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EAN : 9782073004475
Gallimard (08/02/2024)
3.33/5   48 notes
Résumé :
L’annonce de la fin est proche. À la cité des héritiers, le roi Jenophon reçoit la visite de l’oracle annonciateur. C’est le moment que choisit un cirque pour s’installer non loin et offrir un moment de joie. Cette compagnie de monstres de foire doit faire face à l’obscurité qui s’étend et découvrir la lumière intérieure, l’unité et l’harmonie comme derniers espoirs. Dans la nuit d’encre, les étoiles éphémères seront portées par ceux que la société rejette pour leur... >Voir plus
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Auteur de plusieurs textes courts, Christophe Guillemain est une nouvelle signature de l'Imaginaire francophone. L'Enterrement des Etoiles est son premier roman qui reprend le flambeau de Diamants de Vincent Tassy, des Chevaliers du Tintamarre de Raphaël Bardas et de Chevauche-Brumes de Thibaud Latil-Nicolas, en devenant à son tour pépite de l'Imaginaire.

L'Enterrement des Etoiles nous conduit à Naacht, la cité des Héritiers, gouvernée par le roi Jenophon car c'est là que le cirque de Todestre a décidé de s'établir pour divertir la population. Les membres de cette troupe peu ordinaire promettent au tout-venant, spectaculaire et frissons. Mais débarquer en même temps que l'avènement d'une prophétie n'est peut-être pas le simple fruit du hasard. Todestre, lui-même, semble croire que son fils adoptif Ylias a un rôle à y jouer. Pour l'intéressé, cela semble peu probable car bien que doté d'une force surhumaine, il n'en demeure pas moins un jeune homme gauche qui ne se sent pas l'âme d'un élu, chargé de mener à bien une quête. Pourtant les événements qui vont suivre pourraient bien lui donner tort, d'autant que le danger plane sur ses amis et lui, alors aura-t-il un autre choix ?

L'Enterrement des Etoiles est un récit crépusculaire qui nous conte la fin d'un monde, annoncée par une prophétie. Christophe Guillemain a peuplé son univers d'anges, de vampires, de mages, d'êtres singuliers aux capacités étonnantes, mais aussi de simples humains. Cette cosmogonie forme une société décadente, marquée par une surexploitation. L'auteur nous brosse donc le portrait d'une terre à l'agonie, à bout de souffle où les humains sont dominés par une bande d'anges déchus. Or, ces derniers voient dans la prophétie qui s'annonce, l'occasion d'échapper à cette fin inéluctable en exploitant un peu plus ceux qu'ils appellent les mal-nés. Parmi eux se trouvent les héros de ce roman, des personnages volontairement décrits comme des monstres, des bêtes de foire qui se donnent, d'ailleurs, en spectacle par l'intermédiaire des représentations qu'ils donnent au sein de leur cirque. Ce roman s'appuie sur une galerie de personnages hétéroclites qui, par le biais de leur propre histoire, nous dévoile un peu du destin de ce monde à la dérive.

Ylias est l'homme fort de la troupe. Pourtant sa puissance ne lui sert pas car c'est un garçon très introverti. Enfermé dans sa coquille, il s'est réfugié dans le silence et l'observation des autres par conformisme. Mais tout change lorsqu'il est désigné comme étant l'élu de la prophétie, autrement dit celui qui va ouvrir le chemin aux laissés-pour-compte vers le paradis. Une mission sacrée qui va le transfigurer et lui donner la confiance nécessaire pour embrasser pleinement son destin.

Néanmoins, dans cette folle quête, il n'est pas seul car il y a déjà la magicienne Jyss, dont il est éperdument amoureux sans pour autant oser le lui avouer. Pour cette dernière, le cirque est le refuge idéal afin de se cacher au regard des autres car il n'est pas bon d'afficher ses pouvoirs. Hautaine et bravache, cette magicienne semble si sûre d'elle qu'elle éclipse même les meilleures dispositions à son égard. Tous semblent intimidés à son contact, sauf peut-être le bossu Tristo.

Bagarreur et provocant, il a le chic pour s'attirer les inimitiés. Pour preuve, avec Ylias car ils sont en rivalité perpétuelle, même si du fait de la timidité de ce dernier, leur antagonisme est longtemps demeuré rentré. Pourtant sous des dehors bourrus, il n'en demeure pas moins un homme capable d'aimer, même si ses sentiments ont tendance à être étouffants.

