Avec d’amples gestes, il épouvante la ménagerie, l’obligeant à se disperser. Dans un concert de gloussements, de cancans et de saccades d’ailes, poules, coqs, canards et dindons s’échappent.
Des paons aux cous bleus irisés, décollent péniblement, appesantis par la lourde traîne de leur plumage chatoyant. Un âne et un poney se propulsent, hors des barrières, dans des galops nerveux. Une truie, en poussant des grognements, se dandine vers un fourré, suivie par une marmaille de six porcelets. Une vache normande et son veau trottent jusqu’à une nouvelle prairie. Quatre biquettes bicolores s’éloignent en caracolant. Seuls deux agneaux apeurés, pressés l’un contre l’autre, s’entêtent à rester dans leur enclos. D’épais nuages obscurcissent le ciel. L’air est lourd. Arrivent les premières gouttes. Mais Jules s’en moque. Il rit du spectacle de cette débandade, enhardi par son audace. Pour la première fois de sa vie, il ose défier son père.