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Critique de Lucilou


Je craignais en me lançant dans ce tome 2 de la geste d'Azilis d'être décue par rapport au premier opus que j'avais beaucoup aimé. De plus, j'avais peur que le triangle amoureux entre Azilis (Niniane), Kian et Myrddhin amorcé dans la dernière partie du roman ne prenne trop de place et pire, vire à la mièvrerie option guimauve et colore ce récit épico-celte de la teinte de la grenadine. Oui, la mièvrerie m'agace, je le confesse et je la pourfends joyeusement non moins que résolument. C'est donc pleine d'appréhension et de hâte (sacré mélange) que je me suis lancée dans ma lecture. En quelques pages, Valérie Guinot a royalement fait fi de mes craintes et j'ai trouvé ce second tome plus savoureux encore que le premier!
Il s'ouvre sur un monastère du Mont Tumbia (plus connu de nos jours sous le nom de Mont Saint-Michel) et Ninian, le frère jumeau de notre héroïne, en bien fâcheuse posture. Le doux et sage religieux s'est élevé contre les abus et la mauvaise influence d'un frère pervers et hypocrite, contre la violence aussi, jusqu'à commettre le geste de trop qui le conduit à une fuite éperdue à travers bois avec son seul ami, un jeune novice. Tourmenté et bien plus courageux qu'il ne le croit lui-même, Ninian décide de quitter la Gaule et l'Armorique pour la Bretagne où il compte retrouver sa jumelle et leur frère Caïus, devenu Caï, bras droit du dux Arturus. La narration le laisse en passe de prendre la mer... et passe de l'autre côté de la Manche. Bretagne. Azilis vit avec Kian dans le domaine que lui a offert Arturus. Elle passe ses journées à cueillir des herbes qu'elle prépare et à soigner, forgeant ainsi sa légende de guérisseuse et d'enchanteresse, bien aidée par les ragots que colporte d'ailleurs sa cuisinière à ce sujet. Kian apprend le maniement de l'épée aux travailleurs du domaine. La vie coule douce et paisible jusqu'à l'arrivée d'Arturus et de ses compagnons, dont Caïus et Myrddhin. Le futur roi de Bretagne veut repartir en campagne et convaincre les clans du nord de se rallier à lui, pour ce faire, il a besoin de ses meilleurs guerriers...dont Kian fait partie. Myrddhin, quant à lui, est toujours aussi ambigu et ne cache pas son amour pour la jeune femme. Ainsi qu'il l'a promis, il dispense son enseignement à Azilis, ce qui n'est pas du gout de son amant...Avec lui, elle perce les arcanes d'un savoir druidique vieux de plusieurs siècles qui l'attire et la fascine chaque jour davantage. Avec lui aussi elle chevauchera le vent. Pendant, une de ses séances d'initiations, elle a une visions cauchemardesque: celle de Ninian réduit en esclavage. Plus que tout, elle veut lui venir en aide. A la croisée du chemin, plusieurs directions s'offrent aux personnages: Kian quittera t-il sa bien-aimée pour aller grossir les rangs d'Arthur? Caïus, dont la révélation du secret donne une profondeur inattendue, s'embarquera t-il pour la Gaule à la recherche de son frère? Et Azilis, plus que jamais devenue Niniane, quel sera son chemin? Guérir, oui mais après... S'aventurer en Gaule? Rester au bord de son lac? Et qu'en est il de son initiation? de son amour pour Kian? Et que lui veut vraiment Myrddhin?
Si le premier tome plantait le décor et présentait les acteurs, ce second volume, lui, fait avancer l'action de manière considérable sans toutefois négliger la psychologie des personnages qui gagnent en complexité et en épaisseur au fil du récit. Azilis m'a paru plus fragile, plus faillible que dans le premier tome et ce n'est pas plus mal. Ainsi, l'auteur ne tombe pas dans ce piège qui est de trop magnifier une héroïne jusqu'à la rendre insupportable. Myrddhin est de plus en plus ambigu. S'il m'était franchement antipathique dans le tome précédent, je ne suis plus aussi catégorique à son sujet et j'ai oscillé tout au long de ma lecture entre agacement et attachement. C'est d'ailleurs un parti pris intéressant par rapport aux légendes originelles que de traiter ainsi ce personnage. C'est peut-être Kian qui "évolue" le moins... Ses tourments sont plus manifestes mais il demeure fidèle à lui-même. Belle surprise que Caïus dans ce tome, qu'Arturus qui prend de l'envergure (et on comprend comment il est devenu celui qu'il va devenir!). Enfin, j'ai beaucoup aimé que Ninian ait la part belle. Je me pose beaucoup de questions sur ce qui l'attend ensuite et je ne peux m'empêcher de réfléchir à qui il sera ensuite par rapport à la légende arthurienne. Sa foi tourmentée, certains de ses propos m'inspirent une idée...
Comme le tome 1 s'attardait sur la vie en Gaule à l'époque, ce tome a ses "thèmes" de prédilection: politique d'Arturus et surtout sagesse et croyances druidiques. C'est à la fois passionnant, bien documenté, fort à propos et bien écrit!
Je quitte le livre enchantée et prête à me commander le tome 3, dont j'attends beaucoup, forcement. L'issu du triangle amoureux (amené avec délicatesse et sans mièvrerie. On sent les doutes des personnages, leurs douleurs et leur désir sans que cela ne colore tout le texte!), mais aussi la mise en place d'éléments légendaires qui semblent promis par les deux tomes. Enfin, j'attends des réponses à pas mal de questions, un pan de voile relevé sur certains non-dits et certains secrets. J'ai hâte!
Pour finir, cette déjà trop longue critique, je voulais insister sur un point: oui, la littérature jeunesse peut-être de grande qualité, tant en terme de fond que de forme. "Azilis" en est l'exemple. N'en déplaise aux tristes sires.
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