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Critique de MalodeBrume


Lila emménage à Paris pour y étudier le droit. Elle enchaîne les petits boulots pour payer son loyer. Pour réduire sa distance avec les étudiants des beaux quartiers elle décide de se prostituer sous le pseudo de Fleur. (Résumé 2ème photo)

Sans doute, l'une de mes lectures les plus déstabilisantes de ces derniers mois, incontestablement l'une des plus authentiques.

C'est une plongée sans filet dans la double vie de Lila/Fleur, la dureté des mots, des images volontairement saccagées de crasse verbale, où se dilue une réalité acide et intolérable : les hommes qui s'offrent le corps des prostituées ou des actrices pornos, pensent qu'elles leur appartiennent, quoi qu'il en coûte de violence et d'abjection. L'avilissement de ce corps déshumanisé est leur principal plaisir et puisqu'ils payent, ils s'attribuent une "autorisation à dominer" et à consommer les projections de leur perversité narcissique. 

Aure Hajar se lance à corps brûlant dans une plaidoirie magistrale contre l'infâmie et la violence banalisées par une conscience collective endormie par les affres du temps. 

Attention, les mots sont crus, aiguisés comme des lames, il faut accepter que ce "J'accuse" ne permet aucun déguisement, aucun artifice, il doit être clairement nommé, comme la perversité et la sauvagerie doivent être légitimement dénoncées, quitte à provoquer une nausée électrique.

Aure Hajar, déploie une férocité guerrière pour rendre hommage à toutes ces femmes, "travailleuses du sexe", confrontées quotidiennement au risque du danger masculin, à son immature désir animal.
Elle définit avec justesse le viol de leur humanité dès lors qu'il s'agit de jeter du cash sur la table de nuit d'un hôtel. 

J'ai refermé ce livre bouleversant l'âme retournée, avec le sentiment d'avoir pris une leçon d'abnégation et d'avoir surtout amplifié en moi cette part profondément féminine qui veille sur ma conscience.

Coup de coeur absolu.
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