Les plus attachants de ces baladins restent les jeunes Sébaste et Poppiela, deux garnements condamnés à perdre leur humanité en devenant à terme des arbres. Ils sont tellement plein de bonne volonté que l'on ne leur résiste pas. Ils me font d'ailleurs beaucoup penser aux enfants particuliers de Ransom Riggs. Alors que Sébaste cherche à trouver un remède à leur état, Poppiela, elle, ne pense qu'à venir en aide aux siens pour les sauver de tout danger.

Enfin, Matifas est un vampire qui vit reclus dans une jarre. Amnésique de son passé, il est une créature de la nuit étonnante car éloignée de l'image que l'on se fait de ces êtres. Loyal et fraternel, il est un compagnon inattendu pour chaque membre de cette compagnie singulière.
Ils forment un tout surprenant que l'on apprécie de suivre dans leur diverse trajectoire. Chacun suit une évolution toute personnelle et nous réserve son lot de surprises promettant au récit de nombreux rebondissements. Loin des personnages lisses, Christophe Guillemain a plutôt misé sur des héros cabossés par la vie, aux prises avec des émotions fortes, les rendant d'autant plus crédibles.

L'intrigue de L'Enterrement des Etoiles prend corps au sein d'une mythologie détaillée où plane l'ombre du dieu Oudath qui semble avoir abandonné les anges à leur sort avec le maigre espoir de retrouver la porte du paradis par l'entremise de l'élu des mal-nés. Or, pour trouver la clé d'Omorée, il leur faudra affronter de nombreuses épreuves et trouver le chemin au coeur d'un labyrinthe. Ainsi l'auteur emprunte quelques éléments à la mythologie grecque pour nourrir la sienne afin de lui donner une vraie légitimité. Point fort de ce récit car il contribue à nous offrir une excursion dans un univers à la fois fabuleux et horrifique.

La plume de Christophe Guillemain s'est mise au diapason de ce monde déclinant en instillant notamment une ambiance enténébrée et pourtant si pleine de poésie. Il y a une vraie magie qui se dégage des mots de l'auteur car on ressort de cette lecture comme hypnotisé.

Fort de sa couverture attractive, signée par Abel Klaer, L'Enterrement des Etoiles nous offre donc un récit qualitatif qui mérite pleinement son titre de pépite de l'Imaginaire 2022. Rendez-vous en librairie le 25 février prochain... Fantasy à la Carte


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Chaque année au mois de février, Mnémos nous fait le plaisir de sortir une pépite de l'imaginaire, c'est-à-dire un jeune auteur en qui ils croient beaucoup. J'ai déjà eu la chance de lire plusieurs de ces romans avec plaisir, j'attendais donc celui de Christophe Guillemain avec impatience. Il faut dire que l'auteur était soutenu par une superbe couverture signée Abel Klaer qui avait tout pour attirer l'oeil et interpeler sur le contenu.

Sur la toile, avant même de me lancer, j'ai vu passer de nombreuses chroniques aux avis assez nuancés. Je savais donc qu'il ne fallait pas trop que je m'emballe et que j'aie des ambitions démesurées, après tout c'est un premier roman. J'ai bien fait de lire ces avis et de retenir ces avertissements, car si l'univers tout comme la plume furent vraiment séduisants, j'ai eu beaucoup plus de mal avec les nombreuses maladresses de la narration...

L'auteur nous embarque au premier abord dans une Dark Fantasy aux inspirations circassiens remplie de Freaks, comme si Nightmare Alley, qui vient de sortir au ciné, rencontrait la littérature de l'imaginaire. C'est étrange et surprenant mais ça pousse le lecteur à avoir envie de plonger dedans pour voir de quoi il en retourne. le soucis, c'est que ça reste très flou, très obscur pendant la majeure partie du premier tiers de l'ouvrage et que ça s'améliore péniblement par la suite. Les enjeux tardent à venir même si on nous parle d'une certaine prophétie sur un Élu qui serait "Celui qui ouvre les portes", ça reste très ténu. Alors j'ai quand même pris plaisir à découvrir l'ensemble des membres du cirque, leurs relations et leurs numéros. J'étais intriguée surtout par le monde sombre en pleine déliquescence, sur sa fin, dans lequel ils évoluaient, un monde sans étoile où une maladie touche de plus en plus de monde : l'errance qui induit des changements corporels. C'était sale, rude, mauvais avec une peur qui rode partout, et seulement un personnage, Ylias, semblait surnager de part son innocence en comparaison de la fascinante mais perturbante magicienne du cirque et de son ami bossu, ou encore du triste sire vampire enfermé dans un vase en mode "génie" d'Aladin. Tout cela interpelait mais sans savoir où ça allait.

