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Critique de Pecosa


Après L'Ultime secret de Frida K. de l'Espagnol Gregorio Leon paru il y a quelques mois, c'est au tour des Editions de l'Herne de publier un roman consacré à Frida Kahlo, le Jour des morts (Mexique, 2009).
La fameuse exposition consacrée à la peintre mexicaine au Grand Palais en 2004 est ici aussi le point de départ de l'intrigue. On redécouvre un objet ayant appartenu à Kahlo, et ce dernier disparaît. Chez Haghenbeck, ce n'est pas un autoportrait dédié à Trotski qui s'est volatilisé, mais un carnet noir offert par Tina Modotti et intitulé "Pour le jour des morts", dans lequel Frida Kahlo annotait des recettes destinées à honorer les défunts le 02 novembre.
Pour l'épouse de Diego Rivera, il ne s'agissait pas seulement de respecter la tradition mexicaine du Dia de los muertos, remise au goût du jour durant les années qui suivirent la révolution. Il s'agissait d'un motif plus personnel. Frida Kahlo avait conclu un pacte avec la Mort elle même. Elle survivrait aux blessures provoquées par un terrible accident de bus mais sa vie ne serait que souffrance. En échange, elle devrait honorer la Mort, non pas en lui offrant son âme, mais en lui préparant des mets particuliers: "Alors, tu n'auras qu'à me faire une offrande chaque année: de bons plats, des fleurs, des cadeaux. Mais je t'avertis: tu regretteras toujours de ne pas être morte aujourd'hui. Je me chargerai de te le rappeler chaque jour de ta vie." La vie contre une douleur physique lancinante et quotidienne, et, une fois par an, un festin préparé dans la grande tradition mexicaine, tel était le serment échangé entre Frida et la Muerte.
Tout a été dit cent fois sur Frida Kahlo, ses tableaux analysés, ses lettres disséquées, ses photos répertoriées. Sa cuisine elle-même a eu droit à un livre de Guadalupe Rivera, Les Noces de Frida et Diego. Souvenirs et recettes du Mexique. Et pourtant, Fransisco G. Haghenbeck parvient dans ce court ouvrage de 197 pages à retracer les moments les plus importants de la vie de Kahlo sous un angle nouveau. Il choisit le réalisme magique comme mode narratif pour retracer sa jeunesse, ses amours, son engagement politique, sa créativité. L'irrationnel et le mythe surgissent dans la vie de Kahlo. Les figures de la Mort et de son messager deviennent dans le roman indissociables de la nourriture, nourriture comme lien familial ("Les recettes de ma soeur Mathilde"), nourriture comme langage amoureux ("Mon mariage"), nourriture comme symbole identitaire ("Trotski et Breton"). Les recettes retranscrites dans le livre, environ une trentaine publiées sur fond noir, ont toutes un lien avec les chapitres qui les précèdent. Loin de nuire à l'unité du récit, elles sont un appétissant interlude et donnent un charme singulier à l'ouvrage.
Le Jour des morts est un roman qui plaira aux amoureux de Frida Kahlo, aux amateurs de cuisine mexicaine, et à tous ceux qui ont adoré la sensualité de Chocolat amer de Laura Esquivel ou d' Aphrodite d'Isabel Allende.
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