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Critique de TiffaugesLecteur


▶ Après le remarquable «journal d'Irlande » qui couvrait les années 1977 à 2003, Blandine de Caunes nous présente ce «journal amoureux, 1951 - 1953 » tenu par sa mère, l'écrivaine et grande féministe Benoîte Groult et le mari de de celle-ci, Paul Guimard, l'auteur du célèbre roman «les choses de la vie » qui fera ensuite l'objet d'une adaptation au cinéma avec Michel Picoli et Romy Schneider.... Au début des années 50, au moment de ce journal, Benoîte Groult et Paul Guimard n'ont encore rien publié et sont tous deux journalistes...
▶ Ce «journal amoureux » est passionnant ; au delà du récit de leur quotidien, il aborde , et c'est la tout l'intérêt, des sujets plus personnels, plus intimes et profonds ; l'amour, le couple et la fidélité - les deux auteurs ayant dès le départ de leur rencontre, souscrit au contrat proposé alors par Sartre et Beauvoir s'agissant des « amours nécessaires et des amours contingentes »... Ainsi, Paul Guimard écrit-il (p. 238): «La fidélité est une qu'est de temps. Et le couple intact vit sur une équivoque. Il n'y a pas de trivialité à le constater : certains corps font envie et ces envies-là ne se laissent pas mettre la corde au cou. Nous avons eu envie de nous marier. Nous avons suivi la règle de notre désir et ce serait aussi une trahison que, chemin faisant, d'en choisir une autre ». Et d'ajouter : «Ceci dit, nul ne peut accepter de sang froid l'idée de faire de la peine à l'autre. »
▶ C'est aussi, bien avant son célèbre essai «Ainsi soit-elle », les premières réflexions féministes de Benoîte Groult (p.111) : «Avec le pourcentage de femmes qui sont fières d'être de «vraies femmes », c'est-à-dire des moitiés d'être humain, et la majorité d'hommes qui ont tout avantage à nous voir rester de «vraies femmes », sortirons-nous jamais de l'ornière millénaire où nous végétons? »
▶ Formidable préface de Blandine de Caunes qui explique la genèse de ce journal, la rencontre de Benoîte Groult et Paul Guimard et le contexte de ces années 50...
▶ Au départ, chacun tient son journal isolement et puis très vite, tous deux vont lire le journal de l'autre, sans s'en cacher et sans mentir ; P. G. (p. 68) : «D'ailleurs, Benoîte ment très mal....Mentir aussi mal devient de la franchise. » ; les joutes par journal interposé sont assez jubilatoires - les deux auteurs ayant la dent dure et ne s'épargnant pas l'un l'autre...
Paul Guimard, moins rompu à l'exercice de diariste, émaille son journal de poèmes qui sont de lui et qui sont de toute beauté...
▶ Au final, un journal intelligent, drôle, érudit et féroce écrit d'une plume maîtrisée et acérée... C'est aussi, en germe, la preuve éclatante de leur talent d'écrivains en devenir et qu'ils deviendront avec le succès que l'on sait... À lire!!...
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