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Critique de horline


En Autriche, les montagnes de Carinthie abritent une communauté de paysans slovènes depuis la nuit des temps. Mais elles hébergent aussi depuis la seconde guerre mondiale des forêts peuplées de fantômes qui ont combattu le nazisme.
Car ici et nulle part ailleurs, ce sont les souvenirs douloureux qui sédimentent et laissent une empreinte indélébile dans les familles et les paysages. Il y a les fermes laissées à l'abandon après la déportation et la mort de leurs propriétaires, les traumatismes de la guerre, la forêt qui cachait les Partisans, ensemble conduisant toute une communauté ethnique à se souder autour de la mémoire des résistants ignorés voire méprisés par L Histoire autrichienne.

Comment vit-on lorsqu'on est une fillette élevée sur le flanc de ces montagnes labourées par la tragédie, à l'ombre d'une histoire familiale dramatique ?
C'est ce que raconte la narratrice, vraisemblablement le double de l'auteure au regard de sa biographie. Avec une certaine distance, comme pour anesthésier un passé qui ne veut pas passer, Maja Haderlap raconte une fillette qui, privée des joies élémentaires des préambules de sa vie, grandit avec une mémoire saturée de vieilles histoires qu'elle ne comprend pas toujours et qui échappent à son langage.
La narratrice raconte sa tentative de se frayer un chemin solitaire entre un père qui a été martyrisé enfant par la gestapo, une grand-mère déportée et des voisins prisonniers de leur mémoire…Avec la conscience que les mots sauvent, elle "marche vers quelque chose qui se trouve vaguement vers l'avenir".

L'ange de l'oubli est un roman habité par le désenchantement, celui que peuvent ressentir ceux qui ont le sentiment d'être oubliés ou enfermés dans un monde étranger au sein même de leur propre pays. Poursuivre le dialogue avec les fantômes apparaît alors comme le meilleur moyen pour que leur histoire, leur culture ne s'éteignent pas.

On est sous le charme des particules de lyrisme et de poésie mais cette lecture m'a laissée dubitative. Malgré une constellation de vies douloureuses et une écriture qui exige le silence, l'émotion est quelque peu lointaine. Certainement parce que Maja Haderlap a construit un roman qui creuse un sentiment accablant d'immobilité et de désespoir : à l'image de la narratrice, le texte étouffe sous le poids des souvenirs et des blessures familiales. En mêlant ce qui est tout à la fois obscur, étranger et familier à une fillette, l'auteur nous délivre un texte plutôt confus voire chaotique. Entre des résurgences du passé et des constructions intellectuelles posées noir sur blanc, on ressort de cette lecture avec l'impression que l'auteure n'a pas su déterminer la nature de son récit. Il manque peut-être quelque chose qui ressemble à un élan ou des vibrations pour m'imprégner pleinement de ce récit trop désincarné à mon goût si ce texte est réellement à coloration autobiographique.


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