L'auteur a eu, pour moi, du mal à poser l'ensemble des bases de son récit pour en faire quelque chose de clair et de compréhensible, ou alors c'était totalement volontaire de sa part de faire quelque chose d'aussi lent et flou, mais ça ne m'a pas convenu. Dans les deux parties qui suivent cette amorce, cependant, même si des révélations se font, même si le rythme s'accélère et se tend à certain moment, l'ensemble est resté maladroit à mes yeux malheureusement et ce jusqu'au bout. Pourtant l'auteur avait tenté de nous aiguillonner avec les incipit de ses chapitres, mais ce ne fut pas suffisant.

Je regrette d'autant plus ce sentiment que l'univers en lui-même est tout ce que j'adore. Il manque juste pour moi de développement et de vie car l'ensemble reste assez froid. Les relations entre les personnages ne font pas vibrer contrairement au mécanisme de l'univers imaginé.

Cet univers, qui est un mélange de sombre magie et de mythologie à la mode chrétienne, est hyper intéressant. On découvre un monde derrière un voile, un monde fabriqué, un monde dirigé par un archange déchu où tout n'est que tromperie, jeux de dupes et mensonges. Les grandes divinités derrière tout cela ne se dévoilent qu'ultra progressivement, leurs buts également. On a ainsi un mélange d'anges, de démons, de mal-nés, de terres mythiques, de paradis perdus ou encore de labyrinthe... Et tout ça pour quoi ? Pour gagner une forme de liberté, mais ça reste assez flou quand même. Il y a énormément de micro informations délivrées au fil des pages qu'il faut assembler, des indices pour percer les voiles du mystères qu'on récolte et qui mènent assez facilement vers l'identité d'un personnage mais pas vers un autre dont le mystère subsiste jusqu'à la fin. C'est assez savoureux à lire.

J'ai beaucoup aimé la description de cette lutte entre grandes entités qui ont des répercussions sur le petit peuple et qui aboutit sur une prophétie à l'origine de l'ensemble de cette aventure, poussant des freaks à partir se battre comme représentant des peuples de Naacht et Sin-Mu. La description de ce paradis perdu et de ce qu'il faut faire pour le regagner fait partie des pages les plus fascinantes du livre car c'est écrit avec une poésie toute antique. de même que le jeu auquel se livre les grands figures de ce roman m'a passionnée, j'ai regardé ça comme une pauvre petit souris voyant des chats se battant pour leur nourriture. J'ai été fascinée aussi par la description de ce monde qui part à vau-l'eau, où les calamités semblent s'enchaîner sans qu'on semble pouvoir y faire grand-chose, comme ce qui nous arrive depuis quelques années, à nous aussi. de là à dire que pour l'auteur, il y a une mise en abîme de notre propre histoire actuelle, il n'y a qu'un pas ;)

Cependant, je ne peux m'empêcher de croire que le mélange entre le côté Freaks et circassien, et celui plus mythologique et fantasy a du mal à prendre. J'ai eu l'impression qu'on forçait à se rencontrer deux univers qui n'avaient rien à voir. J'ai eu l'impression, peut-être à cause d'une évolution trop rapide entre la première et la deuxième partie, puis entre la deuxième et la troisième, que les héros se métamorphosaient trop vite et qu'on sautait du coq à l'âne dans les missions qui leur étaient proposées et qu'ils menaient. Quelque chose ne matchait pas.

