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Canción (avec « C » majuscule s.v.p.) est un court récit (176 pages) traitant surtout de la vie du grand-père de l'auteur, qui a été séquestré en 1967, au Guatémala.

Se sont, ici, ses souvenirs mais aussi ceux de ses contemporains.

Une oeuvre forte, autocritique et vraie.
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Dans « Canción », le narrateur va jouer avec différents espaces temporels. On commence dans le présent où il revit un voyage au Japon. Il a été invité à participer à des conférences sur la littérature libanaise. Son seul lien avec le Liban c'est son grand-père paternel. On va le suivre dans le cheminement de ses pensées que cette invitation va déclencher. On va découvrir le passé de son grand-père, puis son passé avec lui, puis le passé sans lui. de la légende familiale aux faits qu'il va découvrir au cours de son enquête et son besoin de retrouver les témoins encore vivants. On a des va et vient dans ces différents espaces.

En ce qui concerne ses différents temps le lecteur n'est pas perdu car ce roman c'est comme une longue conversation. Toutes les digressions de quelque type qu'elles soient ne font qu'enrichir le propos. Ce n'est pas un monologue, des personnages vont partager leur propre vécu. On a de scènes, des conversations qui se rajoutent à la quête.

Ces digressions forment des cassures qui rendent la narration encore plus « vivante ». Cela prête aussi lieu à des décalages qui mettent des touches d'humour.

Il y a un côté « surréaliste » lui un Guatémaltèque qui a vécu une partie de sa vie à New-York et en Europe, invité à parler du Liban. Lui-même se sent obligé de revêtir un vêtement arabe qui a appartenu à son grand-père et qui n'est pas vraiment à sa taille, comme pour se mettre dans la peau de son personnage.

Si l'histoire est émouvante et touchante, elle est racontée avec un ton un peu décalé du conteur. Mise à distance nécessaire pour ne pas tomber dans le pathos ?

Ce roman m'a beaucoup intéressé pour différentes raisons. Il entre dans le cadre de mes lectures sur le thème de la mémoire, mémoire familiale, et transmission de cette mémoire. ! d'autres part ce roman nous retrace à travers des petites histoires la grande Histoire. Cela commence par les changements de frontières. le grand-père est né dans une ville qui faisait partie de la Syrie quelques années après cette ville se trouve au Liban. On n'imagine pas ce que cela peut avoir comme conséquences personnelles et internationales. le grand-père a décidé qu'il était Libanais même si sur ses papiers il est né en Syrie donc considéré comme syrien.

