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Critique de magalette


De tous les hommes qui ont joué un rôle important dans la vie de Gisèle Halimi, il y en a un qui en a occupé la place centrale, assis sur un trône glorieux et indéboulonnable. Pour preuve, il n'y a qu'à ses pieds que Gisèle Halimi acceptait de s'asseoir. Comme pour bien des femmes, cet homme, c'est le père, Edouard. Un homme élevé à son époque dans les lois de son pays et de ses traditions religieuses où les femmes sont rangées bien en-dessous mais qui pour l'amour de sa fille a su « grandir » dans son coeur et dans sa tête. Avant d'être un récit d'avocate retraçant les grands procès qui ont jalonné sa brillante carrière, c'est sur un récit de fille endeuillée que s'ouvre ce récit autobiographique. Edouard est atteint d'un cancer incurable et vit ses derniers instants. Gisèle va essayer de faire de ses derniers moments des pages de souvenirs lumineux pour pallier lors du jour funeste la perte et l'absence. Alors, elle s'emploie à lui décrocher la légion d'honneur et à faire de chaque instant passé une petite pièce de puzzle dessinant la page de ce bonheur familial ouverte sous le soleil de Tunis dans les années soixante. Ce puzzle, c'est ce recueil autobiographique de moments de vie tour à tour grave et drôle à la fois. On parcourt au fil des pages la vie de cette fillette butée mais courageuse, brillante et rusée qui ne lâche jamais. Des rues de Tunis où les codes traditionnels l'écrasent avant qu'elle ne les piétine, du racisme qu'elle endure jusqu'à la rendre plus forte, aux bancs de la Sorbonne où elle fera ses preuves jusqu'à se faire sa place au barreau. Elle ne travestit jamais sa pensée ou ses idées : des plaidoiries à haut risque en Algérie à la lutte féministe auprès des deux fameuses Simone, de la défense de Marie-Claire Chavelier, mise en accusation pour avoir avortée aux procès anticolonialistes dont le point d'orgue sera celui de Djamili Boupacha, on découvre le parcours d'une femme admirable qui a su à chaque fois casser les codes non pas seulement dans son propre intérêt mais surtout pour emporter d'autres hommes et d'autres femmes dans son envol pour la liberté. Une très belle leçon de démocratie, d'altruisme et d'intelligence doublée de paragraphes plus intimes où la petite fille pour dire adieu à ce papa adoré fait briller une dernière fois tous ses souvenirs lumineux où s'incruste le sourire d'un homme admiré et chéri jusqu'au dernier instant.
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