Cette lecture est cependant loin d'être une déception. Il y a de nombreuses pages où la plume et l'univers de l'auteur m'ont fascinée. Christophe Guillemain a tapé en plein dans ce que j'aime avec cette mythologie complexe où rien n'est ce qu'il semble être.
Cependant, son roman reste encore trop maladroit pour moi dans sa mise en oeuvre. J'ai vraiment peiné à le lire sans décrocher par moment. J'ai vraiment peiné à adhérer aux personnages, d'ailleurs je n'ai pas ressenti véritablement d'empathie envers eux. J'ai vraiment peiné à dénouer où il voulait en venir, le chemin qu'il voulait nous faire emprunter. Il y a des éléments trop longs et d'autres pas assez détaillés et développés.
Je suis malheureusement partagée mais je retiendrai un auteur à fort potentiel s'il parvient à mieux diriger ses intentions.
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Je dois dire que je ne m'attendais pas à ça, mais j'ai l'impression d'être éternellement condamnée à me faire surprendre par les titres de la maison d'édition Mnemos. Est-ce un mal ? Je ne crois pas ! Tout dans ce récit était d'une surprenante beauté, tout en étant sombre, cruel et froid.

Mon résumé

La fin du monde approche, les étoiles ont disparu du ciel, et le soleil semble se ternir de jour en jour. Les anges, rejetés sur la Terre des mal-nés ne souhaitent que retourner au paradis alors que les hommes se raccrochent à leurs espoirs perdus et des rêves de prophéties grandioses. C'est dans la cité de Naachts, la cité des Héritiers, que la troupe de Todestre vient se produire. La magicienne Jyss, le bossu Tristo, les enfants maudits Sébaste et Poppiela condamnés à finir en plante, le vampire contorsionniste Matifas, le muet Ylias, la déesse Nypha et son amant sauvage Joran ; tous sont les héros d'une prophétie qui les dépasse, tissée de fils blancs et d'illusions. Précipités par leur guide, Tod, dans ce purgatoire, chacun devra se mettre en quête de vérité et se révéler à eux-mêmes afin de réconquérir leur paradis perdu.

Mon avis

Je dois avouer d'emblée que j'ai eu un mal fou à entrer dans ce roman. Les cinquante premières pages ont été aussi laborieuses que nébuleuses alors que nous nous enfoncions corps et âme dans cet univers sombre où subsiste bien peu d'espoir. Nous commençons par un prologue obscur où le Roi Jénophon écoute un Ancien, Ypsol, lui délivrer une prophétie tortueuse sous les yeux médusés de sa commandante Méther qui ne caresse guère l'idée de sauver l'humanité. Nous basculons ensuite du côté de la compagnie, cette troupe hétéroclite que seul Todeste semble pouvoir rassembler autour de lui tant ils sont différents et monstrueux à leur façon. Très vite, les clés nous sont cachées pour ne nous donner que des petites bribes dissimulées ici et là, l'énigme se dérobant sans cesse à nos regards inquisiteurs.

C'est seulement au bout d'une cinquantaine de pages que l'on commence à percevoir où l'auteur nous conduit : dans une conquête d'un paradis perdu, avec d'un côté les Héritiers du Verbe, pouvoir de la création, et de l'autre les mal-nés, les créées. Si les uns veulent regagner leur paradis dont ils ont chu en voulant suivre celui qui avait attenté à la vie de leur dieu, ce ne se fera pas aux côtés des humains qu'ils abhorrent et rejettent pour leur monstruosité. Les mal-nés, eux, souhaitent surtout qu'on leur fiche la paix et qu'on leur rende la lumière qui leur permettra d'exister.

Une prophétie l'a dit, il y aura Celui qui ouvre, un guerrier venu les protéger, et Celui qui pourra les conduire dans le labyrinthe. Todestre est persuadé que Celui qui ouvre est son fils adoptif, Ylias, dont la force est légendaire, alors même que celui-ci se déteste aussi profondément qu'il est amoureux de la magicienne Jyss qui se joue de lui. Bientôt, c'est toute la troupe qui se retrouvera mêlée à cette histoire, d'une façon ou d'une autre. S'il est bien connu que le Cabinet des Merveilles de Todestre vient en ville pour donner spectaculaire et frissons, rejouant des scènes de la mythologie locale, et notamment de la chute d'Otham, leur dieu lumineux, rien ne laissait présumer qu'ils seraient les protagonistes de cette histoire…

