Quand un ami vous connaissait mieux que vous même, il n’y avait pas un endroit où cacher vos vérités.
La mort n’avait jamais libéré personne. La mort vous enchaînait tellement violemment qu’il était parfois dur de respirer.
Il n’avait aucune idée de ce que voulait dire un homme bien. Ce que ça demandait comme abnégation. C’etait grandir avec les armes que vous avaient données vos parents et vivre en apprenant à vous en servir. C’était avancer en essayant de vous montrer digne de tout ce qu’ils vous avaient légué et passer toute une existence à tenter de vous hisser à leur hauteur.
Il n'y avait rien de plus redoutable que ça. De chuter pour les yeux d'un homme, de tomber pour son sourire, de basculer pour son étreinte.
De ma naissance à mes premiers pas.
De mon enfance aux affres de l'adolescence.
Des choses qui blessent à celles qui changent.
Des rencontres qui vous tuent aux aléas qui détruisent.
Des amis à la famille et au plus beau des amours.
De chacune de nos guerres à toutes nos libertés.
J'avancerai encore près de toi à l'ombre de nos secrets...
Personne ne peut comprendre que cette brutalité c'est notre façon de nous aimer, de nous expliquer, de nous retrouver, de nous excuser, de nous punir, de nous abandonner.
Tout ce que je lui cède, il a su me le donner.
Tout ce que je lui avoue, il me l'a murmuré.
Tout ce que je regrette, il me l'a pardonné.
Tout ce que j'espère, il me l'a offert.
Tout ce que j'endure, il l'a déjà supporté.
Julien connaît la beauté de mon amour.
La noirceur de mon âme.
Le dessin de mes pensées.
Le goût de toutes mes larmes.
Ce qui nous enchaîne l'un à l'autre a toujours l'éclat de la violence aussi bien que le charme de la tendresse.
Engel avait fait de moi un homme - le sien - sa rédemption.
J'avais fais de lui mon unique amour - ma croix - ma raison.
Ce que je pense, c'est que cette guerre est plus trouble et bien moins définie que vous l'imaginez. Ce que je pense, c'est que les Alliés connaissaient l'horreur de la Shoah bien avant nous et qu'ils l'ont regardée de loin, attendant que ce soit "le bon moment" pour intervenir ; comme si le bon moment n'avait pas été l'instant exact où cette horreur a commencé. [...] Ce que je pense, c'est qu'on ne remerciera jamais assez les petites gens qui ont pris le risque de cacher ceux qui ont été si recherchés. Ce que je pense, c'est que nos héros ne portent pas d'uniformes. Que la politique n'est qu'un ensemble de mots et qu'on ne récupèrera jamais les absents, qu'ils soient mort sous les coups des Allemands ou sous les bombes des Alliés.
Cet amour, le notre, était si effrayant, parfois.
Il nous portait au-delà de la raison.
Au-delà d'un monde qui ne comprenait pas que derrière cette porte fermée, nous nous battions encore.
Avec nos cœurs écorchés.
Et nos larmes qui, enfin, se mettaient à couler.