comprend pas les intentions, si bien qu'on ne peut empêcher une sensation de claustrophobie de nous envahir par moment. La conclusion de l'histoire est satisfaisante, ni frustrante ni décevante, mais à la fois surprenante et, après réflexion, parfaitement adaptée.

Pierre Grimbert revient sur le devant de la scène des littératures de l'imaginaire avec un nouveau roman de fantasy épique captivant qui séduit autant par son sens du rythme et le côté spectaculaire de ses scènes de combat que par la qualité de ses (nombreux !) personnages. Claustrophobes et entomophobes s'abstenir !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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critiques presse (1)
Elbakin.net
25 août 2022
Pierre Grimbert nous offre un récit solide, haletant, qui ravira les fans du genre. Un périple divin, mystique, mais à hauteur d’hommes et de femmes, qui, malgré leur statut de parangons, sont loin d’être sans failles, ce qui fait tout leur charme.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Mais peut-être imaginez-vous que les mages sont capables de léviter, de traverser les murs, ou de générer des boules de feu ravageant tout sur leur passage ? Si je vous fais la démonstration, vous en serez probablement convaincue ? Pourtant, je vous l’annonce, cela n’est que le résultat de mensonges entretenus pendant des siècles par mes pairs, et leurs pairs avant eux. Chaque nouvelle génération a été préparée à croire en la magie. Mais en réalité, mon art n’est qu’illusion.
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Pourtant, malgré nos différences, malgré nos conflits, nous sommes parvenus à nous mettre d'accord sur l'absolue nécessité de ce voyage jusqu'ici. La montagne a déjà produit un miracle, car tous les peuples qui y sont représentés y respectent une trêve que la plupart jugeaient impossible lorsque l'idée fut lancée.
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Il considérait la patience comme une vertu suprême, et trouvait dans le fatalisme une certaine sérénité. Après tout, si des événements terribles devaient se produire, les connaître par avance ne pourrait rien y changer.
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Ce que vous avez accompli devant vos sœurs n'a été possible que parce qu'elles voulaient y croire. Là est peut-être le seul véritable pouvoir de l'humain : son esprit, son imagination et la force de persuasion qui permettent de déformer la réalité à sa guise, parfois en totale contradiction avec les lois naturelles.
[...]
Deux ou trois millénaires supplémentaires n'y changeront rien : nous continuerons à nous inventer des chimères, à leur porter davantage de crédit qu'à ce que nous avons sous les yeux, et à prendre des décisions sur ces bases erronées, le plus souvent pour des conséquences tragiques.
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Lorsque nous sommes en désaccord avec quelqu'un, nous faisons souvent l'erreur de le croire idiot ou injuste, alors qu'il s'agit toujours, et seulement, d'une différence de perspective.
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Videos de Pierre Grimbert (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Grimbert
À l'occasion de la sortie de son nouveau roman le 26 août 2022, l'auteur du Sang des Parangons a répondu à nos questions dans ce nouvel épisode intitulé "J'irai lire chez Pierre Grimbert".
*** Ils étaient les champions de l'humanité, choisis pour aller implorer l'aide des dieux. Mais pour sauver le monde de la destruction, ils devaient d'abord en affronter les plus anciens dangers. Le monde des hommes est en train de s'effondrer. Quelques royaumes ont déjà disparu à jamais, engloutis par le sol qui s'ouvrait sous leurs cités, réduits en cendres par la lave et les flammes qui composent désormais leur seul paysage. Et toutes les prières, tous les sacrifices, semblent incapables d'y remédier. L'humanité assiste, impuissante, à son crépuscule. Une dernière chose doit cependant être tentée. Une folie, à la hauteur de cette situation désespérée. Chaque nation, chaque territoire a ainsi désigné son champion. Certains sont des sages, des savants, ou des dévots. D'autres sont des mercenaires, des aventuriers, des guerriers ou des chevaliers. Et il se trouve même des rois et des reines… Ensemble, ils vont devoir pénétrer la montagne sacrée, siège du palais souterrain des dieux. Et s'ils parviennent jusqu'aux éternels, malgré les dangers légendaires que renferme cet endroit, ils devront les convaincre de sauver leur monde agonisant. En les suppliant… ou bien en les défiant, si nécessaire.
*** Le Sang des Parangons de Pierre Grimbert Le 26 août en librairie.
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