Nous avons aussi l'Histoire du Guatemala dans les années 60 à nos jours. Là aussi le changement de régime change la donne pour sa famille.
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Les années 60, au Guatemala, la guerre civile fait rage et oppose le gouvernement à différentes phalanges marxistes. Dans ce contexte, les enlèvements se multiplient et les exactions sont monnaie courante. Plusieurs décennies plus tard, au cours d'un congrès d'écrivains à Tokyo, Eduardo Halfon revient sur le kidnapping de son grand-père, citoyen libanais qui avait émigré aux Etats-Unis avant de tomber entre les mains d'insurgés guatémaliens. L'occasion de revenir sur ce contexte particulier et ultraviolent et de mettre en exergue le visage de Cançion, guérillero sanguinaire et boucher à ses heures. En mêlant souvenirs familiaux, histoire de l'Amérique latine et anecdotes, il ravive un passé lointain mal connu en Europe. Un drôle de conflit qui a fait naître des visages légendaires, à généré des héros de la résistance et qui été présenté comme la révolte d'un peuple opprimé. Quant aux faits qu'il relate : il parle ici de trente-cinq nuits de captivité dans une résidence en attendant un deal. Sans doute un échange contre un ou plusieurs prisonniers politiques, de l'argent ou des armes ?
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« Les meilleures histoires, Verdi le savait bien, s'écrivent dans la gamme de la bémol majeur »
Des notes couchées sur un parchemin ; la musique des souvenirs écrite sur un papier que l'on peut toucher physiquement, comme la preuve d'un passé dont on se rappelle tant qu'il nous échappe.
Un air rythmé par ses silences, ceux des grands-pères survivants, qui en disent plus que cette mélodie⠀disharmonique en accord avec une histoire tout en paradoxes, ceux qui expliquent les êtres pour qui sait les comprendre, quand les notes sont autant « de marques qu'ils portent dans leur peau durant le reste de leur vie. »
Sur la musique, des vers cryptiques et sibyllins pour expliquer l'indicible, combler les blancs d'une histoire qui se confond avec celle des bières et des cigarettes qui tachent la partition.
Les mots, ce sont aussi les lettres. Celles qui annoncent un héritage ; la prolongation d'une harmonie à la génération suivante. Celles qui constituent littéralement, textuellement cet héritage en formant le nom qui se transmet d'un individu à l'autre, unis une histoire commune, reliés sur la même portée par les notes de la gamme chromatique.
Des mots qui s'accumulent, arpèges en d'accords majeurs, des mots qui s'enchaînent, double-croches jouées allegretto, des mots qui dansent, virevoltent, en l'improvisation d'un présent pour celui qui recherche son passé.
Cancion c'est un l'homme au visage d'enfant qui prive l'adulte d'une partie de son histoire. Mais Cancion, c'est surtout la musique des mots, la mélopée d'un récit de l'intime et de l'introspection, le chant des souvenirs et de la mémoire, pour se la réapproprier.
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C'est en tous cas l'histoire d'un rendez-vous manqué !
Si l'histoire des origines, l'appartenance à une identité, qu'elle soit transmise ou adoptée, me passionne, j'avoue que je suis restée en retrait de l'histoire de l'auteur. Plus qu'en retrait, je suis restée au bord du livre. Trop d'histoires dans la grande histoire déjà complexe, je me suis perdue dans les méandres de la mémoire, dans le canevas des souvenirs.
Edouardo évoque la vie de son grand-père, Syrien du Liban, immigré au Guatemala où il fait construire une villa, qui sera le point de départ de sa lignée. Un jour, le grand-père est enlevé par un guérillero local, Cancion, dit le boucher, spécialiste en demande de rançons, en butte contre le pouvoir en place, contre les corrompus, les véreux !
De fil en aiguille, de bar en aéroport, de coups d'état en guerre civile, d'Edouardo en Edouardo (puisque les héros partagent aussi le même nom), l'histoire se déroule,se dévide, s'égraine, une histoire éreintante, riche en péripéties et en coup de théâtre. Une histoire qui se mérite et qui a plu à d'autres que moi !
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J'ai trouvé ce livre intéressant, mais je pense que j'ai fais l'erreur de le lire petit à petit car j'ai eu du mal à comprendre le récit. Ce que je veux dire c'est que de mon point de vue c'est un livre qu'il faut lire d'une traite afin de s'immerger pleinement dans l'histoire que l'auteur nous raconte. Ce qui fait que je vais laisser passer un peu de temps et quelques livres et je le relirais une nouvelle fois afin de mieux comprendre.
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"J'arrivais à Tokyo déguisé en Arabe. (...) J'étais au Japon pour participer à un congrès d'écrivains libanais. En recevant l'invitation quelques semaines plus tôt, après l'avoir lue et relue pour être bien certain qu'il ne s'agissait pas d'une erreur ou d'une plaisanterie, j'avais ouvert l'armoire et y avais trouvé le déguisement libanais - parmi tant d'autres déguisements - hérité de mon grand-père paternel, natif de Beyrouth."



Voici les premières lignes du récit d'Eduardo Halfon dont j'ai fait la rencontre - réussie - avec Deuils en 2018, puis avec l'adorable Halfon Boy en 2019. Eduardo Halfon est de nationalité guatémaltèque. Ses récits sont, entre autres, une (en)quête familiale. Comme il le dit lui-même, Canción est très difficile à résumer. Ce qui m'intéressait dans ce livre, vous l'aurez deviné, c'est le Liban. Mais je me doutais que cela ne se passerait pas là-bas. Dès la page 14, le narrateur déclare : "Mon grand-père libanais n'était pas libanais. J'ai commencé à le découvrir ou à le comprendre il y a quelques années, à New-York, alors que je cherchais des pistes et des documents concernant son fils aîné, Salomon (...)" En effet, en 1917, quand le grand-père débarque à New York, était de nationalité syrienne, car le Liban n'existait pas en tant que tel. "Mon grand-père disait toujours, (...) qu'il était libanais (...) bien que le Liban, en tant que pays, n'eût été créé qu'en 1920, c'est-à-dire trois ans après le départ de Beyrouth de mon aïeul et de ses frères. Jusqu'à cette date, Beyrouth faisait partie du territoire syrien. Donc, d'un point de vue juridique, ils étaient syriens. Ils étaient nés syriens. Mais ils se disaient libanais. Peut-être pour une question de race ou de groupe ethnique (...) Peut-être pour une question d'identité. Ainsi je suis le petit-fils d'un Libanais qui n'était pas libanais."



