Le rêve américain a peut-être existé pour certains, mais il y a eu beaucoup de rêveurs et peu d'élus. Henry, père célibataire, sait que ce n'est qu'une utopie, lui qui vit dans sa voiture, avec son gamin de huit ans et 70$ dans la poche.
Ce roman qui parle de misère sociale, de l'Amérique des laissés pour compte, de ceux qui se trouvent en bas, sans rien, alternera deux époques, deux récits.
Le premier est consacré au présent, à Henry et à son gamin qui vient de fêter son anniversaire au
Mac Do et à la journée du lendemain, qui est cruciale, car Henry a un entretien d'embauche hyper important.
L'autre partie du récit est consacrée au passé, à la jeunesse d'Henry auprès d'un père Philippin, qui ne montre pas ses sentiments, qui l'élève à la dure, qui est aigri d'avoir dû abandonner ses belles ambitions et devenir ouvrier pour faire vivre sa petite famille.
Henry n'est pas un homme qui s'est retrouvé endetté jusqu'au cou à cause des banques et des prêts immobiliers foireux. On pourrait dire que Henry s'est mis lui-même dans la merde, qu'il a joué, fait le con et perdu bien plus qu'il ne le pensait.
Déjà qu'au départ, il ne partait avec les bonnes cartes en main, les bonnes origines et que, au fil du temps, à force de faire de mauvais choix, de prendre des drogues et de se laisser guider par l'amour qu'il éprouve pour une fille, croisée au centre de désintox, il a définitivement pris la mauvaise route et être incapable de revenir sur le droit chemin.
Ce roman, qui a tout d'un roman noir, tant le contexte social est important : malnutrition, difficulté pour vivre, se laver, dormir ailleurs que dans la bagnole, petits boulots au noir, pas d'assurance, de mutuelle, difficulté d'obtenir des soins de santé sans se ruiner, monte en puissance, tout doucement, prenant son temps pour nous amener au final, dont on ne sait s'il sera en forme de happy end ou au contraire, d'un réalisme sans pitié.
C'est un roman glaçant, car ce que vivent Henry et son fils, ils sont combien à le vivre au quotidien ? Tous ces gens qui tirent le diable par la queue et pour qui, aller au
Mac Do, équivaut à aller dans un resto select pour le commun des autres mortels, ceux qui ne sont pas dans la merde ?
Jamais le roman ne sombrera dans le pathos ou les pleurnicheries pour les lecteurs dans leurs chaumières. le récit est assez froid et jamais je n'ai réussi à vibrer pour Henry et son gamin, à m'attacher à eux, c'est ce qui a rendu ma lecture moins émouvante que ce que j'espérais.
Par contre, j'ai adoré que les titres des chapitres soient le montant que Henry avait dans sa poche… Et là, on voit bien jusqu'où il a été quand il avait du fric et jusqu'où il est descendu ensuite.
Un roman sur la déchéance des uns et l'
abondance des autres, quand, dans ces magasins, il y a tout ce que l'on pourrait rêver (même des médicaments) et qu'on ne peut pas se l'acheter, car les poches sont vides et qu'avec un casier, il est difficile d'obtenir un boulot.
Un roman fort, dommage pour mon ressenti qui n'a pas été à la hauteur de mes attentes.
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