Cette ambiance de dark fantasy, m'a énormément plu. Mêlée d'illusions, de mensonges, de secrets et de chemins tortueux, elle plonge dans le lecteur dans un sentiment de malaise et de tension diffus. Figurant une fin du monde toute proche, plutôt originale dans un univers de fantasy, l'auteur y mêle toutes sortes de créatures : des anges, des vampires, des magiciens, des confesseurs et des dieux, formant une cosmologie de monstres aussi redoutables que sans pitié. En revanche, en dehors de Poppiela et Sébaste, voire même Matifas, je les ai tous trouvés cruels, sombres, sans morale, et j'ai détesté la plupart des personnages dont le traitement des personnages féminins… Todestre est un vil manipulateur, Tristo s'emporte sans arrête et voit Jyss comme sa possession avant de ramper à ses pieds (bonjour la relation toxique), Ylias, tout autant « amoureux » de Jyss ne semble l'être que pour son physique ou par comparaison avec le bossu sans jamais s'intéresser autrement à elle. Jyss quant à elle, semble singulièrement s'amuser de leur jalousie sans rien faire pour les taire, préférant humilier ses compagnons d'infortune qui, de toute façon, ne la voit que comme un bout de viande. La relation entre Nypha et Joran aurait pu être touchante, si Nypha n'était pas à moitié nue sans arrêt. Quant à Méther, on ne la présente que comme une manipulatrice sans honneur et sans moral. Soit dit en passant, il ne s'agit pour moi pas de sexisme ou de mysoginie comme on peut le voir dans certains romans puisque tous les personnages sont ainsi, sombres, cruels, mesquins, égoïstes, comme si le pire de l'humanité avait été placée en eux.

Seule Poppiela, la jeune enfant maudite, semble trouver grâce à mes yeux, une petite lumière dans l'obscurité, qui vient égayer le récit de sa loyauté et de son courage. A mon sens, c'est d'ailleurs grâce à elle, et grâce à ce qu'elle incarne pour l'un des personnages de cette histoire, qu'elle en est peut-être la véritable héroïne.

Si les personnages ne m'ont pas donc pour la plupart pas beaucoup plu, et non pas convaincue parce qu'ils sont tous convaincants dans leurs rôles respectifs, c'est sans doute l'intrigue et l'univers, originaux à leur manière, qui fait de ce roman une fameuse « pépite de l'imaginaire ». Leur construction à tiroir, venant nous en révéler ouverture après ouverture, page après page, partie après partie, en fait un texte suffisamment addictif pour tourner les pages les unes après les autres sans jamais vouloir réellement s'arrêter. La plume, suffisamment fluide, n'en reste pas moins fine et travaillée tout en manquant peut-être d'un peu de poésie que j'aurais mieux appréciée dans ce roman si sombre.

En résumé

L'Enterrement des étoiles est un roman relativement court mais aussi très exigeant dans ses premières pages. Sombre, plus proche de la dark fantasy que de la poésie du roman gothique, il offre pléthore de personnages aussi égoïstes que cruels lancés dans une quête pour un paradis perdu. Une plongée dans une ambiance de fin du monde, où meurt la dernière étoile alors que les anges, les hommes, les magiciens, les vampires, s'offrent un dernier combat pour la lumière.
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--- Première pépite de l'imaginaire 2022 ---

Subjuguée par sa couverture et son synopsis, c'est sans hésiter que j'ai demandé à recevoir L'Enterrement des étoiles, la pépite de l'imaginaire des éditions Mnémos pour l'année 2022. Je remercie donc la maison d'édition pour l'envoi de ce roman que j'ai débuté dès le lendemain de sa réception – chose assez rare pour être soulignée !

Dans l'ensemble, j'ai passé un très bon moment de lecture entre prophétie incertaine, mythologie chrétienne et magie de l'illusion. Alors, si comme moi vous êtes amateur de dark fantasy, je ne peux que vous le recommander.

--- Poétique et mélancolique ---

Voilà qui caractérise bien la plume de Christophe Guillemain. S'il utilise un vocabulaire riche et un style soutenu, le texte est on ne peut plus fluide. Veillez simplement à être bien concentré, car c'est une lecture assez exigeante, en fin de compte. Je l'ai appris à mes dépens, la fatiguant m'ayant rendue distraite. Rapidement, j'ai perdu le fil de l'histoire. J'ai donc choisi de refermer le livre pour le reprendre le lendemain, et j'ai bien fait.

