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Critique de Gangoueus


J'ai donc savouré lentement mais surement ce recueil de nouvelles. 17 nouvelles d'auteurs totalement inconnus pour moi, excepté Michael Connelly, qui introduit cette épopée et ne signe pas le meilleur polar de cet ensemble malgré sa notoriété. Denise Hamilton réussit une belle prouesse. Réunir des auteurs ayant un lien avec Los Angeles pour nous raconter 17 histoires très différentes dans leur forme, le sujet qu'elles abordent, les personnages qu'elles mettent en scène. Elles sont pour la plupart bien construites qui nous permettent d'entrer dans cette ville par le biais de ce qu'elle a de plus sordide. le crime. le crapuleux. le monstrueux. Dire qu'on a aimé un bouquin est une chose, mais comment le prouver?


Je relève trois angles d'attaque que j'adore quand j'entre dans un texte :
1. La géographie.
2. L'ethnie.
3. le crime.


Sur la géographie.
J'ai le sentiment en terminant cet ouvrage d'avoir sillonné de long en large Los Angeles, d'avoir fouillé ses poubelles et squatté ses plus luxueux salons. Mon imaginaire est rempli d'images de cette ville servie par Hollywood et les grandes séries télé américaines. Mais là, on découvre L.A. derrière la lunette de chaque auteur qui vous invite dans un quartier pour le lieu de son texte. On passe ainsi des quartiers les plus huppés, au coin les chauds en passant par Down Town, Beverly Hills, Wechester, Los Feliz, etc. Cette démarche est complèment assumée par Denise Hamilton qui nous propose dès la première page de l'anthologie, un plan de la ville. La plume des auteur(e)s nous fait ressentir les odeurs de ces quartiers, leur atmosphère, les populations qui les habitent, leur richesse matérielle, leur pauvreté. C'est un fantastique voyage au coeur de la cité des anges.


Personne ne m'appelait jamais par mon prénom (...) Seuls ma famille et mes amis de Rio Seco savaient comment je m'appelais vraiment. C'est pour cette raison que j'avais toujours aimé L.A., surtout DownTown, le centre. Personne ne savait qui j'étais. Ni ce que j'étais. Les gens me parlaient en espagnol, en persan, enfrançais. ma peau avait la couleur des coques de noix. Mes cheveux étaient noirs et raides. J'avais les yeux en amande et ils étaient impénétrables(...) Je me suis mordu la lèvre et me suis rmeise à marcher, le long de temple jusqu'à Spring Street, où les foules se déplaçaient vite, chacun un télphone collé à l'oreille, ou discutant dans un kit main-libre, comme des schizophrènes. Et les sans-abris se parlaient tranquillement à eux-mêmes, certains s'étaient déjà mis à crier. Tout le monde s'adressait à des gens invisibles.
Susan Straight, le Golden Golpher, page 180

Sur l'ethnie.
On parle souvent du communautarisme sur les terres anglo-saxonnes. Je ne jouerai pas la surprise, mais il me parait intéressant de le relever car cet aspect apporte une certaine richesse à ce recueil. La diversité des univers dans laquelle se meuvent les personnages. Que ce soit les latinos dans la nouvelle d'Hector Tobar, les russes dans la partie de pêche d'Ivan Dennissovitch de Lienna Silver, celle de la deuxième génération de migrants philippins dans le texte de Brian Ascalon Roley, ou afro-américaine de Susan Straight. Cette dimension liée n'est pas forcément liée à un territoire ou à un quartier, mais elle est comme un premier cercle autour des personnages et sa description dans la plupart des nouvelles est intéressante. Ces cercles ne sont pas seulement liés à l'origine du migrant, mais ils peuvent toucher à l'orientation sexuelle comme dans la nouvelle de Christopher Rice (fils d'Anne Rice).

Un élément pertinent est l'équilibre dans le choix des auteur(e)s, 9 hommes pour 8 femmes, qui donne une tonalité très intéressante à Los Angeles Noir et une part singulière aux personnages féminins.

L'occasion est donnée aux lecteurs de mesurer la profondeur du fossé qui sépare les différentes classes sociales.


C'est que la famille Davis fait partie des vieiilles fortunes de Beverly Hills. Avoir une vieille fortune, ici, cela veut dire être devenu riche "avant la télé en couleur". Une vieille fortune a plus de classe qu'une nouvelle, mais cela veut aussi dire moins de zéros sur le compte en banque. les nouvelles fortunes de Beverly s'en fichent un peu que vous vous appeliez Charles Lindbergh, ou Charles Manson, du moment que vous êtes célèbre - et idéalement, très riche. Les vieilles fortunes de Beverly, en revanche, attachent beaucoup de prix aux vertus en vogue sur la Côte Est, comme la discrétion et le rang dans la société.
C'est compréhensible. Lorsque les acteurs ont commencéà affluer à Hollywood, ils ont été stoppés net dans leur invasion par les écriteaux accrochés aux fenêtres des pensions de famille : Pas de chiens ni d'acteurs. Même dans le rejet, ils n'étaient pas en tête d'affiche.
Patt Morrison, 90210 Morocco Junction, page 126

Sur le crime.
Je ne suis plus un habitué de ce genre, le polar. Mais j'aimerai souligner la qualité des nouvelles produites dans ce recueil, la créativité des auteur(e)s dans la construction de leur intrigue, arnaque, et autres méfaits glauques. Les angles d'attaque sont très différents comme lorsque Hector Tobar entreprend de discourir sur de la place de l'arme à feu. Sa nouvelle est étonnante, déroutante, crédible et finalement pleine d'espoir. Imaginez un homme qui survit à trois comas, après avoir pris à chaque fois des balles qui auraient le laisser pour mort... Les crimes sont souvent crapuleux, calculés. Parfois ils sont le fait de dérapages incontrôlés et tout l'art de l'auteur aura été de nous justifier ou de brosser un contexte à la glissade vers le précipice. Les écrivaines semblent avoir prises des personnages féminines qui élabore des scénarii machiavéliques (Denise Hamilton), ou qui déjouent avec beaucoup de subtilités et avec une violence implacable, les manipulations masculines (Janet Fitch).

J'ai pris mon pied. Avec le désir secret fouler le pied dans les différents de Los Angeles. C'est surement cela la réussite d'un bon bouquin.


Lien : http://gangoueus.blogspot.co..
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