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Critique de DreamBookeuse


Je dois dire que je ne m'attendais pas à ça, mais j'ai l'impression d'être éternellement condamnée à me faire surprendre par les titres de la maison d'édition Mnemos. Est-ce un mal ? Je ne crois pas ! Tout dans ce récit était d'une surprenante beauté, tout en étant sombre, cruel et froid.

Mon résumé

La fin du monde approche, les étoiles ont disparu du ciel, et le soleil semble se ternir de jour en jour. Les anges, rejetés sur la Terre des mal-nés ne souhaitent que retourner au paradis alors que les hommes se raccrochent à leurs espoirs perdus et des rêves de prophéties grandioses. C'est dans la cité de Naachts, la cité des Héritiers, que la troupe de Todestre vient se produire. La magicienne Jyss, le bossu Tristo, les enfants maudits Sébaste et Poppiela condamnés à finir en plante, le vampire contorsionniste Matifas, le muet Ylias, la déesse Nypha et son amant sauvage Joran ; tous sont les héros d'une prophétie qui les dépasse, tissée de fils blancs et d'illusions. Précipités par leur guide, Tod, dans ce purgatoire, chacun devra se mettre en quête de vérité et se révéler à eux-mêmes afin de réconquérir leur paradis perdu.

Mon avis

Je dois avouer d'emblée que j'ai eu un mal fou à entrer dans ce roman. Les cinquante premières pages ont été aussi laborieuses que nébuleuses alors que nous nous enfoncions corps et âme dans cet univers sombre où subsiste bien peu d'espoir. Nous commençons par un prologue obscur où le Roi Jénophon écoute un Ancien, Ypsol, lui délivrer une prophétie tortueuse sous les yeux médusés de sa commandante Méther qui ne caresse guère l'idée de sauver l'humanité. Nous basculons ensuite du côté de la compagnie, cette troupe hétéroclite que seul Todeste semble pouvoir rassembler autour de lui tant ils sont différents et monstrueux à leur façon. Très vite, les clés nous sont cachées pour ne nous donner que des petites bribes dissimulées ici et là, l'énigme se dérobant sans cesse à nos regards inquisiteurs.

C'est seulement au bout d'une cinquantaine de pages que l'on commence à percevoir où l'auteur nous conduit : dans une conquête d'un paradis perdu, avec d'un côté les Héritiers du Verbe, pouvoir de la création, et de l'autre les mal-nés, les créées. Si les uns veulent regagner leur paradis dont ils ont chu en voulant suivre celui qui avait attenté à la vie de leur dieu, ce ne se fera pas aux côtés des humains qu'ils abhorrent et rejettent pour leur monstruosité. Les mal-nés, eux, souhaitent surtout qu'on leur fiche la paix et qu'on leur rende la lumière qui leur permettra d'exister.

Une prophétie l'a dit, il y aura Celui qui ouvre, un guerrier venu les protéger, et Celui qui pourra les conduire dans le labyrinthe. Todestre est persuadé que Celui qui ouvre est son fils adoptif, Ylias, dont la force est légendaire, alors même que celui-ci se déteste aussi profondément qu'il est amoureux de la magicienne Jyss qui se joue de lui. Bientôt, c'est toute la troupe qui se retrouvera mêlée à cette histoire, d'une façon ou d'une autre. S'il est bien connu que le Cabinet des Merveilles de Todestre vient en ville pour donner spectaculaire et frissons, rejouant des scènes de la mythologie locale, et notamment de la chute d'Otham, leur dieu lumineux, rien ne laissait présumer qu'ils seraient les protagonistes de cette histoire…

Cette ambiance de dark fantasy, m'a énormément plu. Mêlée d'illusions, de mensonges, de secrets et de chemins tortueux, elle plonge dans le lecteur dans un sentiment de malaise et de tension diffus. Figurant une fin du monde toute proche, plutôt originale dans un univers de fantasy, l'auteur y mêle toutes sortes de créatures : des anges, des vampires, des magiciens, des confesseurs et des dieux, formant une cosmologie de monstres aussi redoutables que sans pitié. En revanche, en dehors de Poppiela et Sébaste, voire même Matifas, je les ai tous trouvés cruels, sombres, sans morale, et j'ai détesté la plupart des personnages dont le traitement des personnages féminins… Todestre est un vil manipulateur, Tristo s'emporte sans arrête et voit Jyss comme sa possession avant de ramper à ses pieds (bonjour la relation toxique), Ylias, tout autant « amoureux » de Jyss ne semble l'être que pour son physique ou par comparaison avec le bossu sans jamais s'intéresser autrement à elle. Jyss quant à elle, semble singulièrement s'amuser de leur jalousie sans rien faire pour les taire, préférant humilier ses compagnons d'infortune qui, de toute façon, ne la voit que comme un bout de viande. La relation entre Nypha et Joran aurait pu être touchante, si Nypha n'était pas à moitié nue sans arrêt. Quant à Méther, on ne la présente que comme une manipulatrice sans honneur et sans moral. Soit dit en passant, il ne s'agit pour moi pas de sexisme ou de mysoginie comme on peut le voir dans certains romans puisque tous les personnages sont ainsi, sombres, cruels, mesquins, égoïstes, comme si le pire de l'humanité avait été placée en eux.

Seule Poppiela, la jeune enfant maudite, semble trouver grâce à mes yeux, une petite lumière dans l'obscurité, qui vient égayer le récit de sa loyauté et de son courage. A mon sens, c'est d'ailleurs grâce à elle, et grâce à ce qu'elle incarne pour l'un des personnages de cette histoire, qu'elle en est peut-être la véritable héroïne.

Si les personnages ne m'ont pas donc pour la plupart pas beaucoup plu, et non pas convaincue parce qu'ils sont tous convaincants dans leurs rôles respectifs, c'est sans doute l'intrigue et l'univers, originaux à leur manière, qui fait de ce roman une fameuse « pépite de l'imaginaire ». Leur construction à tiroir, venant nous en révéler ouverture après ouverture, page après page, partie après partie, en fait un texte suffisamment addictif pour tourner les pages les unes après les autres sans jamais vouloir réellement s'arrêter. La plume, suffisamment fluide, n'en reste pas moins fine et travaillée tout en manquant peut-être d'un peu de poésie que j'aurais mieux appréciée dans ce roman si sombre.

En résumé

L'Enterrement des étoiles est un roman relativement court mais aussi très exigeant dans ses premières pages. Sombre, plus proche de la dark fantasy que de la poésie du roman gothique, il offre pléthore de personnages aussi égoïstes que cruels lancés dans une quête pour un paradis perdu. Une plongée dans une ambiance de fin du monde, où meurt la dernière étoile alors que les anges, les hommes, les magiciens, les vampires, s'offrent un dernier combat pour la lumière.
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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