Autre petit conseil : soyez attentif à la pièce de théâtre qui se déroule dans le deuxième chapitre. Personnellement, j'y suis revenue à plusieurs reprises afin de mieux cerner les bases de l'intrigue.

--- À la rencontre des mal-nés ---

L'auteur ne tarde pas à nous présenter ses personnages qui, tous, souffrent de difformités, qu'elles soient apparentes ou non. J'admets avoir été un peu submergée par le nombre au début, mais des rappels sont intelligemment insérés, ce qui m'a permis de mémoriser chacun d'entre eux.

Todestre est indéchiffrable, Ystar intrigant et les enfants Sébaste et Poppiela attendrissants, toutefois je ne sais lequel d'entre eux je préfère. Matifas, peut-être ? C'est une créature de la nuit qui s'est offerts à l'oubli il y a déjà fort longtemps. En des termes plus simples, c'est un vampire, mais Christophe Guillemain intègre cette figure quasiment réservée à l'urban fantasy au sein d'un univers médiéval sans la moindre difficulté.

Si je n'ai pas de préférence parmi les héros, j'en ai une parmi les antagonistes : l'ange Mether. Tiraillée entre la peur que lui inspire le roi Jenophon et l'envie d'accomplir ses propres desseins, elle n'hésite pas à comploter pour atteindre ses fins.

L'Enterrement des étoiles a donc lieu dans un monde où les anges peuvent être des monstres et les monstres des héros !

--- Entre mythologie chrétienne et magie de l'illusion ---

Le concept de prophétie n'est certes pas innovant, mais la mythologie inventée par Christophe Guillemain l'est bel et bien. Il s'inspire notamment de la religion chrétienne, ce qui l'amène à personnifier Dieu (il s'appelle ici Oudath) et à imaginer le paradis. Sur terre, les étoiles s'éteignent, car un homme s'est cru assez fou pour défier Oudath. Qu'adviendra-t-il de l'humanité si le soleil disparaît définitivement ? Est-il encore possible de franchir la porte du paradis ? Mais qui fera partie des rares élus ? Voici autant de questions auxquelles j'avais hâte de trouver des réponses !

La magie s'invite également dans cet univers obscur. Les détenteurs du Verbe sont ainsi capables de créer des illusions tangibles jusque dans le toucher pour mieux les faire disparaître ensuite – ou les faire perdurer, qui sait ? Sincèrement, j'ai adoré cette partie de l'histoire !

--- Un récit, trois actes distincts ---

Le premier est surtout dédié à la présentation des personnages et de l'univers. L'auteur en profite pour exposer sa prophétie sans tomber dans les écueils propres à ce genre de procédé. Certes, un Élu est désigné, mais il est surtout manipulé par ceux qui souhaitent voir la prophétie se réaliser. D'ailleurs, d'autres refusent d'accorder du crédit à cette dernière. En définitive, Christophe Guillemain laisse planer le doute sur ce point, laissant au lecteur la possibilité de se faire son propre avis.

C'est toutefois le deuxième acte qui remporte ma préférence, car il amorce un complot au niveau politique et religieux. Et vous savez comme j'aime suivre les machinations de clans opposés ! Sachez tout de même qu'un flou entoure l'intrigue. J'ai lu L'Enterrement des étoiles il y a peu, pourtant je serais bien en peine d'en dresser un résumé complet. C'est pour moi la preuve incontestable de la richesse de son scénario et de son univers.

--- Et concernant le troisième acte ? ---

Si le rythme du récit est relativement lent au début, il s'accélère nettement dans le deuxième acte. Je m'attendais donc à une apothéose pour le dernier. Cependant, malgré des révélations lourdes de sens, j'ai trouvé que l'intrigue s'essoufflait en bout de course.