Cette autofiction, qui fait partie d'une mosaïque familiale dans laquelle l'auteur sonde ses origines, mène l'enquête tel un détective, nous embarque au Guatemala où son grand-père a émigré et a fait fortune. A un moment de sa vie, dans ce pays en proie à la guérilla, il est enlevé par trois révolutionnaires, dont un certain Cancion , surnommé ainsi non pas parce qu'il chantait, mais parce qu'il tenait une boucherie.



Eduardo Halfon excelle à jouer sur les fausses pistes et dans l'art du déguisements, des masques. Je ne sais pas mais il y a également comme une ambiance qui se rapproche du western spaghetti entre la figure emblématique de Rogelia Cruz, révolutionnaire Miss Guatémala - ayant concouru à Miss Univers en Californie ! - , et Cancion maitre boucher, l'Opération Tomate, nom de code donné par les guérilleros pour l'enlèvement du grand-père... Ou une parodie de western pour dédramatiser cette sordide histoire de kidnapping. Les personnages révolutionnaires du récit sont également des personnes réelles, au destin dramatique. A la fois bourreaux et victimes. Vous ajoutez à cela un bouge où le narrateur a pris racine...



Et puis, un peu brusquement vous vous retrouvez au Japon, où le narrateur est avec une Japonaise dans le cadre du congrès des écrivains libanais... J'avoue qu'à partir de ce moment, j'ai lâché et je me suis perdue en route ! Sans doute trop imprégnée de l'ambiance au Guatémala. Sans doute aussi, faut-il lire plusieurs fois ce livre pour le comprendre en totalité, remarquer certains détails qui nous auraient échappés ! On en apprend un peu plus sur le Guatémala avec un chouïa de Liban.



Cela dit, j'aime toujours la plume d'Eduardo Halfon et son art du pied de nez !

Lien : http://milleetunelecturesdem..
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J'ai le sentiment que l'auteur n'est pas au clair avec son identité et il y a de quoi. En tout cas, il se retrouve au Japon invité à faire une conférence en tant qu'écrivain libanais. Alors qu'il ne parle pas un mot d'arabe, n'est jamais allé au Liban et que son grand-père qui se disait libanais, y était né du temps ou Beyrouth était en territoire syrien… Lui-même est taxé d'écrivain juif, guatémaltèque, latino-américain, tantôt d'écrivain d'Amérique-centrale, des Etats-Unis, espagnol, polonais, français…
L'auteur dans ses pérégrinations littéraires, nous éclaire sur un pan de l'histoire familiale réelle et phantasmatique. Et c'est merveilleux pour peu que l'on aime rêver avec lui, que l'on accepte le manque de contour de ces écrits et même que l'on y prenne goût. Sa façon d'écrire me fait penser aux peintres impressionnistes, ils tracent des trainées de couleurs plus ou moins légères, de près cela semble n'avoir aucun sens, il faut s'éloigner de la toile pour découvrir le paysage et tout ce qui le compose et les personnages qui semblent si réels.
Dans ce court roman, la réalité est moins charmante, particulièrement celle qui se situe au Guatemala dans les années 60 pour le grand-père du narrateur.
C'est une lecture déconcertante car l'auteur passe du coq à l'âne dans des lieux et des temporalités différents constamment. Comme dans un rêve qui peut commencer au coeur de l'hiver dans un paysage enneigé puis le rêveur rentre dans un lieu baigné de soleil sous les cocotiers…
Les touches tracées par Eduardo Halfon, forment un tableau plein d'humanité.
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La traduction française de David Fauquemberg frappe par sa précision et sa musicalité. Dans ce nouveau roman, l'auteur continue d'explorer les rouages de l'identité avec un récit dans lequel il s'avère toujours extrêmement complexe de distinguer les victimes des bourreaux. Voilà un livre fort, qui se lit sans aucune difficulté et qui revient sur une époque révolue.
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