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Critique de Fleitour


L'art est difficile, suggérait Jean-Baptiste Harang, dans son livre paru chez Julliard, rencontrant les auteurs avant d'écrire ses chroniques.
Nous connaissons tous quelques auteurs, mais au-delà c'est le flou. C'est bien le sentiment que j'éprouve devant ce livre Furies de Lauren Groff, ah ! Si elle avait pu me réserver un entretien, dommage.


J'avoue avoir adoré ce livre, car je suis aux anges quand la prose me résiste quand l'histoire est opaque et les personnages insaisissables. C'est cette jungle que j'ai trouvée avec plaisir dans ce roman fleuve aux échos si discordants.


S'il fallait retenir un thème, ce serait une mission délicate. C'est un livre sur le théâtre, certes, est-ce un livre sur les rapports amoureux, est-ce un livre sur l'enfance, ou est-ce un livre qui met en scène une femme, une mère dont nous nous ne savons pas grand-chose mais qui est peut-être le personnage central qui tire les ficelles.


Donner la parole à Lotto, le dramaturge, sans trop se poser de questions, revenait à dresser une très belle fresque du monde du théâtre et désigner naturellement Lancelot Satterwhite, dit lotto, comme le grand dialoguiste américain, auteur de la sublime tragédie, « Les Sources ».

la narration, s'engage, alors sur la mise en scène d'une caricature débridée de ce théâtre contemporain, Lauren Groff s'y lance pour notre plus grand plaisir, à n'en pas douter, elle se délecte.

Les créations de Lancelot sont de plus en plus fantaisistes et confuses.Elles seront pourtant d'autant plus acclamées par les critiques branchés, et notamment Phobe Delmar la bête noire des auteurs, quelles sont fumeuses et énigmatiques. Leurs succès seront éphémères et comme par hasard leurs qualités s'effondrent.

le grand n'importe quoi, éclate avec Antigonade, la nouvelle version d'Antigone, un mixage de la Grèce, antique, et de l'Angleterre d'aujourd'hui, puis un assemblage de tous les arts, de la vidéo qui se substitue au texte, de l'opéra en direct, ou des bruits de la rue et du métro.
Ainsi, à l'acte un," il y a sur la scène une citerne remplie d'eau , éclairée pour imiter une grotte!Un choeur d' Ouvriers perçant le tunnel...p 174".


Dans cette ambiance déjantée le créateur d'Opéra, Léo Sen, apparaît dans l'intrigue, à point nommé. C'est le signal que Lauren Groff préparait pour faire basculer son récit. Léo Sun ce jeune musicien cache un mal être trop profond, il ira le sonder seul, dans des eaux trop glacées. Cet épisode, annonce la 2ème partie, Mathilde.


Tout ce qui était beau se fissure, les personnage flottent avant de sombrer, des intrigants sont démasqués, l'arrivée d'un jeune homme, va créer un malaise.


Ainsi s'ouvre la deuxième partie, sur la vie du couple Lancelot-Mathilde, vue avec les yeux et le passé de Mathilde. On ne sait rien de Mathilde ou si peu, comme la déclaration faite par Lancelot au cours de ce bal d'étudiants, "épouses moi aujourd'hui" Mathilde a répondu oui. Cette version est celle de Lancelot, celle qu'il racontait.
Mais était-ce la vérité ?

Mathilde d'où vient-elle, quel est son nom ? Son passé ?

Nous découvrons bien vite que Mathilde est plutôt une femme trouble un personnage complexe, une Mata Hari prête à tout pour arriver à ses fins. Espionne et parfois aventurière son passé va l'aider à conquérir Lancelot. Pour cela il faut passer par-dessus la mère, la maman de Lancelot qui veille, un pacte sera scellé, inconnu de tous.

Mathilde a des comptes à rendre une vengeance ou des vengeances à solder cette deuxième Mathilde sorte de mégère va déployer dans l'ombre toute sa méchanceté. Rappelons-nous ce vers de Jean Racine ou une des Mégères, personnage de la Grèce antique, la plus hideuse des furies est évoquée : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ».

Cette deuxième partie, est un festival de rebondissements, c'est la réécriture de la vie du dramaturge Lancelot qui n'aurait jamais pu émerger sans sa muse.

Un livre passionnant qui renvoie à de nombreuses facettes de la vie des jeunes Américains.

Reste à découvrir cette fresque et à se faire sa propre opinion de ce roman à tiroirs. Mais que le caractère de Mathilde est intéressant, enjôleuse telle une Mata Hari dans toutes ses excessives postures, alimentée par une enfance d'apocalypse où traîne quelles que cadavres.


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