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Critique de pencrannais


En ayant reçu cet album lors d'une masse critique, j'avais un peu peur de lire l'adaptation du roman d'Olivier Guez dont la récit nerveux et coupé à la serpe m'avait positivement marqué.
Au début, on compare, on doit s'adapter au dessin et puis, de façon assez naturelle, on oublie le roman pour se plonger dans l'âme noire du tortionnaire nazi.
Le scénario est très fidèle au roman et reprend tout ce que l'on sait de la cavale de Josef Mengele pendant 35 ans après sa fuite en Argentine au sortir de la guerre. La première partie, le Pacha, nous montre comment ces anciens dignitaires nazis, dont Eichmann vivent dans l'insouciance et la fête permanente dans l'Argentine de Péron, discutant de façon abjecte sur la lâcheté des Allemands, la vengeance des Juifs e justifiant, que dis-je, se glorifiant de leur actes passés et regrettant de ne pas être parvenu à y mettre un point final. Ce décalage entre la vie mondaine et le thème des discussions provoquent de la répulsion, de la révolte. Comment ces hommes ont-ils pu vivre aussi convenablement sans être inquiétés ? le contexte géopolitique de la guerre froide a bon dos.
Et puis vient le point de basculement, l'arrestation d'Eichmann par les services secrets israéliens et son procès. Mengele doit fuir, se cacher dans la jungle, dans des fermes. C'est la deuxième partie, le rat, pendant laquelle, traqué, il sombre dans la paranoïa et le désespoir. On le prendrait presque en pitié, mais des flash-back sur son activité au camp d'Auschwitz et son discours toujours aussi haineux, au contraire, nous font trouver sa vie encore trop douce.
Vous l'aurez compris, une fois embarquée dans ce roman graphique, on est happé par son atmosphère unique, parfaitement rendu par les dessins de Jörg Mailliet, mélange de réalisme et de distance avec des couleurs à l'aquarelle mais aux couleurs jamais vives, pour coller au propos. Dès les premières planches, on est dans la moiteur et la torpeur de cette Amérique du Sud tropicale.
De façon un peu étrange, cet album est très beau. Étrange, car comment autant de noirceur et de déchets d'une âme humaine peuvent être rendu avec un pareil talent.
Pour ceux qui ont apprécié le roman, n'hésitez pas. Pour les autres, c'est le moment d'en apprendre un peu plus sur cet exil des nazis qui vous scandalisera certainement.
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