AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de le_Bison


- Espèce de gros ivrogne, dit-elle. Vous ne seriez pas capable de trouver un verre d'eau dans l'Océan.

Damned, on ne se connait pas et je suis déjà démasqué en une phrase. le talent de Dashiell Hammett, à n'en pas douter. Il perce, d'un coup d'oeil, tout le potentiel de son lecteur.

Mes premières enquêtes de Sam Spade. Il faut marquer l'évènement. C'est donc en son honneur, et afin de célébrer la sagacité du grand privé de San Francisco, que j'ai été cherché au fond de mon tiroir une bouteille de Jack Daniel's édition limitée White Rabbit. Je la gardais en réserve. Pourquoi « White Rabbit », me diras-tu ? Je sais que tu ne te poses pas la question. Et la réponse est d'ailleurs simple : tu comprendras quand tu auras fini la bouteille ce soir.

Je respire mon verre et perçois donc ses notes céréalières. J'hume mon bouquin qui sent le cigare froid à plein nez. Les pages ont jaunies par le temps, la couverture est d'un autre temps. L'édition au final n'est pas si vieille -1987-, mais l'usure des couleurs, sa photo dépassée font leur petit effet, je me retrouve bien à la fin des années 20.

L'homme mort gisait, la bouche ouverte. Une partie de ses vêtements avaient été arrachés. Sa gorge était enflée et noire. Sur sa poitrine nue, au dessus du coeur, était dessinée à l'encre noire une étoile à cinq branches et, dans le centre de l'étoile, un T.

Damned, on demande Sam Spade !

De San Francisco, je n'aurais guère le temps de faire du tourisme, quelques filatures tout au plus, boire un verre dans un bouge miteux rempli de nègres, un combat de boxe et quelques meurtres à résoudre. Plusieurs enquêtes se succèdent, plusieurs courtes nouvelles centrées sur Sam Spade, plus quelques acolytes en prime. Des coups de poings, des coups de feu, des nez qui saignent et des chemises tachées de sang, le lot quotidien d'un privé, en somme.

Peu d'actions dans ces nouvelles. Tout se passe en un lieu-dit où les dialogues font mouche, où au cours d'une discussion, presqu'anodine, le coupable s'en trouve démasqué. Il est comme ça, le Sam Spade. Il parle. Il interroge. Et il en déduit. Juste. Bizarre quand même cette étoile gravée sur le torse du mort. Perspicace, tu devras être, petit Scarabée, grand Spade. de là à lui prêter des pouvoirs de clairvoyance… Parce que si au moins, je pouvais compter sur le bon-vouloir des criminels…

- Tout parait louche, dit Dundy.
Spade sourit d'un air moqueur :
- On devrait faire une loi qui obligerait les criminels à se dénoncer eux-mêmes.

J'ai conscience de n'avoir pas forcément affaire aux meilleurs de Hammett ou de Spade. Pour cela, je dois me retourner certainement vers « le Faucon de Malte ». Si certaines de ces nouvelles font mouche, comme un uppercut dans le foie, d'autres m'ont transpercé aussi facilement qu'un verre d'eau de Seltz dans le gosier. Parce que Spade a sa manière de solutionner ses enquêtes. Et qu'en l'espace de quelques pages, je n'ai eu le temps de tomber sur une rousse fatale, ni prendre un verre de rye comme le veut l'usage. Un privé qui ne pose pas ses chaussures sur son bureau, un verre de scotch à la main, sa secrétaire blonde peroxydée à ses pieds, n'est pas véritablement un bon privé. Malgré cela, je pense bien y retourner, car Spade a révolutionné le roman noir – le hard-boiled en V.O. – et comme tout précurseur, il mérite qu'on s'y attache.

RDV au White Rabbit Saloon ? -->
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
Commenter  J’apprécie          260



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}