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Critique de Sofiert


Dans les 65 premières pages de son roman, Yannick Haenel expose longuement ( un peu trop à mon goût) la genèse de l'histoire qu'il va nous raconter.
Invité à participer à une exposition qui inaugure un centre d'art contemporain, sur l'emplacement de l'ancienne Banque de France de Béthune, il visite le bâtiment, toujours en chantier, en compagnie des autres artistes . L'exposition est dédiée à Georges Bataille, et tourne autour du thème de la dépense que celui-ci a développé dans "La part maudite".
Ce concept, astucieusement choisi pour une ancienne banque, enflamme l'imagination de Haenel. D'autant plus lorsqu'il apprend que l'ancien trésorier de la banque s'appelait également Georges Bataille. L'auteur développe alors quelques théories sur l'art contemporain, la philosophie et l'économie qui serviront de contexte à son roman mais s

Le tresorier-payeur, d'abord étudiant en philosophie, fait une expérience quasi mystique devant la porte de la Banque de France.
« La porte de la Banque de France avait allumé dans sa vie un feu inattendu auquel il se devait, désormais, de rester fidèle ; peu importait qu'il ne fût pas à sa place dans le monde de l'économie : c'était précisément parce qu'il n'était nulle part à sa place que l'existence exigeait de lui des révélations ».
Il décide alors de devenir banquier et s'installe à Béthune.
Alors qu'au début des années 1990 le néo-liberalisme est encore flamboyant, il se consacre aux impayés et au recouvrement des dettes qu'il combat avec ardeur. Loin du monde de la finance et du profit, alors même qu'il s'est engagé dans ce monde, il devient le banquier charitable, avec une devise en totale contradiction avec sa profession :
"Seul ce qui est gratuit nous sauve. La solution ce n'est pas l'argent. La solution c'est la gratuité."
Il accueille dans sa maison de briques rouges, reliée à la banque par un souterrain-refuge, ceux qui sont couverts de dettes.
Dans ses deux bureaux-jumeaux, il exécute sa fonction de banquier consciencieux, tout en lisant les philosophes et en rêvant au banquier anarchiste de Pessoa.
Alors même qu'il a choisi de travailler dans une institution mortifere et si loin de ses préoccupations initiales, il échoue à dynamiter le capitalisme mais s'épanouit dans de nombreuses aventures amoureuses et sexuelles. C'est que le banquier n'economise pas ses forces et dépense son ardeur avec de jeunes femmes tout aussi ardentes, jusqu'à trouver l'amour qui lui permettra d'echapper aux chiffres et au calcul.
En s'engageant dans la confrérie des Charitables, une institution à Béthune, et auprès de la communauté Emmaus, il choisit l'érotisme et la solidarité pour échapper à la domination de la finance et simplement être heureux.

Aucune naïveté ni angélisme dans ce roman brillant mais parfois trop bavard qui imagine un vrai personnage, un philosophe altruiste empli de contradictions.
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