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Citations sur Azilis, Tome 2 : La nuit de l'enchanteur (13)

Ninian dévalait la pente en relevant les pans de sa robe de bure. Des ronces balafraient ses bras et ses joues, des pierres blessaient ses pieds nus dans les sandales. Était-ce la pluie qui trempait son visage, étaient-ce des larmes?
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Il s’étira puis se frotta les reins. Sa lourde bure était froide et humide. Si la pluie ne cessait pas très vite – et le ciel restait obstinément gris – Ninian serait bientôt trempé jusqu’aux os. — Déjà fatigué, frère Ninian ? Comment ne pas percevoir dans la voix de frère Chanao un subtil mélange de moquerie et de satisfaction qui chargeait la question d’agressivité ? — Je n’ai pas ton endurance, mon frère, répliqua Ninian avec calme. Mais je prie Notre Seigneur chaque jour pour qu’il me donne la force d’accomplir mon labeur aussi bien que toi.
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Je n’en doute pas, concéda-t-il, de même que je ne doute pas que l’Éternel, dans sa grande bonté, me pardonnera beaucoup. Cela dit, frère Chanao, s’il est vrai que j’ai vécu dans le luxe, je n’ai jamais mené une vie dépravée. J’ai toujours été pieux, et ma seule débauche fut de consacrer l’essentiel de mon temps à l’étude et à la lecture. Et puis je suis entré dans ce monastère à quinze ans, c’est un peu jeune pour avoir mené une vie de luxure, non ? — Inutile de te justifier, frère Ninian. Les riches Romains commencent leurs turpitudes dès l’enfance ! Mais peu importe. Dieu voit en toi et connaît ton cœur. Il jugera. Quant à se consacrer à l’étude, ce n’est pas ce qui sauvera ton âme ! Un cœur pur a plus de prix qu’un esprit encombré de savoir. — C’est certain, mon frère, marmonna Ninian à bout de patience. Reprenons notre labeur sans nous perdre en bavardages inutiles.
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Chanao était arrivé au monastère l’hiver précédent. Il s’enorgueillissait d’une expérience dans un ermitage d’Armorique où les règles étaient plus sévères et le mode de vie plus strict. On y vivait de baies, de glands et de champignons, on y priait les bras en croix pendant des heures, debout dans l’eau glacée d’une rivière, pour mieux se pénétrer des souffrances de notre Seigneur Jésus-Christ, on se flagellait à la moindre pensée coupable, au moindre manquement à cette vie d’ascétisme et de pénitence.
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Un bruit sourd, suivi d’une exclamation, interrompit l’abbé Mewen au beau milieu de l’Évangile de saint Jean. Ce ne pouvait être qu’un événement exceptionnel. Aucun chrétien digne de ce nom n’interromprait la lecture du saint Livre ! Les moines s’étaient agglutinés autour d’un des leurs, étendu sur le sol de terre battue. Frère Pandarus, à genoux, tentait sans succès de le réanimer.
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L’idée de farine évoqua celle du pain et l’estomac de Ninian se tordit en un spasme douloureux. Cela n’avait pas cessé pendant la lecture de l’Évangile. Cette année, sous l’influence de Chanao, l’abbé avait décidé que les moines ne déjeuneraient plus qu’une fois par jour et qu’ils banniraient la viande de leur ordinaire. Ils n’avaient donc avalé qu’un bouillon de légumes accompagné d’un peu de pain et de fromage la veille au soir.
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Allonge-le sur sa paillasse. Voilà, comme ça. Frère Pandarus posa sa tête sur la poitrine de Servius. — Il est bien faible. — Il meurt de faim, comme nous tous ! Une tranche de jambon et du miel le remettraient sur pied. Du bon miel de ses abeilles. Dans un peu de lait chaud. Il aime tellement ça ! Pandarus lança à Ninian un regard en biais. — L’abbé interdit la viande. — Peut-être fera-t-il une exception pour sauver notre frère ?
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Il suffirait peut-être de lui donner du lait avec du miel pour qu’il reprenne des forces. Ensuite, si tu lui permets un régime moins sévère, un peu de viande, deux fois par semaine… — C’est hors de question, rétorqua l’abbé d’un ton sec. — Mais père abbé, il va mourir si… — Et alors, mon frère ! l’interrompit Chanao d’un ton railleur. Une fois encore, ton esprit s’égare. Tu restes attaché aux illusions de ce monde ! Ne comprends-tu pas qu’il n’est rien de plus beau pour un moine que d’achever sa vie en servant notre Seigneur Jésus-Christ ? Du lait et du miel, vraiment !
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Sa voix était restée égale mais chaque mot était acéré comme un coup de poignard. Ninian baissa la tête en signe d’obéissance et se dirigea vers le muret qui séparait l’espace sacré du monastère de l’espace profane où les moines travaillaient la terre. Il n’était pas besoin de beaucoup d’imagination pour se figurer l’air satisfait que devait arborer le visage simiesque de Chanao.
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Demain, une tombe serait creusée près de celle d’Aneurin et on y glisserait Servius dans sa robe de bure devenue suaire. Maintenant qu’il y était seul, sa cellule semblait à Ninian plus froide et plus nue que jamais. À moins qu’il n’obtienne de l’abbé la permission de la partager avec Priscus. Il serait peu judicieux de proposer cet arrangement pour l’instant. Pas après avoir défié l’autorité de Mewen devant la communauté. Mieux vaudrait le persuader à son insu, faire en sorte que l’idée vienne de lui…
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