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Critique de verobleue


À la mort de sa grand-mère, Iris, 26 ans, bibliothécaire à l'université de Fribourg, revient au village familial de Boosthaven, dans le nord de l'Allemagne, pour la lecture du testament.
À sa grande surprise, elle hérite de la maison familiale. Elle se demande si elle va garder la maison et décide de prendre quelques jours de congé dans cette propriété presque à l'abandon où enfant, elle passait ses vacances. Tout au long de son exploration ressurgissent les souvenirs du clan matriarcal. Trois générations de femmes : Bertha, sa grand-mère, Christa, sa mère, Inga et Harriet, ses tantes, Rosemarie, sa cousine, sans oublier Mira et Anna, ses amies. Et ce sont leurs histoires, leurs amours, leurs choix et leurs conséquences qui sont admirablement contées dans « le Goût des pépins de pommes » de Katharina Hagena.

L'ambiance mélancolique, insaisissable m'a demandé un certain temps d'adaptation tout comme le style long, lent, un peu déroutant. Je me suis d'abord égarée entre les personnages et les événements puis des fils, petit à petit, se sont noués, la trame s'est tissée et l'histoire a prit tout son sens. La narration semble un peu brouillonne mais digresse habilement entre le passé et le présent

Iris redécouvre les bruits, les odeurs, les goûts, les touchers de son enfance. Elle nous fait voyager avec nos 5 sens dans le temps, nous apporte un témoignage sincère et humain. le texte est chargé d'ambiances et de sensations: l'été, la chaleur, les pommes, les odeurs du jardin, les baignades dans le lac, l'atmosphère d'une vieille maison, l'odeur du sol après la pluie, le parfum des roses quand le soleil se couche, dormir dans des draps anciens, faire de la balançoire dans le jardin un soir d'été, se rouler dans l'herbe sous le vieux pommier ...

L'auteur, avec ce récit, traite avec justesse l'envie antagoniste d'appartenir à un clan et de s'en libérer. Iris, tout au long du récit, trie ses souvenirs, ses émotions, ce qu'il est bon de se souvenir et ce qu'il faut jeter sans regret. Les bonheurs et les malheurs de trois générations de femmes, leurs secrets de famille, leurs trahisons, leurs rivalités resurgissent dans ce voyage initiatique au sein de la propriété familiale et au coeur de son histoire personnelle: ce qu'elle a été, ce qu'elle voudrait être et ce qu'elle est réellement. Iris comprend qu'elle n'hérite pas seulement d'une maison, mais d'une histoire familiale.

L'écriture est de qualité, le style simple, presque modeste, renoue avec de longues descriptions détaillées empreintes de délicatesse et de poésie, de retenue, de pudeur.
C'est un livre à lire, en faisant l'effort de passer les premières pages, tout en sachant qu'il ne contient pas de rebondissement incroyable mais un texte poétique, philosophique, sans être linéaire, rempli de tendresse et de nostalgie…

« Quiconque oublie le temps, cesse de vieillir. L'oubli triomphe du temps, ennemi de la mémoire. Car le temps, en définitive, ne guérit toutes les blessures qu'en s'alliant à l'oubli. »

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