AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JIEMDE


C'est assez rare que je fasse des incursions du côté sud de cette Amérique dont j'ai fait ma zone littéraire de prédilection. Pas par rejet, mais que voulez-vous, il faut bien faire des choix !

Toutefois, déjà séduit l'an passé par les premiers titres (Robert, Harté…) de cette collection Les Passe-Murailles du Cherche-Midi qui fait s'accorder l'histoire et un lieu, je n'ai pas eu beaucoup de mal à ouvrir les pages de Cordillera de Delphine Grouès.

Quand on est né au pied de la cordillère des Andes dans le Chili du XXe siècle qui débute, on devient généralement et rapidement un arriero, ces éleveurs fiers et sombres dont la chaîne de montagne est la 2e maison, y faisant d'incessants séjours pour y transhumer ou surveiller les bêtes.

C'est encore plus vrai dans la lignée familiale des Silva, clan historique aux légendes et rivalités entretenues depuis des lustres, désormais mené par Cecilio. Si son fils Joaquin n'a de cesse que de prendre son tour au coeur de la cordillère, l'autre, Esteban, est attiré par les arts et la littérature poétique.

De manière subie ou choisie, la vie et l'attrait du monde qui naît ou renaît va les séparer, dans une fresque aux accents épiques les plongeant dans les troubles ou luttes sociales et politiques de l'époque. Avant que la cordillère ne les rappelle.

Dans un récit alterné mêlant les voix de Joaquin, Esteban et Cecilio, Delphine Groues nous embarque dans une saga familiale au rythme enlevé où la cordillère des Andes joue le rôle principal aux côtés de la Pachamama, terre nourricière à qui ils doivent tout.

Dure, dangereuse et hostile, la montagne agit pourtant comme un aimant pour les Silva, les attirant sans cesse pour les faire venir ou revenir vers ce marqueur familial qui guide leur destinée. Là où l'on naît, où l'on travaille, où l'on souffre et où l'on se découvre. Mais aussi là où l'on finit par revenir et rester, quand le temps est venu.

« Quand on a des malheurs, quand ceux qu'on aime nous manquent, il faut aller vois la Cordillère et le lui dire. Elle est la seule assez forte pour soutenir le coeur s'il est lourd ».

Multipliant les angles et leur faisant prendre des importances différentes selon les parties du livre – plus familial au début, puis davantage politique et historique - Cordillera est un livre dense et riche, mais parfois déconcertant dans le fil de sa trame, dont j'ai fini par être plus spectateur que lecteur intégré. Dommage, mais pas grave.

Mais heureusement, ses personnages sont particulièrement travaillés et réussis, notamment les acteurs « secondaires » : Luisa la mère guérisseuse ou Evaristo et Demetrio les oncles arrieros. Et c'est un des points forts du livre et du travail de son auteure. Alors comme pour tous les premiers romans, j'ai maintenant hâte de lire le prochain, pour forger plus solidement mon avis.
Commenter  J’apprécie          390



Ont apprécié cette critique (33)voir plus




{* *}