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Critique de fanfanouche24


Emprunté dimanche 21 janvier 2024 à la réserve de la médiathèque

***Coup de coeur
Un très court texte d'une cinquantaine de pages, et toutefois d"une extrême densité bouleversante... à valeur universelle !

1960: le narrateur, brillant ingénieur chimiste ayant réussi, père de famille, installé confortablement à Moscou se souvient de sa jeunesse, 30 ans auparavant, alors qu'il était fier d'aller travailler comme chimiste dans l'une des mines du Donbass, parmi les plus dangereuses et plus profondes...
Il y rencontre un groupe d'amis de son âge, le temps des beuveries et des grandes discussions où chacun était persuadé de s'engager dans un "avenir radieux"...et prestigieux !

Parmi ces brillants jeunes intellectuels aux nombreux talents, un seul détonnait dans le groupe: un certain Krougliak, juif provincial, aux origines très modestes , toujours sociable, amical, hospitalier ; en dépit de ses qualités, il était l'objet de plaisanteries méprisantes et traité avec condescendance par le reste du groupe.

"Oui, nous étions tous différents, par nos caractères comme par nos spécialités, nos destins et nos espoirs n'étaient pas les mêmes.Mais il y avait quelque chose qui liait tout le monde: le phosphore, le sel de la terre !
Et de fait, tous ces étudiants gais, bambocheurs, amateurs de discussions, de gros mots et d'alcool devaient devenir des gens célèbres. (...)

Le seul dans notre groupe à n'avoir ni phosphore ni sel de la terre et à ne pas briller dans les amphithéâtres des universités, était David Abramovitch Krougliak."

...Et pourtant, parmi tous ces jeunes ambitieux, il est le seul à rendre service, à être toujours dans l'empathie, dans la plus grande discrétion ; les autres , le narrateur compris, ont tendance à être bien oublieux....

Alors, trente ans après, notre narrateur ayant réussi, se retrouve cependant dans une profonde dépression...
Garde-t-il une certaine culpabilité envers son ami, Krougliak , qu'il a délaissé injustement ?

Car Krougliak fut pourtant le seul à réchauffer le coeur du narrateur, quand il etait seul et malade dans les mines du Donbass ; toujours le seul à le soutenir quand il fut accusé de " cosmopolitisme " et que ses autres amis l'évitaient et l'ignoraient même....
Tous ses amis devenus importants, seul , Krougliak , le " perdant" lui offrit spontanément son soutien !

"Plus qu'une parabole sur l'opportunisme de l'amitié, "Le Phosphore", rédigé entre 1958 et 1962, évoque la vie même de Vassili Grossman. Et en particulier les "trahisons ordinaires" qu'il dû subir dans les années 60 lorsque son roman "Vie et destin" fut saisi par le KGB."(4e de couv)

Doublement réjouie de découvrir ce texte humainement intense , et grandement surprise de le dénicher dans les réserves de ma médiathèque...Devant donc en faire la demande à une bibliothécaire, nous nous sommes rendus compte avec la bibliothécaire, que cet orphelin tellement oublié dans une réserve poussiéreuse, n'était pas empruntable car pas équipé correctement ( de ses pastilles magnétiques)...Le nécessaire fut fait, et je repartis en ce dimanche pluvieux avec un rayon de soleil au coeur, ayant l'impression d'avoir rendu visite enfin...à un ami injustement oublié de tous; impression doublement confirmée losque j'ai constaté avec regret, qu'il n'y avait aucune chronique de lecteur sur cet écrit de Vassili Grossman, qui mérite pourtant grandement une lecture attentive !



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