En fait, le final manque de panache ; je l'imaginais spectaculaire, il s'est avéré prévisible, mais pas sur tous les points heureusement ! Enfin, j'ai beaucoup apprécié l'épilogue, ce qui m'a permis de refermer L'Enterrement des étoiles le sourire aux lèvres !
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"L'annonce de la fin est proche. À la cité des héritiers, le roi Jenophon reçoit la visite de l'oracle annonciateur"
C'est donc ainsi que l'on commence le roman de Christophe Guillemain : par l'annonce de la fin du monde. Dans son univers, les étoiles ont disparues, et dans l'ensemble, ce n'est pas la fête de la gaudriole : l'ambiance est lourde, collante, désespérée, et il semble que tout le monde (y compris le lecteur) attend la fin de tout, qui apparait presque comme une délivrance.
On fait presque immédiatement connaissance avec les personnages de ce récit, une troupe de monstres de foire aux personnalités haute en couleur... Et aux nombreux secrets. S'ils ne sont pas tous attachants, ils ont toutefois le mérite d'avoir leurs personnalités (certes, pas toujours fouillées), et je me suis surprise à éprouver parfois de l'admiration pour certains, que j'avais commencé par détester.
Au fur et à mesure, on rencontre d'autres personnages - et surtout, des anges déchus, qui écrasent les mortels de leur dédain et de leur puissance. D'ailleurs la seconde moitié de l'ouvrage nous expose l'impuissance des humains, qui ne sont finalement que les jouets des dieux et des anges. C'est pourquoi il n'y a pas vraiment de personnage principal, l'histoire naviguant entre le vampire Matifas, Ylias l'homme fort (qui passera sa vie à être manipulé par tout le monde), et Popiela et Sebaste, les deux enfants innocents qui se transforment lentement en arbre et dont le destin semble inéluctable.
L'histoire étant gouvernée par les Dieux et anges tout-puissants, ont ressent énormément le poids religieux, mais aussi la culpabilisation qui pèse sur les peuples - qui acceptent donc leurs malheurs, et, comme je le disais, attendent la fin.
Étonnamment pourtant, il faudra arriver à la fin du récit pour réaliser que, contrairement aux apparences, l'histoire n'est pas dénuée d'espoirs ni d'optimisme. Les révélations qui apparaissent au fur et à mesure éclairent l'intrigue, et nous laissent sur une note plus lumineuse - malgré tout.
Si l'histoire nous fait voyager, les double-sens sont également nombreux, et on pourra aisément donner à L'Enterrement des étoiles la complexité d'une parabole... Mais que peut-être l'auteur n'a pas souhaité !
Je dois toutefois avouer m'être un peu perdue en cours de route, peut-être trop affectée par cette ambiance de fin du monde. Ou alors par la complexité de l'histoire. Quoiqu'il en soit, j'ai terminé assez laborieusement le roman, par petites touches. J'ai néanmoins beaucoup aimé la résolution de (des ?!) intrigue(s).
Bref, un roman étonnant, plutôt exigeant également, et qui mérite sa reconnaissance de "Pépite de l'imaginaire 2022".
Au plaisir de lire les prochaines publications de l'auteur !
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
- en quoi est-ce mal de rêver ? protesta la gamine
- Oh il n'y a aucun mal à rêver ! Seulement tu dois prendre garde à ne pas devenir la prisonnière du rêve d'un autre...
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Mais la matière dont est fait le passé est le marbre, immuable et pesant, et non l'argile, dont la forme épouse les envies. Quant aux souvenirs, ils sont un fardeau que l'on ne dépose qu'à la mort; même s'ils s'écoulent comme le fleuve qui va à la mer, ils reviennent toujours sous la forme de nuages chargés de pluie.
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Je suis Mox, le dieu enterré, le tisseur de néant, l'Ombre Immense, le Faiseur de malédiction, la triste émanation du Verbe originel, perdu dans l'abîme du temps. Je suis le véritable seigneur de ce monde et l'ennemi éternel d'Omorée. Je suis celui qui prépare le retour de la nuit. Je suis ton allié, ton rival, ton amant et ton père.
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Au cœur de la capitale, dont il sentit l'haleine étouffante, la célébration de l'Extinction faisait naître l'horreur et l'espérance, une étrange gémellité où cohabitait le soleil de midi et les ombres glissantes du soir.
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— Ylias, mon fils, n’aie pas peur de ce que tu peux devenir, car celui qui se retourne sur ces pas ne voit jamais que l’ombre du chemin de la lumière qu’il se refuse d’emprunter. (Le vieux désigna le bossu.) Et puis, ne crains pas la jalousie des autres, ce sentiment est le terreau pourri d’une âme desséchée.
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