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Critique de Patsales


Quand j'ai ouvert ce roman, je m'attendais à lire une saga emportée par un souffle puissant. Or, ce n'est pas du tout cela. Certes, on suit sur trois siècles les deux branches d'une famille africaine dont l'une est déportée en Amérique tandis que l'autre reste au Ghana, sur la côte de l'or. Mais c'est un voyage que j'ai d'abord trouvé peu inspiré, avec ses chapitres courts, sagement alternés et banalement chronologiques, chaque génération ayant droit au récit d'un épisode symptomatique de sa vie. Et puis j'ai fini par retrouver la voix d'un genre qui me passionnait enfant et j'ai compris que Yaa Gyasi avait écrit une cosmogonie, un de ces récits de création du monde, généralement flanqués de l'arbre généalogique des dieux y ayant contribué. L'univers tente de surgir du chaos, jouet de forces antagonistes dont peu à peu il se défait pour trouver un équilibre. le feu des combats entre les Ashantis et les Fantis pour contrôler le commerce des esclaves, l'eau du voyage vers l'infamie et le mépris composent la double malédiction de l'homme noir, descendant à la fois de l'esclave et du trafiquant d'esclaves.
« Comment parler de l'histoire de son arrière-grand-père H sans parler aussi de celle de grand'ma Willie et des millions d'autres Noirs qui avaient émigré au Nord, fuyant les lois Jim Crow ? Et s'il mentionnait la Grande Migration, il lui faudrait parler de ces villes qui absorbèrent ce flot d'hommes et de femmes. Il lui faudrait parler de Harlem. Et comment parler de Harlem sans mentionner l'addiction de son père à l'héroïne – les séjours en prison, le casier judiciaire. Et s'il abordait le sujet de l'héroïne à Harlem dans les années 1960, ne faudrait-il pas aussi parler de la prolifération du crack dans les années 1980 ? »
Yaa Gyasi ne se contente pas d'identifier cette double malédiction, elle imagine in fine la réconciliation du feu et de l'eau. Il faut dire que ce roman est sorti aux USA en 2016 pendant qu'un très charismatique métis présidait à leur destinée. La version française a réfuté le titre originel de « Homegoing » et l'a remplacé par « No home ». Il est vrai que cette version est sortie en 2017 et ce nouveau titre semble prendre acte du désespoir amené par le nouveau locataire de la Maison Blanche...
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